(Vu sur la Toile)

 

« Les votes pour Israël à l’Eurovision, nouveau signe de la coupure entre les “élites” et le “peuple” ? »
(Article de Jean-Louis Margolin • Rédaction du journal Le Figaro)

 

Le Figaro.- “Le fort soutien du public européen à Yuval Raphael, représentante d’Israël à l’Eurovision, contraste vivement avec la campagne médiatique hostile à Israël et le faible score attribué par le jury à cette candidate”, estime le réalisateur François Margolin*

*François Margolin est réalisateur, producteur et scénariste. Il a notamment réalisé le film Salafistes (2016).

 

-“Je n’ai jamais été vraiment attiré par le spectacle de l’Eurovision. Je le trouve plutôt ennuyeux et la qualité des chansons très souvent médiocre. Ce n’est que depuis deux ans que j’ai pris sur moi, et vaincu mes réticences, pour regarder cette soirée annuelle où alternent le kitsch et le mauvais goût. Plus précisément depuis le 7 Octobre 2023.

En effet, chaque année se présente un représentant (ou plutôt une représentante) d’Israël et le fait que s’additionnent le vote de « professionnels » et celui du public a un véritable intérêt puisque ce vote du public est une sorte de sondage géant sur la sympathie que manifestent les peuples européens envers Israël.

Or, ce qui s’est passé ce samedi soir est tout à fait passionnant. Autant les dits professionnels de chaque pays – dont personne ne sait clairement qui ils sont – ont attribué très peu de leurs votes à la candidate israélienne, Yuval Raphael. Une rescapée du massacre du Festival Nova, ce qui, ne serait-ce qu’à ce titre, aurait dû lui attirer une grande sympathie, en plus de ses talents (incontestables) de chanteuse. Autant le public européen se manifesta en complète réaction au vote de ces « professionnels ». Non seulement le vote global était très largement supérieur à celui en faveur de tous les autres candidats: plus de cent points de différence avec le second, le futur vainqueur autrichien. Mais il venait de toutes sortes de pays n’ayant strictement aucun lien avec Israël.

Les paranoïaques ou les antisémites pourraient en effet imaginer qu’il s’agit d’un vote « acheté » en provenance des différentes communautés juives européennes mais le fait que le public de pays comme le Portugal, le Luxembourg ou la Suède, qui connaissent une présence juive minuscule, ait attribué le maximum de points à Yuval Raphael, prouve bien qu’il s’agit d’un mouvement massif et incontrôlable. J’oserais dire, si le terme n’était pas galvaudé, un mouvement « populaire ». Même l’Espagne, dont la télévision nationale avait appelé au retrait de la candidate israélienne, décida de placer Israël en première position.

Comme quoi, malgré le battage médiatique anti-israélien qui sévit depuis des mois à travers l’Europe, le sentiment de sympathie des peuples européens envers Israël reste intact. Pas plus que les hurlements d’une partie du public de Bâle qui essaya de polluer la prestation de la courageuse chanteuse, brandissant des drapeaux palestiniens, qui ne se laissa pas impressionner.

Doit-on en conclure qu’il s’agit, une fois de plus, de la preuve d’une coupure totale entre les « élites » et le « peuple » ? Sans doute. C’est pourtant plutôt rassurant. On a en effet l’impression, en particulier depuis le 7 Octobre, que la quasi-totalité des médias, sans parler des milieux artistiques ou universitaires, sont farouchement opposés à Israël, quand il ne s’agit pas directement des Juifs. Antisionisme et antisémitisme étant désormais deux mots qui sont devenus quasiment synonymes.

Or, on s’aperçoit aujourd’hui, avec ce sondage géant, que ceux qui n’ont que haine pour Israël – et je ne parle pas de ceux qui critiquent, souvent avec juste raison, le gouvernement israélien – ne sont qu’une minorité, certes bruyante, et que la très grande majorité est en désaccord profond avec elle. Il serait peut-être temps que ceux qui sont à la tête des grands médias de notre pays, sans parler de beaucoup d’hommes politiques, en prennent conscience, et qu’ils ne cèdent pas à une forme de bien–pensance, très répandue, certes, dans certains milieux, mais en décalage total avec la population française. Et européenne”.

(Source : journal Le Figaro)