(Vu sur la Toile)

 

Hérault : déjà 9 morts par noyade, “un bilan dramatique” équivalent à l’ensemble de l’été 2024

 

Le jeudi 3 juillet, sur le sable de la Grande-Motte, le préfet de l’Hérault a choisi de dire tout haut ce que les drapeaux rouges répètent tout l’été : la Méditerranée n’est pas un terrain de jeu sans danger.
(article de Louise Brahiti pour l’hebdomadaire Hérault-Tribune)

Hérault-Tribune.- À quelques mètres du poste de secours flambant neuf, sur la plage du Point Zéro, la scène semblait pourtant parfaite. Le sable blond encore frais, les premiers parasols qui s’ouvrent, les serviettes qui s’étalent, et ces allers-retours joyeux vers la mer. Tout avait l’air calme, presque trop calme. Mais ce jeudi matin, le préfet François-Xavier Lauch est venu casser cette image de carte postale et lancer un avertissement sans détours. Au 30 juin, l’Hérault compte déjà huit morts par noyade, soit autant que sur toute la saison estivale 2024, et un nouveau décès est intervenu ce week-end. “Un bilan absolument déplorable, que je ne peux pas accepter”, lâche-t-il, face à la mer lisse en apparence.

 

 

“Les drames se répètent”

 

Depuis le début de la saison, la liste des drames s’allonge. “On a déjà atteint le même niveau que l’année dernière, et on est seulement début juillet”, rappelle le préfet, visiblement agacé. À chaque fois, le même scénario : “des baigneurs qui surestiment leur forme physique, ignorent les zones surveillées ou bravent les interdictions malgré les alertes météo”.

“Ce qui me frappe, c’est que même quand on lève des vigilances pour des vagues importantes, certains continuent d’aller à l’eau… et se noient”, poursuit François-Xavier Lauch. “Alors que des drapeaux signalent le danger, que tout est dit, on a encore des gens qui pensent que ça n’arrive qu’aux autres.” Il évoque le souvenir d’un jeune homme noyé à Palavas en début de saison, ou celui de deux personnes âgées disparues récemment à la Grande-Motte. “Ce sont des drames humains absolus. Pour les familles, c’est une vie brisée.”

 

 

Des chiffres qui frappent

 

Le constat est glaçant : neuf morts par noyade en mer au 3 juillet. “Sur toute l’année dernière, du 13 mai au 15 septembre, c’était dix. Ça veut dire qu’en ce début de saison, on a déjà quasiment atteint ce chiffre”, alerte-t-il. Et le bilan s’alourdit encore si l’on inclut les piscines, les rivières et les lacs. “On avait vingt victimes l’an dernier, on en est déjà à dix-huit cette année. Je suis atterré”.

Au niveau national, la statistique se durcit : chaque année, près de 1 000 personnes se noient. “Ça représente un tiers du bilan dramatique qu’on connaît sur la sécurité routière. C’est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans. Il est peut-être temps qu’on prenne vraiment conscience.”

 

 

“Nous avons les moyens de sauver”

 

Pour le préfet, les communes font le job : “Les maires financent des sapeurs-pompiers, des associations, des maîtres-nageurs sauveteurs… Ici, à la Grande-Motte, on a un poste de secours flambant neuf. Tout est prêt pour sauver des vies. On fait ce qu’il faut : on pose des alertes, on hisse des drapeaux… Mais on n’arrive pas à faire passer le message à toute une partie de la population”, déplore François-Xavier Lauch.

Ainsi, pour le représentant de l’Etat, la clé reste du côté des baigneurs. Il insiste d’ailleurs sur trois règles simples : vérifier son état de santé, rester dans les zones surveillées, et renoncer à la baignade quand la météo vire à l’orange. Le préfet décrit une Méditerranée trompeuse, plate à première vue, mais imprévisible : “Juste derrière nous, elle paraît calme mais au bout des épis rocheux, les fonds tombent brusquement, les courants vous emportent au large… Et on se noie en essayant de revenir.” Mercredi dernier, rappelle-t-il, treize personnes ont dû être secourues dans la même journée. “La plupart ont pu être sauvées, mais pas toutes.”

(Source : hebdomadaire Hérault-Tribune)