(Communiqué)
Pour conclure son cycle d’initiatives (commémorations, conférences, publications …) sur les quatre-vingts ans de la Seconde Guerre mondiale, le Comité 66 de l’ANACR a demandé à l’historien Georges Sentis, Docteur de l’Université de Montpellier, d’évoquer l’histoire agitée du conseil général des Pyrénées-Orientales de 1940 à 1945 le mercredi 24 septembre, à 18H 30, au Hall Guy Malé de l’Hôtel du département. Initiative qui sera présidée par Hermeline Malherbe, présidente du Conseil Départemental66
Histoire agitée car, dès sa prise de pouvoir, le maréchal Pétain suspendit sine die non seulement les travaux du Sénat et de l’Assemblée nationale, mais aussi ceux des conseils généraux et des conseils d’arrondissement. Mais, très vite le gouvernement de Vichy réalisa l’intérêt matériel et politique pour les préfets, de pouvoir s’appuyer sur des conseils. D’où la création, en février 1941 des commissions administratives départementales, puis, en avril 1942, des conseils départementaux. Leurs membres, nommés par les préfets, délibéraient sur les dossiers qui étaient de la compétence de l’ancien conseil général. Mais, surtout après le retour aux affaires de Pierre Laval, ils étaient aussi des relais de la politique collaborationniste de l’Etat français auprès de la population.
Quant au gouvernement d’Alger, il avait, dans son ordonnance du 21 avril 1944, décrété le rétablissement des conseils généraux. « Le mandat des conseils généraux en fonction au 1er septembre 1939 est prorogé jusqu’aux élections ».
Toutefois, les élus ayant collaboré devaient être révoqués. Ce posa alors la question de leur nommer des remplaçants. Et que faire des postes non occupés du fait de la mort naturelle ou en déportation de leurs titulaires ? Autre point épineux : la présence de communistes au conseil général provisoire des Pyrénées-Orientales. Ils n’avaient pas d’élu, avant-guerre, mais leur rôle important dans la Résistance fit que le préfet se sentit obligé de leur réserver quelques postes.
Aussi, si fin septembre toutes les communes avaient un conseil municipal provisoire, fin janvier 1945, les membres du conseil général provisoire des Pyrénées-Orientales n’étaient toujours pas nommés, au grand dam du ministère de l’Intérieur. Et à ce jour, nous n’avons retrouvé aucune trace, tant dans les archives que dans les journaux locaux, de l’activité du conseil général provisoire. Cela est peut-être dû à la crise politique qui éclata lors des élections municipales du printemps 1945 entre « le clan Noguères » et la majorité des membres du CDL : Louis Noguères étant pour des listes homogènes socialistes, les autres (y compris le socialiste Mercader à Perpignan) pour des listes unies de la Résistance.
Fin septembre 1945, se déroulèrent les élections au conseil général. S’affrontèrent une liste SFIO, une liste communiste, une liste radicale-socialiste et deux candidats MRP à Perpignan. Fut ainsi actée la fin du rôle politique des mouvements de résistance. Autres bouleversements : la poussée du PCF qui avec près de 40% des suffrages exprimés devenait le premier parti du département et l’affaiblissement des radicaux-socialistes.
Le report des voix entre socialistes et communistes entraina l’élection de neuf socialistes, huit communistes et un radical-socialiste. Et ce fut sans surprise que, lors la première séance du conseil général, le 29 octobre, fut élu un bureau comportant trois socialistes (Louis Noguères, Jean Jacquet et Léon Grégory) et trois communistes (André Tourné, Léon Gendre, Antoine Miquel).