Le comité consultatif « Valeurs de la République citoyenneté laïcité » de la Ville de Perpignan partage les analyses de Philippe Mocellin* et s’associe à sa tribune dont voici un extrait.
TRIBUNE
7 octobre, l’insupportable tragédie « génocidaire »
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Une grande partie de l’extrême gauche, aux côtés des peuples – à l’instar des Palestiniens -, considérés comme « opprimés », n’hésite pas à condamner, sans réserve, Israël et, par extension, le sionisme, au nom de la lutte contre le « privilège blanc » et toutes les formes de domination, surtout celles supposées du « camp » occidental
Un antisémitisme décomplexé
Plus inquiétant et en écho à ces positionnements politiques, les attaques du 7 octobre, pouvant légitiment susciter la compassion, ont servi, tout au contraire, d’accélérateur à un antisémitisme « décomplexé », qui se banalise, en France et en Europe, tant dans les discours que les actes.
887 faits antisémites ont été recensés en France au premier semestre 2024, faisant suite à tous ceux qui ont immédiatement suivi les massacres du Hamas.
Si 25% des juifs en France déclarent avoir été victimes d’un acte antisémite depuis le 7 octobre 2023, l’autre fait alarmant est le « rajeunissement de l’antisémitisme ». 35 % des moins de 25 ans (contre 21 % dans la population générale) « estiment qu’il est justifié de s’en prendre aux juifs en raison de leur soutien supposé à Israël ».
Chez les jeunes générations, adeptes des réseaux sociaux, le propos antisémite devient, selon Dominique Reynié, directeur général de la Fondapol, presque « ordinaire ».
Alors que Royaume-Uni a été confronté à des émeutes, qualifiées « d’islamophobes », dans des dizaines de villes, interrogeant son propre modèle « multiculturel » – différent du modèle « laïc » à la française -, l’enquête réalisée, en début d’année 2024, par le think tank conservateur, Henry Jackson Society, auprès de 1 000 musulmans britanniques en « dit long » sur le rapport au conflit israélo-palestinien et à l’antisémitisme.
En tout état de cause, cette enquête indique que seul un musulman britannique sur quatre « considère qu’Israël a le droit d’exister », qu’un tiers d’entre eux estime comme « souhaitable », d’ici 20 ans, «l’instauration de la charia » dans le pays, que près de la moitié de l’échantillon (les jeunes en particulier) déclare avoir « plus de sympathie pour le Hamas que pour Israël », que près de 40% des personnes interrogées pensent que « le Hamas n’a pas commis de viols et de meurtres le 7 octobre » et qu’enfin 72 % des musulmans sondés déclarent qu’Israël porte « une initiative raciste ».
Force est d’observer que le « 7 octobre » a donc fait progresser, que ce soit en France, en Grande-Bretagne et dans bien d’autres pays européens, un discours antisioniste, bien souvent articulé à l’hydre antisémite, non sans conséquence sur la façon dont la communauté internationale (souvent passive et parfois sélective dans l’indignation), voudra (ou pourra), écarter les dangers permanents de la « poudrière » du Moyen-Orient.
Et sans occulter, par ailleurs, que l’Europe, confrontée à ce climat plus qu’anxiogène, sur fond d’antagonisme « civilisationnel », ne peut nier aujourd’hui qu’une partie de la population, peu ou prou influencée par des islamistes convaincus, conteste ses valeurs et « revendique de nouveaux droits, incompatibles avec celles-ci ».
Le massacre du 7 octobre illustre, de façon larvée ou revendiquée, cette « guerre de civilisations » dont Samuel Huntington avait décrit les contours.
En attendant et pour ne rien oublier, n’ayons aucune crainte d’affirmer que la façon dont nous qualifions le « 7 octobre » oriente notre propre vision de la paix de demain.
*Philippe Mocellin, Docteur en sciences politiques, Maître de conférences à l’université de Poitiers de 2013 à 2019, est aujourd’hui Directeur Général des Services de la Ville de Perpignan.
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Vous pouvez vous reporter au texte dans son intégralité ici :
https://transfert.dnpm.fr/index.php/s/Tqd9Hzy2PnrwT2Y
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