A une époque où l’on ne semble s’instruire, communiquer, penser, réfléchir, s’informer, s’identifier, se réaliser, se “coloniser” high-tech et méditer qu’à travers le miroir de Netflix et le ressentiment des réseaux sociaux, lui telle une éolienne sentinelle solitaire se dressant au large, très loin de la vague Facebook & Twitter, nous plonge dans nos racines pour mieux retrouver la mémoire d’un pan de notre histoire très locale

 

 

 

Lui, c’est Jean-Christian Séguret. Hier notaire à Perpignan, aujourd’hui depuis sa retraite tantôt à Banyuls-sur-Mer sur la côte vermeille, tantôt à Puigcerda en Cerdagne espagnole, avec éternellement un pied solidement ancré dans ses origines aveyronnaises.

Au fil de ses actes littéraires – lire ici “de ses livres” -, il nous emmène, nous promène, dans des lieux, dans des conversations, des rencontres avec des personnages historiques dont, hélas, souvent, nous ne soupçonnions même plus l’existence, le passage sur terre, sur notre terroir.

Avec son dernier ouvrage paru, “L’Inconnu non inclusif”*, Jean-Christian Séguret nous entraîne dans un endroit insolite, où toutes les familles originaires du Roussillon sont au moins passées une fois pour fleurir leur arbre généalogique : l’Hôpital Saint-Jean.

Il a exhumé des archives inestimables, et pas uniquement pour tout historien qui sommeille en nous ; à l’arrivée, un manuscrit de quelque 135 pages, sur lesquelles défile le temps de plusieurs vies à travers les siècles qui se savourent comme la lecture annuelle de l’almanach Vermot (dessins compris, mais sans ni l’horoscope ni les recettes, quoique…).

A travers un recueil de chartes, de conventions et de vieux documents retrouvés, sans jamais les dépoussiérer ni avec l’air du temps ambiant ni avec la nostalgie (qui comme chacun sait n’est plus ce qu’elle était), Monsieur le notaire devenu narrateur d’une bibliothèque mystérieuse nous donne ici l’occasion de reconstituer un passé pour mieux comprendre un avenir en commun.

C’est à un face-à-face millénaire – à une transmission venue du Moyen-Âge en tout cas -, que Jean-Christian Séguret nous convie. L’Hôpital n’est-il pas un sujet d’actualité ? Alors, revisiter ici ses fondations sociales, ses origines humaines, c’est aussi quelque part entrer dans un débat.

Seulement voilà : le nombre des invités est limité. A 100, très exactement. C’est le nombre d’exemplaires tiré pour  “L’Inconnu non inclusif”. Osons la référence : c’est presque un livre sacré ! Dans sa rareté en tout cas, tant pour l’originalité de son contenu que pour son tirage, il le demeurera.

 

L.M.

*”L’Inconnu non inclusif” : imprimé par Maury SAS à Millau (12).

 

 

“HOMMAGE A UN INCONNU NON INCLUSIF…

Qu’est ce qu’il m’a pris de me lancer dans l’édition de l’incroyable chef-d’œuvre que vous allez enfin pouvoir découvrir après avoir parcouru ces quelques modestes lignes ? (celles volontairement lapidaires et rédigées comme il se doit sous l’égide de la fée clavier, si prompte à débiter, souvent, des absurdités).

Réponse : tout simplement l’admiration que j’éprouve pour l’inconnu qui, penché sur l’ouvrage, plume affutée en mains, et avec toujours la même encre, y a consacré sa vie entière !
Qui est-il ? –vous demanderez-vous immédiatement en ouvrant le livre–

La réponse est simple et complexe à la fois.
Il n’est personne. Juste l’INCONNU qui n’a jamais cherché la lumière, l’admiration, les louanges et autres quêtes égotiques…
Un Roussillonnais amoureux de l’histoire de son pays, de son peuple, de son abnégation à célébrer la gloire de Dieu et à le prouver en louant le grand œuvre devant lequel nous passons si souvent sans même nous en rendre compte.

Alors Aujourd’hui, je peux l’avouer : j’aurais aimé qu’il fût moi.
Mais je ne le méritais pas. Tout est trop parfait, aligné, policé, ordonné, tout mon contraire !

Mon métier fut d’assurer la conservation des écrits.
Voilà ce qui me conduit à le poursuivre autrement…

BIENVENUE DANS L’EXCELLENCE !”

Jean-Christian Séguret

 

(La couverture est de M. Claude Delaval, la numérisation de Yonnel Disastri-YD Repro).