(A Perpignan)
J’ai réussi à trouver chez l’ami Comte “Anthologie de la littérature grecque” de Troie à Byzance, un pavé de 900 pages imprimé fin, qui va de Homère aux Pères de l’Église, vingt-trois siècles de littérature, pour moins de dix euro! En allant à notre auto-laverie du village, je rencontre Jean-Pierre, l’un de nos restaurateurs qui prépare la rentrée espérée pour Pâques, qui me voit lire le tome en question durant les presque deux heures de l’opération lavage… Je ne savais pas que nos restaurateurs avaient aussi des lettres, même si le menu (hors COVID) aurait pu m’y faire penser, les quelques semaines de l’an dernier où il a pu vraiment ouvrir. C’était sa première saison chez nous, hélas pour lui…
-Mais, Gérard, vous lisez le grec ?
“Oui, je l’ai étudié plusieurs années et je le lis toujours, du moins le grec ancien, et j’ai même mon diplôme pour célébrer les liturgies”.
-Alors, vous savez le véritable sens du mot “agoraphobe”.
“Certes, mais je n’ai pas l’impression que c’est la même que la vôtre !”
-C’est le mot correct pour désigner les abstentionnistes aux élections !
“Faut m’expliquer !”
-Quand les démocrates de l’époque avaient une décision importante à prendre, ils consultaient le peuple (le démos) en le convoquant à venir discuter et voter sur la place publique (l’agora). Ceux qui ne voulaient pas venir ni voter restaient chez eux, on disait qu’ils étaient agoraphobes, qu’ils ne voulaient pas de l’agora.