Présentation du programme de la liste “Perpignan la républicaine” en matière de relations internationales et transfrontalières par Monsieur le Recteur Albert LOURDE*

 

“Il peut paraître paradoxal d’évoquer ce que devraient être les grandes lignes des relations internationales perpignanaises tant celles-ci apparaissent encore dans l’esprit public comme l’apanage de l’Etat, à l’exclusion des collectivités territoriales particulièrement des villes.

Pourtant, s’est progressivement développée, de longtemps, ce que l’on pourrait appeler une « diplomatie » des villes qui ont multiplié les relations internationales et même élaboré des stratégies pour accompagner, favoriser, voire dynamiser le développement économique, social, culturel de leur population en nouant des liens avec les villes de pays dont de nombreuses familles étaient originaires ou qui affrontaient dans leur gestion des problèmes similaires.
Dans un contexte accéléré des échanges accompagné d’une mobilité accrue des personnes et des entreprises, s’installe et s’intensifie une concurrence entre les territoires pour attirer des investisseurs, des talents, des touristes, ou tout simplement de nouveaux habitants. Les relations internationales des villes doivent dès lors élaborer des stratégies de rayonnement et d’attractivité afin d’afficher l’image la plus valorisante de la ville.
Des choses ont été faites ; il faut maintenant aller plus loin et plus haut sans jamais oublier les deux règles suivantes : Les relations internationales doivent être utiles aux perpignanais (1) Les relations internationales ne doivent pas peser sur le budget de la Ville (2).

I/) LES RELATIONS INTERNATIONALES DOIVENT ÊTRE UTILES AUX PERPIGNANAIS

I1En menant une politique transfrontalière pragmatique : certes les liens historiques, linguistiques, culturels, identitaires, ont heureusement conduit à faire de l’espace catalan transfrontalier un espace de coopération et ont permis de tisser une multitude de liens sociaux, économiques, culturels, entre la Catalogne du Nord et du Sud.

On peut citer à titre d’exemple, la création de l’Euro Institut Catalan Transfrontalier (EICT) qui a démarré en 2010 grâce à la coopération entre l’UPVD** et l’Université de Gérone dans le cadre du projet européen de coopération territoriale France-Espagne-Andorre (POCTEFA).
Mentionnons également la CCI Pyrénées-Med fondée en 2016 par les Chambres de Commerce de Perpignan, d’Andorre, de Gérone et de Lérida pour promouvoir les alliances entre les petites et moyennes entreprises des quatre territoires et pour favoriser l’entrepreneuriat au service du développement économique transfrontalier ; son siège est situé à Perpignan.
Nous souhaitons, au-delà des sentiments liés à une identité commune et au voisinage, défendre enfin une politique transfrontalière pragmatique qui bénéficiera à nos entreprises, à nos services publics et à nos habitants ; soutenir et accompagner les entrepreneurs innovants à l’instar de la proposition de Lucas GOUMARRE, l’un des associés de la société TESSAN spécialisée en télémédecine et qui met sur le marché les cabines de téléconsultation et qui souhaite installer sa branche espagnole à Barcelone. Il travaille avec notre équipe de campagne à un projet de coopération transfrontalière à partir des outils juridiques existants comme le Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT).

I2- Perpignan doit également nouer des partenariats avec les cités dont les caractéristiques sont proches des siennes ou qui affrontent des problèmes similaires, rendant réciproquement utiles les échanges d’expériences. Ces villes peuvent se trouver hors d’Europe (Détroit), ou en Europe, notamment l’Europe centrale comme SZEGED en Hongrie. Elles bordent également la méditerranée comme des villes tunisiennes, marocaines, voire algériennes comme Mostaganem.

I3- Le Jumelage des Villes est l’instrument privilégié de leur coopération
Les jumelages ont toujours été favorisés par l’Union Européenne car ils agissent comme un ciment sur ses fondations .Ils permettent d’ancrer les échanges entre villes partenaires dans le terreau de traditions issues de cultures différentes faisant vivre ainsi la diversité qui est la richesse du continent européen ; en favorisant les échanges culturels, ils donnent leur chance aux relations économiques tout en rapprochant les hommes ; c’est pourquoi l’U.E. a progressivement développé une action politique et financière en faveur des jumelages, notamment vers l’Europe Centrale et Orientale.

L’équipe municipale actuelle a utilisé cette technique pour nouer des relations avec une trentaine de villes, surtout européennes : Hanovre, Lancaster, Tavira, Barcelone, Gérone ; mais aussi sur d’autres continents : Lac Charles, Sarasota aux Etats -Unis, Berkane au Maroc, Mostaganem en Algérie. Il faudrait évaluer cette politique publique en la confrontant à ses résultats qui peuvent paraître contrastés si l’on en croit les propos de l’ancien maire de Gérone, traversant notre ville et affirmant qu’il ne se passait rien avec Perpignan en dépit du jumelage.

Rien n’est plus fâcheux qu’un jumelage de courtoisie, rapidement conclu après un voyage pour faire plaisir à son hôte et qui reste par la suite ineffectif au fond d’un tiroir de bureau.

Certes, la réussite d’un jumelage n’est pas chose facile et dépend surtout de la volonté de coopération des deux parties ; cette volonté amicale doit aussi être confortée par de solides intérêts réciproques ; l’action envisagée doit dès lors porter sur les besoins réels des collectivités (mobilités- transports, sécurité publique, tourisme, formations spécialisées….
Dans les villes du Sud de la méditerranée, un énorme besoin de formation des cadres constitue un empêchement dirimant au développement. Or Perpignan est bien placée pour contribuer à satisfaire ce besoin de formationen coopération avec l’appui de l’UPVD et des réseaux internationaux que nous rattacherons à nos projets Parce qu’elles correspondent à une exigence fondamentale du moment , ces formations seront facilement financées par de nombreux bailleurs de fonds et ne pèseront pas sur notre budget alors même qu’elles renforceront le rayonnement international de Perpignan.

II/CES COOPÉRATIONS POURRONT ÊTRE LARGEMENT AUTOFINANCÉES

II1 /PAR L’Europe : L’Europe représente une montagne de financements pour les projets de coopération ; elle constitue pour les collectivités territoriales, les organismes publics, les entreprises quelle que soit leur taille, les associations de tous ordres, une source d’aide irremplaçable. Ces aides européennes peuvent accompagner les projets dans tous les secteurs de la vie économique, sociale, culturelle et dans tous les domaines de l’action municipale, de la collecte des déchets à la formation des cadres municipaux. (Plus de 60 programmes pour l’urbanisme).
Malheureusement celui qui se lance dans la recherche d’un appui financier à son projet se heurte à une pyramide labyrinthique, à un maquis, en apparence impénétrable, de programmes, de projets, de fonds et d’instruments divers de l’Union Européenne.

Il apparaît enfin nécessaire de créer au sein de la municipalité, un point d’information et d’accompagnement afin d’aider les porteurs de projet à savoir s’ils peuvent être bénéficiaires d’une des très nombreuses aides proposées et à déterminer le ou les services qui pourront fournir les conseils pratiques permettant de finaliser le dossier. Chacun sait combien il est difficile de concevoir, de monter et de suivre un dossier de financement européen.

C’est bien ce qui explique que la France soit en volume le premier bénéficiaire des fonds européens et que pourtant tous les crédits qui nous sont réservés ne sont pas épuisés.

II2-/ NOUS VOULONS ÉGALEMENT NOUS TOURNER VERS LA FRANCOPHONIE qui rassemble aujourd’hui dans le monde 88 Etats sur 193 ; et plus particulièrement nous rapprocher deL’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), opérateur direct de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour la coopération décentralisée
L’AIMF est un réseau d’élus locaux de près de 300 villes dans 50 pays. Espace d’échanges, de réflexion et de dialogue autour des pratiques de gestion territoriale, l’AIMF a soutenu plus de 700 projets dans les domaines les plus divers de l’administration municipale : eau et assainissement, gestion des déchets, préservation du patrimoine, mobilité urbaine, modernisation et formation des services municipaux……….
Pour financer ces projets et l’animation du réseau (rencontres, séminaires, formations….), l’AIMF mobilise des financements publics et privés ; elle dispose d’un fonds de coopération et d’un fonds d’urgence.
En adhérant à l’AIMF, le maire de Perpignan fera bénéficier sa ville de ce vaste réseau et de ses financements.

II -3-/Plusieurs autres bailleurs de fondspourront s’agréger aux projets perpignanais en fonction de leur nature et de la manière dont ils peuvent s’insérer dans leur stratégie politique : (PNUD, coopération allemande, fondation Hanns Seidel, Wallonie- Bruxelles…)

Ainsi sera mise en place une politique qui, sans peser sur le budget de la ville, assurera son rayonnement en promouvant prioritairement l’intérêt des Perpignanais”.

 

Albert LOURDES et Olivier AMIEL

 

 

 

 

 

*Albert LOURDE est professeur des universités, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP), diplômé de l’Institut d’études internationales, Docteur d’État en droit public, Docteur d’État en histoire du droit.

Président d’honneur du réseau international des Chaires Senghor de la Francophonie ; Recteur honoraire, administrateur de l’Université Senghor, il fut également Vice-Président de l’Université de Perpignan, Directeur de l’Institut Français de Droit Comparé et de Droit Musulman – Méditerranée, Afrique Francophone (IFDCM), Doyen de la Faculté Internationale de Droit Comparé des États Francophones et Directeur Régional du Bureau Asie du Sud-Est (BASE) de l’Agence Universitaire de la Francophonie, en poste à Hanoï avec compétence sur le Cambodge, le Vietnam et le Laos.

 

**L’UPVD = l’Université Perpignan Via Domitia.