Tous ceux qui nagent en piscine vous le confirmeront : la nage en mer et celle en piscine n’ont rien à voir. En mer, il y a de la houle, du vent qui peut vous entraîner au large, pas de possibilité de se reposer, des jours de mauvais temps. En piscine, pas de vague, ni de vent. On nage à son rythme et on peut se reposer à sa guise après quelques longueurs. C’est le choix effectué par bon nombre d’habitants du territoire de la communauté de communes (cdc) Albères-Côte Vermeille-Illibéris
Pour la deuxième année consécutive, la piscine intercommunale Alberaquatic sera donc fermée au public du 1 juillet au 8 septembre, soit dix semaines. Si vous y ajoutez les deux semaines de fermeture hivernale pour vidange, la piscine est inaccessible au public près de 25% de l’année…
C’est par un simple communiqué de presse publié sur son site internet (non repris pour le moment par la presse écrite locale) que l’information a été diffusée. On peut y lire : « Une décision de bons (!) sens et en responsabilité pour économiser près de 2 millions de litres d’eau. À cette période critique, il est raisonnable de prioriser les besoins et de considérer qu’une piscine qui se trouve à moins d’1,5 km de la plage n’est pas essentielle ».
Deux millions de litres d’eau économisés ! Quelle aubaine ! Plus c’est gros, plus ça passe !
Voilà donc la justification. La piscine est à moins de 1,5 km de la plage ! On voudrait économiser sur le budget intercommunal en le drapant d’un argument écolo bien dans l’air du temps que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Si l’on suit ce raisonnement, vingt-cinq campings de la commune* tous dotés de piscine, de Porteils au Nord à la Réserve Naturelle du Mas Larrieu –-sont plus proches de la plage que la piscine communautaire et seraient donc aussi potentiellement concernés. Il en est de même pour les nombreuses résidences de tourisme, du port, des avenues du Grau, de Gaulle, du Tech, et de 2 hôtels. Quant au camping de la plage Nord situé à 900 m de la plage (site internet dudit camping) dont le fabuleux espace aquatique est de 10 000 m² (site internet) contre 510 m² pour la piscine intercommunale (sans compter la pataugeoire), ses touristes pourront y barboter peinards.
Si l’on suit ce communiqué, tous devraient donc participer à cet effort de la CDC pour sauver le département. Pourquoi seuls les Argelésiens devraient-ils donc subir la fermeture de la piscine ?
Certes, une charte… remplie non pas d’eau mais de bonnes intentions, truffée de données invérifiables, a été signée par le syndicat UMIH (Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière66) avec le préfet. Quels contrôles ? Quelles sanctions ?
–« Nous ne le faisons pas de gaieté de cÅ“ur car nous savons que la piscine est un espace de loisirs apprécié des touristes (comment peuvent-ils l’apprécier puisqu’elle sera fermée en haute saison ?) et les locaux, concède le Président. Toutefois, j’ai confiance dans le bon sens de ces personnes qui aiment notre territoire et notre département. Mieux, je suis convaincu qu’ils seront mobilisés pour participer à la préservation de ce bien commun si précieux qu’est l’eau en Albères-Côte Vermeille-Illibéris ».
On apprend donc que cet espace de loisirs est d’abord apprécié par les touristes puis par les locaux… Significatif.
Seule solution pour les nageurs en eau douce, louer un mobil-home en juillet et août dans les campings équipés de piscine pour pouvoir aligner les longueurs. Quand on connait les tarifs pratiqués en haute saison, bon courage ! Ou alors aller à Canet-en-Roussillon où les 2 piscines sont ouvertes tout l’été**. C’est bon pour le bilan carbone.
Quand tomberont à l’automne les taxes foncières et d’habitation qui servent en partie à financer la CDC, les nageurs de la piscine intercommunale sauront s’en souvenir…
*Source google map pour les distances et office municipal de tourisme pour la présentation des établissements.
**Depuis son ouverture, il y a une quinzaine d’années, la piscine Aquasud à Saint-Cyprien n’a jamais été ouverte l’été.