(Communiqué)
Déclaration liminaire de la FCPE des Pyrénées-Orientales au Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) – Date : mercredi 5 mars 2025
-“Madame la Directrice académique des Pyrénées-Orientales,
Madame la Présidente du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales,
Monsieur le Préfet des Pyrénées-Orientales,
Mesdames et Messieurs les membres du CDEN,
Lors des deux derniers CDEN du 28 février 2024 et du 11 septembre 2024, nous dénoncions et déplorions : « moins 692 millions d’euros pour l’école publique », en s’interrogeant sur le défilé des ministres de l’Education nationale, des directives, des changements de caps, etc.
Une nouvelle ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne a pris place dans le fauteuil avec différentes nouvelles annonces aussi surprenantes les unes les autres, nous laissant une fois de plus circonspect sur le rôle du Ministre de l’EN.
En ce moment, sont votées les dotations globales Horaires (DGH) dans les établissements du second degré. La DGH est l’un des instruments clés par lesquels le Ministère répartit les moyens alloués aux collèges et aux lycées. Pourtant, cet outil semble aujourd’hui bien grippé. Il ne reflète plus qu’une vision purement comptable et budgétaire de l’Education nationale, loin de répondre aux réels besoins pédagogiques, sociaux et humains de notre système scolaire.
Si l’on examine les données de la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance, la France se place parmi les plus mauvais élèves européens en termes d’effectifs par classe.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des classes souvent trop chargées, des enseignants sous pression, et des élèves qui peinent à recevoir l’attention qu’ils méritent.
Cette réalité est loin d’être une simple question d’efficience. Elle touche directement à la qualité de l’enseignement dispensé et aux chances de réussite des élèves, quelle que soit leur origine sociale ou géographique.
La DGH, telle qu’elle est aujourd’hui conçue, ne permet pas de couvrir l’ensemble des besoins des établissements. Elle ne prend pas suffisamment en compte les défis réels de l’enseignement : l’augmentation des besoins de soutien, les absences des enseignants, la diversité des profils d’élèves et la nécessité de pédagogies différenciées. Le remplacement des professeurs absents est un sujet majeur, mais malheureusement souvent relégué au second plan. L’absence de moyens humains suffisants entraîne des situations où les élèves se retrouvent sans enseignant pendant des périodes prolongées, ou dans des classes surchargées, ce qui nuit évidemment à leur apprentissage.
À cela s’ajoutent les groupes de niveau au collège créés dans le cadre des réformes récentes, tels que le « choc des savoirs ». Ces regroupements, sous prétexte d’une meilleure prise en charge des élèves en difficulté, aboutissent souvent à un tri social implicitement accepté. Ce tri ne reconnaît pas les facteurs socio-économiques qui influencent les parcours scolaires des élèves. Il stigmatise certains et place sur leurs épaules l’entière responsabilité de leur réussite, renforçant leur isolement, nourrissant un esprit de compétition délétère au climat scolaire, les enfermant dans un carcan de difficultés et les stigmatisant un peu plus encore.
La réussite de chaque élève ne peut reposer uniquement sur ses propres épaules. Notre système éducatif, en l’état actuel, fait peser sur les élèves des attentes irréalistes sans leur offrir les moyens réels de réussir. La solution réside non seulement dans l’allègement des effectifs par classe, mais également dans une révision profonde de l’attribution des moyens.
Il est urgent de repenser la Dotation Globale Horaire, non pas comme un outil de gestion comptable, mais comme un levier au service de l’égalité des chances, au service de l’égalité des droits. C’est ainsi que nous nous élevons contre l’enveloppe de dotation attribuée globalement dans les établissements des Pyrénées-Orientales et que nous demandons au Ministère de mettre tout en œuvre pour la réussite des élèves en dehors de toute considération comptable.
Cela passe par une prise en compte plus fine des réalités locales, des besoins spécifiques des élèves, et par un renforcement des moyens pour assurer une éducation de qualité à tous, sans distinction.
La carte scolaire 2025-2026 qui est présentée aujourd’hui est dans cette continuité, trop de fermetures annoncées et des situations qui alertent dans plusieurs écoles comme à Saleilles ou Prades, ou des effectifs par classe trop surchargées sur différentes écoles qui auraient méritées des ouvertures. Le compte n’y est pas et illustre le manque de moyens et la baisse drastique du budget de l’Education nationale.
Nous devons sortir d’une logique de réduction des coûts et d’optimisation budgétaire
qui néglige les enjeux humains fondamentaux de notre système éducatif. Il est grand
temps d’investir dans l’avenir de nos jeunes, en leur offrant une école qui soit à la hauteur de leurs aspirations et de leurs capacités.
Pour que nos enfants soient les citoyens éclairés de demain, il est urgent de bâtir un nouveau projet éducatif pour l’école publique et l’ensemble des acteurs de la communauté éducative, dont la FCPE, se tient prêt à débattre et envisager l’Ecole de demain. Et il est urgent de développer une convention citoyenne pour notre école de la République. Elle le mérite. Ils le méritent, tous sans distinction.
Nous vous remercions”.