Béziers : des centaines de viticulteurs en détresse manifestent pour mettre en lumière la souffrance du secteur
(Article de 20 Minutes avec AFP)

 

Journal 20 Minutes avec l’AFP/Agence France Presse.- Appel à l’aide – Le secteur de la viticulture est au bord de l’asphyxie, avec des « trésoreries totalement exsangues » et des « entreprises sur le point de lâcher », entre aléas climatiques et situation économique très tendue

C’est une manifestation « de la dernière chance ». Plusieurs centaines de viticulteurs se sont élancés ce samedi dans les rues de la sos-préfecture de l’Hérault, Béziers, sonnés par la conjonction des aléas climatiques et d’une situation économique très tendue depuis plusieurs années. « On a besoin d’un triptyque : un plan d’arrachage, un plan de distillation et des prêts pour réconcilier la trésorerie puis relancer la commercialisation », a estimé Jean-Samuel Eynard, venu de Bordeaux où il cultive 35 hectares de vigne d’appellation Côte-de-bourg. « Dans toutes les zones viticoles de France, c’est compliqué », a-t-il affirmé.

Consommation de vin des Français en recul, épisodes de gel, de grêle et de sécheresse qui se multiplient, droits de douane de Donald Trump et taxes chinoises sur le cognac et l’armagnac… « Jamais notre secteur n’avait eu à traverser en quatre ou cinq ans autant de crises avec des origines multiples, multifactorielles », a souligné Jean-Marie Fabre, vigneron audois et président national des Vignerons indépendants. « Les trésoreries sont aujourd’hui totalement exsangues et les entreprises sont sur le point de lâcher », a-t-il ajouté.

 

 

Remettre la souffrance « au centre » des débats

 

Face à la situation politique instable, l’idée de cette grande mobilisation à Béziers a commencé « à germer un peu avant les vendanges », avec pour objectif de remettre la souffrance de la viticulture française, « que personne ne voit », « au centre » des débats. « C’est vu comme la manifestation de la dernière chance. On n’est pas loin du désespoir », avait plus tôt expliqué Jean-Pascal Pelagatti, viticulteur près de Béziers et secrétaire général de la FDSEA de l’Hérault (branche départementale de la FNSEA, premier syndicat agricole).

Signe de l’urgence, les syndicats FNSEA/JA (Jeunes agriculteurs) et Coordination rurale ont mis de côté leurs divergences pour participer ensemble à cette mobilisation et porter une vingtaine de revendications communes comme « la lutte contre les prix du vin abusivement bas pratiqués par les négociants et la grande distribution », la « simplification » des contraintes administratives, l’accès à l’eau ou encore l’assouplissement de la loi interdisant la publicité pour le vin.

Après avoir bloqué des autoroutes et manifesté à Narbonne en 2023, les viticulteurs ont opté pour Béziers, ville symbole d’où était partie la grande révolte viticole de 1907. « L’Occitanie, premier vignoble de France avec 257 000 hectares, subit de plein fouet le changement climatique […] Sans eau, pas d’agriculture, et sans agriculture, c’est tout un territoire qui s’effondre », s’est en outre alarmé Denis Carretier, président de la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie.

(Source : journal 20 Minutes)