Peter Frech, 72 ans, et Bernhard Kraushaar, 74 ans, partis le 25 avril 2013 de Reutlingen, près de Stuttgart, dans la province allemande du Baden-Württemberg, ont parcouru quelque 1 100 kilomètres à vélo avant d’arriver le jour de l’Ascension, le 9 mai 2013, à Argelès-plage, où le premier possède sa résidence secondaire depuis 1994.
– “J’en ai toujours rêvé, mais je n’avais jamais osé le faire tout seul !”, confie Peter Frech, directeur commercial dans le textile à la retraite. “J’ai trouvé un copain, en la personne de Bernhard, c’est lui qui a balisé le parcours, à partir de cartes routières, c’est lui qui a cherché les hôtels où nous pourrions faire des haltes pendant notre aventure, etc., etc. Il a assuré toute l’intendance ! Et avec lui, je savais que ce serait du sérieux, qu’il ne serait pas question d’abandonner en chemin, car c’est un juge en retraité. D’ailleurs, il exerce toujours comme avocat désormais, spécialiste dans le droit du travail”.
Peter raconte que le démarrage a été plutôt poussif : “Au début, il faisait mauvais tout le temps, très froid, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas pu avancer comme prévu (…)”. Leurs deux vélos ? Des bicyclettes avec une soutenance électrique, “c’est-à -dire que l’énergie arrive seulement lorsqu’on pédale, donc ça reste très sportif”.
Des 100 kilomètres à parcourir au quotidien programmés pendant ce périple, ils n’ont pu accomplir cette performance qu’une seule fois, qu’un seul jour : “à cause de ce mauvais temps. Toujours et encore ! Tous les jours, nous avons roulé finalement entre 60 et 80 km, parfois les chutes d’eau étaient si terribles que nous n’arrivions pas à faire plus de 20 km par jour. Je me souviens qu’à hauteur du Pont-D’ain, au centre du département de l’Ain, tellement il pleuvait et il faisait froid nous avons du nous réfugier dans les locaux de l’Office de tourisme, où le responsable, à notre demande, nous a mis en contact avec un habitant qui, moyennant 200€, nous a transporté dans sa camionnette sur environ 150 km, jusqu’à Valence (…)”. Et Peter, dans un français toujours impeccable, de rassurer aussitôt : “ces 150 km ne font pas partie des 1 100 km réalisés à vélo !”. Puis cap sur Nîmes, via Montélimar, “où nous avons super bien mangé dans un restaurant italien, où les filles étaient très jolies”.
Peter poursuit son récit, entre nature et météo, en dressant l’inventaire des hôtels et restaurants où ils sont passés pendant leur traversée de l’hexagone, depuis l’Alsace jusqu’au Roussillon, via la vallée du Rhône : “Les hôtels, toujours impeccables ! Rien à redire. De 40 à 70€ la nuit. La seule différence était au niveau des petits déjeuners, car Bernhard voulait toujours son plat de charcuterie et de fromage… Ce qui m’a étonné, par rapport à l’Allemagne, c’est qu’en France partout où nous sommes passés, tout le monde ne parle que de crise. “La crise”, “la crise”, on n’entend que ça dans les hôtels, les restaurants, les bars. A les écouter, tout serait mauvais en France et tout serait tellement mieux chez nous en Allemagne… Mais c’est faux ! La réalité est toute autre. Ce que M. Hollande a réalisé depuis qu’il a été élu, c’est ce qu’il avait promis de faire dans son programme; je ne comprends pas pourquoi maintenant tout le monde se plaint ?…”.
Retour sur la route. Dans cette aventure, nos deux compères ont toujours longé des cours d’eau, “des rivières merveilleuses, des décors splendides comme vous dîtes “de cartes postales”… D’abord nous avons donc traversé la Forêt noire, ce fut l’étape la plus dure car il faisait très froid, il pleuvait bien sûr, il y avait des collines à franchir, puis nous avons suivi le Rhin jusqu’à Colmar (…)”. Puis ce fut Ohmassheim, le Doubs… Belfort, Besançon, la Vallée de la Loue (Bourg-en-Bresse), Poligny, la rivière Le Suran (près de Lyon)… Il a en mémoire tous les lieux traversés.
Peter a tout noté sur carnet devenu précieux au fil des étapes. Rien ne lui a échappé : ni le moindre ruisseau, ni la moindre pierre, ou presque.
Il pourrait surtout dresser l’état des lieux de nos pistes cyclables : “Il y en a toujours dans les régions pittoresques, mais il manque un vrai réseau pour les relier entre elles. Là , il y a un vrai problème car, souvent, pour aller d’un point à un autre, la piste cyclable s’arrête en chemin, d’un seul coup plus de voie ! Quand au balisage, il est tout simplement la-men-ta-ble ! Sur les réseaux secondaires, le long des routes nationales ou départementales, les pistes cyclables sont souvent encombrées de conteneurs, de poubelles, d’autres pistes ne sont pas goudronnées ce sont de simples chemins caillouteux, donc impraticables. C’est dommage, car l’environnement est extrordinaire”.
A Portiragnes, dans l’Hérault, près de Béziers, ils n’ont pas su trouver la piste cyclable. C’est finalement le propriétaire de l’hôtel où ils étaient descendus, qui les a accompagné jusqu’à l’entrée de la voie cyclable.
Au rayon des anecdotes : pendant ces 1 100 kilomètres parcourus à bicyclette, ils n’ont connu qu’une “panne”, une crevaison du côté de Palavas-les-Flots (aux environs de Montpellier), qui leur a pris tout de même deux heures de temps “car on n’arrivait pas à trouver la bonne valve pour réparer”.
Ultime détail : chacun transportait, en plus de son propre poids, 50 kilos de bagages.