Certes, un vote, surtout à bulletins secrets, est toujours difficile à analyser… car impossible à vérifier. Sauf lorsque les langues se délient, après coup, ou lorsque les votants annoncent la couleur avant d’effectuer leur devoir civique.
Quelques jours avant les élections sénatoriales qui ont eu lieu le dimanche 25 septembre 2011, dans ces mêmes colonnes nous avions prévenu Jean-Paul Alduy (Parti radical), sénateur sortant sorti, président de Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération (l’agglo PMCA) et 1er adjoint de la Ville de Perpignan, “Qu’il n’avait plus la Côte” : sous-entendu que dans la majeure partie des dix communes du littoral roussillonnais la messe était dite ; à savoir que la majorité des grands électeurs concernés par ce scrutin ne voteraient pas pour lui. Pourtant, sur les dix communes de la façade maritime des Pyrénées-Orientales, sept d’entre elles ont des conseils municipaux de sensibilité UMP/ Majorité présidentielle : Port-Barcarès, Torreilles, Sainte-Marie-la-Mer, Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer. Les trois autres communes ont à leur tête des maires socialistes : Argelès-sur-Mer, Collioure et Cerbère.
Avec l’apport de grands électeurs issus de communes comme Banyuls-sur-Mer, Port-Barcarès, Port-Vendres et Saint-Cyprien, ainsi que, plus modestement, de Torreilles et quelque part aussi de Canet-en-Roussillon, on peut logiquement estimer (sans toutefois le prouver avec exactitude à une poignée de voix près), que le candidat Divers gauche Christian Bourquin a aimanté, aspiré, sur son nom plusieurs dizaines de grands électeurs (77 ?) issus de conseils municipaux estampillés UMP et/ ou Majorité présidentielle.
Seulement voilà, entre ceux, des maires de droite, qui n’ont pratiquement jamais vu dans leur mairie Jean-Paul Alduy en neuf ans de mandat de sénateur, ceux qui se sont sentis humiliés par certaines prises de position du président de l’agglo à leur égard, et ceux qui n’ont pas apprécié ces derniers mois le comportement de l’ex-patron départemental de l’UMP vis-à-vis de l’UMP : il était évident qu’à la sortie, d’une façon ou d’une autre, ceux-là lui présenteraient l’addition.
Alors, peu importe, aujourd’hui, de savoir quels sont les conseils municipaux de droite qui ont voté à gauche, la réalité départementale est sortie des urnes dimanche dernier.
Dans le département des Pyrénées-Orientales, où les deux tiers des grands électeurs sont classés à droite par les observateurs de la politique locale, c’est le candidat Divers gauche Christian Bourquin, président de la Région Languedoc-Roussillon et vice-président du Conseil général des P-O, qui a été élu, dès le 1er tour de scrutin, avec 580 voix (sur 1 088 grands électeurs inscrits) !
Depuis, les grands spécialistes perpignanais de la logique arythmétique y ont perdu leur latin. Dit-on.
Ce sont encore ces grands spécialistes perpignanais de la politique – et fins limiers de la droite locale, nous assure-t-on – qui, durant la campagne électorale qui a précédé ces sénatoriales, n’ont pas arrêté de présenter dans les médias le candidat Christian Bourquin comme un banquier, comme le titulaire de deux comptes, celui de la Région et celui du Département, en sa qualité de président du Conseil régional Languedoc-Roussillon et de vice-président du Conseil général 66. Vous en connaissez, vous, des gens qui dans notre système peuvent (sur)vivre sans sous ?
Ainsi, ils ont assuré gratuitement à Christian Bourquin une pub d’enfer via deux chèquiers en blanc… et une élection de sénateur ! Thank you.