Sébastien Frère a accroché ses grands formats pour plusieurs mois sur les murs habités de la Chapelle désacralisée de l’Ancien Hôpital Thermal des Armées. Une exposition unique, exigeante et forte.
De sa lignée, Sébastien Frère tient une exigence folle, celle d’allier folie et rigueur, discipline et liberté…
N’est-il pas le petit-fils de l’un de nos plus grands poètes, Josep Sebastià Pons ? Pour autant, il a su se prévenir de toute perte de contact avec la terre en se penchant d’abord sur les arts du feu, si consubstantiels de la culture catalane, les mains dans la matière et l’esprit façonné par l’incertitude du résultat.
Dès qu’il s’est penché sur l’art pictural, il l’a fait par l’empreinte, par la volonté de capter le passage, de prolonger la suggestion comme s’il existait au-delà du réel, une autre vie à lire.
Aïgues (remarquons que l’enracinement est si fort que seul le catalan peut l’exprimer) est un jeu de transparences qui rend hommage à la minéralité ocre des montagnes et à la fuite imperceptible des eaux.
N’est-ce pas tout leur art que de saisir la lumière qui finit par inviter à une traversée des apparences ? Six formats énormes se penchent sur les chapelles, le dernier tapissant le chœur. Le spectateur se trouve happé par un jeu de vitraux dont l’apparente immobilité convoque lacs et cascades, invité au cœur d’un paysage immémorial qui lui fait appréhender, le temps d’un regard, et son infiniment petit, et un indéfinissable infiniment grand.
Chez Sébastien Frère, la grandeur est dans l’infime et cet infime nous engloutit.
-A voir jusqu’au 15 octobre, du mercredi au dimanche de 15H à 19H. Casa Restany, Parc de l’Hôpital Militaire, à Amélie-les-Bains.