Naïme Haïne : celui qui a inspiré le personnage de Chouchou (Gad Elmaleh) au cinéma exerce cet été dans les cuisines du Caffé Mamma, sur le front de mer d’Argelès-plage.

Gad Elmaleh et Naïme Haïne… “tu es mon autre”. La ressemblance avec le personnage est frappante.

 

Originaire d’Alger, Naïme Haïne a fêté ses 49 ans le 7 août dernier, au Caffe Mamma d’Argelès-plage, son dernier port d’attache estival connu. Sinon, le reste de l’année il vit à Paris où, depuis le début des années 2000, il a fait le tour de la capitale, qui n’a plus aucun secret pour lui, évidemment, tour à tour public relations pour de prestigieuses adresses internationales : au restaurant club Matignon, lieu phare du nightclubbing parisien s’il en est (encore) un, à l’Hôtel Costes, au festival de Cannes, à San Francisco, physionomiste à Saint-Tropez… infatigable touche-à-tout, il a aussi été administrateur de production, conseiller clientèle (Onetel)… il a tenu un bar-restaurant à Bastille, “Aba-dis-donc”, où il campait un personnage très exubérant, au milieu des chibani, avec son rouge à lèvre indéfinissable, en parallèle, il s’est offert le luxe de jouer la comédie, dans des courts-métrages qui ne sont pas passés inaperçus…

 

 

Naïme Haïne a même été celui qui a inspiré au cinéma le personnage Chouchou dans le scénario co-écrit par Gad Elmaleh et Merzak Allouache, qui a réalisé le film, avec pour acteurs principaux Gad Elmaleh et Alain Chabat. A l’arrivée, un carton : environ cinq millions d’entrées en salle ! Rencontre avec la dernière Diva… sur la plage d’Argelès, of course !

 

Devant les fourneaux du Caffe Mamma. Ne lui parlez surtout pas de reconversion professionnelle : “J’ai toujours adoré cuisiner. C’est d’ailleurs ce que je fais de mieux, c’est chez moi un don insoupçonné”. C’est tellement vrai.

 

“Le cinéma ? J’y suis rentré par la grande porte, avec Chouchou, cinq millions de spectateurs en salle, en 2003 ! C’est énorme, non ?”, ironise-t-il dans un éclat de rire à provuer un tsunami jusque dans l’allée Jules-Aroles. Car le personnage Chouchou est né de l’imagination de Gad Elmaleh himself, lorsque celui-ci remarque un jour un travesti perruqué de Pigalle avec un accent à la fois efféminé et maghrébin… et devinez-qui est ce travesti, ambianceuse à L’Apocalypse ?

Deux ans plus tard, Merzak Allouache récidive en réalisant Bab el web, une comédie tournée à la fois à Alger et à Paris qui raconte un épisode de la vie de deux frères Kamel et Bouzid, qui vivent de dombines et habitent le quartier populaire d’Alger Bab El-Oued. Aux côtés des acteurs principaux Samy Naceri, Faudel et Julie Gayet, dans le casting figure Naïme Haïne dans le rôle de Loanna. Gad Elmaleh fait également partie de la distribution, avec entr’autres Booder.

En suivant, Naïme Haïne sera à l’affiche de plusieurs autres films (dont “Dans tes pas” et “Jeanne” de Fabien Remblier, ainsi que “96 jours sans Joseph” de Wafa Boukli et “La Folle Histoire d’amour de Simon Eskenazy” de Jean-Jacques Zilbermann).

Coucou le revoilou aujours’hui, à Argelès-plage, après une rencontre l’hiver dernier à Paris avec Caroline Cellier (“Lily’s bar” et “Marinette”, glaciers situés dans la station balnéaire). “J’étais déjà venu à Sorède, il y a plusieurs étés, chez une amie, Hind, qui avait ouvert un commerce de traiteur, Les Pitchettes au village d’Argelès ;  j’étais venu lui donner un coup de main au festival de musique sacrée à Perpignan. Lorsque j’ai rencontré Caro, la première chose qu’elle m’a demandé, c’était “tu sais cuisiner ?”. Je lui ai répondu c’est ce que je fais de mieux ! Ma mère et ma grand’mère étaient d’excellentes cuisinières. En cuisinant, j’arrive à me retrouver, à méditer sur ma vie… La cuisine est comme une prière pour moi. Rendre les gens heureux à partir d’un plat simple, ou d’une recette originale, c’est un pur bonheur. La cuisine, c’est réveiller des émotions enfouies en chacun de nous”.

De fil en aiguille, comme il se plait à le confesser au détour d’une citation de Marcel Proust ou d’Arthur Rimbaud, Naïme Haïne dessine en guise de conversation et de parade nostalgique un plan de table où il se verrait bien assis, le temps d’un festin, aux côtés de Marguerite Duras, d’Alexandre Dumas et d’Alphonse Allais. Ou plutôt non, pas assis : il serait aux fourneaux pour un repas fin et simple à la fois, rythmé par un intermède littéraire et musical, sur les variations d’un même thème, les pâtes ou la mer, par exemple, drapé, auréolé, en Chouchou on-the-beach !

Vous l’avez compris, avec lui on ne s’ennuie pas.

Avant de se séparer, il confie : “Vous savez, je suis tombé amoureux de la région, Argelès-sur-Mer, les Albères et la côte. C’est un tableau ! Les lieux sont tellement beaux, agréables, naturellement grandioses. C’est au-delà de mes espérances. Chaque jour que je regarde cette région, que je la respire, que je la vis, que je m’y connecte, cela me donne des envies pour créer des plats originaux, à base d’influence méditerranéenne, avec ma touche personnelle, plutôt slave en cuisine. Le climat, le cadre environnemental, me rappellent la baie d’Alger et de Jijel en Algérie, la ville natale de mon père. C’est vraiment la même faune, la même flore, avec ce côté venteux. J’adore !”.

L.M.