Depuis quarante-huit heures, et bien qu’éteint depuis maintenant vingt-quatre heures, l’incendie spectaculaire qui s’est déclaré sur le territoire de la commune de Saint-André, aux portes d’Argelès-sur-Mer et de Sorède, continue de faire la Une des journaux locaux et nationaux, presse écrite et audiovisuelle confondue : on ne parle toujours, encore et encore, que de “ça” ! Ou presque

 

A lire, voir et entendre certains médias, le goût du sensationnalisme poussé à l’extrême, jouant sur et avec la peur des populations concernées par cet incendie – Qui a tout de même blessé une vingtaine de sapeurs-pompiers, détruit entièrement une dizaine d’habitations, avalé près de cinq cents hectares de végétation et de terrains abritant des activités professionnelles, fait évacuer 3 000 estivants et autochtones, etc. -, on peut légitimement s’interroger sur ces “maîtres de l’épouvante” médiatiques, visiblement en quête de macabres découvertes, décrivant “une vision apocalyptique hallucinante de fin du monde”, à coups de clichés réels, certes, mais aussi avec des scenarii en 3D !

Parmi tous les témoignages, les révélations faites pour planter le décor, il a été dit et écrit par (presque) tous les médias qu’il a fallu reloger plusieurs centaines de personnes – les chiffres de 600 à 800 ont même été avancés -, suite à l’incendie qui a détruit plus ou moins partiellement deux campings : “Le Bois Fleuri” et “Le Chêne Rouge” ; ce dernier étant plus sévèrement touché. Sans oublier les habitants des maisons qui ont dû être évacuées.

Nous avons appris, toujours par cette même voie médiatique, alimentée par les autorités locales – élus, décisionnaires et socio-professionnels -, que ces 600 à 800 personnes avaient pu être relogées “en urgence” ou  “pour prolonger leur séjour” dans des campings et des hôtels d’Argelès-sur-Mer (où le soir de l’incendie 14 chambres étaient encore disponibles), des Albères… et au-delà à Saint-Cyprien (“Le Belvédère”) et Canet-en-Roussillon (“Le Mar i Cel”). Et c’est tant mieux ainsi. Cela a permis à la la profession hôtelière d’afficher une réactivité solidaire exemplaire : “Les personnes ne se trompent pas quand elles nous confient leurs vacances !”, a-t-on pu entendre.

Mais cela signifierait également que pendant ce long week-end du 15 août, les différents types d’hébergement présents sur une grande partie du littoral roussillonnais (hors Perpignan donc) étaient loin d’afficher complet… puisque 600 à 800 “naufragés” de l’incendie de Saint-André ont pu être immédiatement relogés ? La question mérite d’être posée.

Si c’est vraiment le cas, qu’il y a tant de disponibilités de logement en plein week-end du 15 août, alors in fine le bilan touristique de la saison estivale dans les P-O promet d’être catastrophique, pour le moins.

Déjà, hier à Argelès-sur-Mer, que ce soit à l’heure du déjeuner ou du dîner, nombre de restaurants ont enregistré une perte inhabituelle pour la saison de 20 à 40% de leur clientèle, “directement liée, selon eux, aux conséquences médiatiques de l’incendie”. Depuis, dans ce contexte, certains professionnels du tourisme exerçant dans le secteur de l’hôtellerie évoquent même des annulations de séjours, certes peu importantes, mais significatives tout de même.

Toujours à Argelès-sur-Mer, ce mercredi 16 août, aux premières heures de la matinée, un important livreur de fruits et légumes qui approvisionne traditionnellement les établissements de la station balnéaire, nous faisait part d’une chute de 50% des commandes depuis quarante-huit heures…

 

L.M.