La colère monte chez les agriculteurs roussillonnais, dont nombre d’entr’eux ne comprennent plus pourquoi et comment ils sont la principale – et presque unique (c’est en tout cas un sentiment qui a tendance à se généraliser dans leurs secteurs d’activité) – cible des restrictions concernant l’utilisation de l’eau, suite à l’épisode de sècheresse historique que traverse le département des P-O… “alors que nous en sommes les premières victimes !”, ne décolère plus un maraîcher de la plaine du Roussillon. Un autre, en Salanque : “ça commence à partir dans tous les sens, les choix arrêtés pour couper les robinets est incompréhensible, pour en quelque sorte nous couper l’herbe sous les pieds !, cela va vite devenir ingérable”. Même son de cloche que l’on soit dans les Aspres, dans les Fenouillèdes ou en Vallespir.

La grogne n’en finit plus de s’exprimer sur le terrain. D’un avis (presque) unanime, le monde agricole se désolidarise des “professionnels de la profession”, visant ici certains de ses dirigeants et hauts syndicalistes de la filière jugés “trop timorés” face aux décisions préfectorales du moment : “On ne doit plus arroser nos champs, on doit s’auto-flageller en cognant sur nos arbres pour faire tomber les fruits… mais on peut continuer de remplir les méga piscines dans les campings, les golfs, etc. Bref, c’est deux poids deux mesures ! Nos élus, nos décideurs, ont-ils vraiment pris la mesure de notre désespoir ?”.

Dans le Ribéral, un vigneron s’inquiète de ce déséquilibre : “L’Agriculture a besoin du Tourisme, et vice-versa, favoriser l’un au détriment inévitablement de l’autre, serait alors lourd de conséquences pour l’ensemble de notre économie départementale. Tout le monde est pour des restrictions, le monde agricole en est pleinement conscient, mais le bon sens doit l’emporter face aux lobbies des uns et des autres”.

La désespérance des agriculteurs roussillonnais est telle qu’il suffirait d’une étincelle pour enflammer le département. Certes, tous s’accordent pour dire “Qu’il ne faudrait pas en arriver là”… mais la crise est ouverte.

 

L.M.