Les obsèques religieuses de Pierre Estève, ancien député-maire socialiste de Saint-Paul-de-Fenouillet, seront célébrées le mercredi 5 février, à 9H 30, en la cathédrale Saint-Jean de Perpignan, suivies de l’inhumation au cimetière de Saint-Paul-de-Fenouillet dans l’intimité familiale. Un dernier hommage peut lui être rendu à la chambre funéraire de Villeneuve-de-la-Raho)
Novembre 1994, lors de l’inauguration de la nouvelle mairie de Sorède, au pupitre le déjà et encore maire Yves Porteix, puis, de gauche à droite : le préfet Bernard Bonnet, Jean-Claude Kaiser conseiller général et adjoint au maire de Perpignan, le président du Conseil Général et maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque feu René Marquès, feu Arlette Franco, maire de Canet-en-Roussillon et conseillère régionale, feu Jean Carrère, maire d’Argelès-sur-Mer et conseiller régional, Monique Pramayon-Estève, directrice de l’office HLM…
Depuis l’annonce hier matin de sa disparition, les messages et témoignages de sympathie, les hommages, concernant Pierre Estève affluent à la rédaction de Ouillade.eu, extraits…
–“Que de souvenirs et d’anecdotes qui me reviennent à l’occasion de sa disparition”, nous confie depuis sa retraite dans sa maison familiale à Cabestany Renée Soum (PS), la première femme à avoir été élue députée : “Je me souviens par exemple de 1981, devant la préfecture des P-O, sur les quais de la Basse à Perpignan. Je venais d’être élue députée, au lendemain la très belle victoire de François Mitterrand à la présidence de la République. Il a été parmi les tout-premiers à me féliciter, ses yeux, son regard, son embrassade, en disaient aussi long que ma propre joie. Pierre Estève fut un grand ami, depuis la première heure de notre engagement en politique, au parti socialiste, à gauche, depuis toujours. Je l’appréciais pour son engagement, pour la manière qu’il avait de défendre bec et ongle notre territoire, plus partuculièrement son agriculture et la laïcité… tout cela a créé entre nous des liens indéfectibles d’Amitié”.
-Marie-Cécile Pons, certainement l’élue la plus Gaulliste des P-O, c’est incontestable et c’est incontesté, et qui a siégé au Conseil Général66 et à la Mairie de Perpignan, pleure aujourd’hui “un ami, un homme passionné et passionnant et tellement humain, proche des gens, quelle que soit son étiquette, politique ou religieuse. Rarement, sur le sol roussillonnais, en général, dans l’hémicycle du Conseil Général en particulier où nous étions très proches et souvent complices dans l’e seul intérêt collectif, un élu aura marqué avec autant d’enchantement et d’acharnement son département. Jamais, jamais !, il ne haussait le ton par sectarisme ou par ambition personnelle, c’était toujours pour défendre ses territoires, l’Agly et le Fenouillèdes, et surtout leurs habitants. Avec lui, en Commissionc départementales ou dans l’hémicycle du Conseil Général, la colère était toujours bonne conseillère, parce qu’elle était utile et efficace. Il a été l’un des trop rares élus dans ce département à jouer le rôle de vrai médiateur entre René Marquès et Christian Bourquin dans l’intérêt général des Pyrénées-Orientales. Nos élus d’aujourd’hui devraient s’en souvenir !”.
-Florent Anglade, ancien collaborateur de feu Christan Bourquin (PS), alors sénateur-président du Conseil Général des P-O, se souvient : “…Maître Estève, c’est ainsi que comme tout le monde je vous saluais. Plus qu’un titre, c’était une marque de respect que chacun vous témoignait. Parfois avec un Å“il pétillant vous répondiez « un mètre soixante un mètre soixante-dix ». Mais pour avoir droit à un instant de complicité il fallait gagner votre confiance et même plus votre estime. Vous étiez à la fois imposant, simple, attendrissant. Votre nom, votre réputation faisait de vous un interlocuteur privilégié, sans pareil, bien au-delà des limites du Département. De la chambre d’Agriculture à la Préfecture, à la SAFER, à Montpellier, à l’Assemblée Nationale ou dans les ministères vous avez su tisser puis garder des contacts et des relais importants. « Notre ministre de l’Agriculture » comme vous surnommait Christian Bourquin, tellement vous incarniez le monde agricole. Vous connaissiez par cÅ“ur les dossiers, les préoccupations du monde rural. Vous étiez de tous les combats. Vôtre plume affûtée, a dû parcourir des milliers de kilomètres sur des feuilles blanches qui semblaient être toujours trop petites pour l’esprit d’un grand homme. AOP, IGP, Calamités Agricoles, CUMA, Aides à l’installation, à l’arrachage, vins du Roussillon, Artichauts, Abricots, élevage… vous étiez capable d’écrire sur tout en un rien de temps. Je n’oublie pas vos tribunes dans l’Agri – journal dont vous attendiez avec impatience la parution -, étaient particulièrement percutantes et justes. On aurait aussi, vous surnommer « L’Homme de Saint-Paul », cousin plus évolué que le célèbre homme de Tautavel, car vous étiez en avance sur votre temps. En effet, vous aviez fait du en même temps avant l’heure, passant le rubicon, sous la présidence de René Marquès pour devenir son vice-président chargé de l’Agriculture. Vous étiez prêt à travailler avec tout le monde (ou presque), préférant un intelligent de droite à un imbécile de gauche, respectant vos adversaires voire vous en faisant des alliés. Cette attitude vous vaudra une exclusion du PS. Mais aviez-vous besoin d’une carte ? Non, bien sûr que non ! Vous arpentiez régulièrement votre canton de permanences municipales en permanences municipales (dont les places partaient plus vite que les place de la dernière tournée de Michel Sardou), vous meniez des missions plus discrètes. Des distributions de semences de pommes de terres pour que des personnes puissent subsister, vous deveniez un assistant du Père Noël pour qu’aucun enfant ne soit oublié, vous achetiez même des abonnements aux Dragons Catalans pour offrir les places… et même face au désespoir le plus total vous n’hésitiez pas à sortir un billet de votre poche. Vous confessiez alors, avec votre humour pinçant « la politique m’a appauvri ! ». Cher Pierre Estève, vous étiez en politique par conviction, par passion, non par ambition. Ce qui est certain c’est que vous n’en avez jamais manqué pour les Pyrénées-Orientales (…)”.
Propos recueillis par L.M.