Encore et toujours le problème des retraites !
*Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.

 

 

-“Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire dans ces mêmes colonnes à plusieurs reprises, il est normal que nos enfants participent au remboursement des emprunts réalisés pour assurer le financement des équipements (routes, universités, écoles, hopitaux etc) dont ils auront également l’usage

 

Par contre, il est anormal et immoral de leur faire payer le remboursement des emprunts réalisés pour nos dépenses de fonctionnement ou de confort, dont nous sommes les seuls à bénéficier.

J’ai été satisfait que François Bayrou soit sur la même ligne lors de sa déclaration de politique générale.
Le financement des régimes de retraites ne doit pas échapper à cette règle morale : les régimes de retraite doivent toujours être en équilibre, sans avoir recours à l’emprunt.

C’est ce que les partenaires sociaux qui vont rentrer en réunion pendant 3 mois doivent avoir présent à l’esprit pour rejeter toute demande démagogique qui voudrait combler les déficits par l’emprunt.

Ils se poseront alors des questions :

-Faut-il et peut-on améliorer le système actuel des retraites, pour mieux prendre en compte les petites retraites, la pénibilité du travail, les carrières longues ? Faut-il améliorer les retraites des femmes pénalisées dans leur carrière par les enfants qu’elles portent pour la Nation ?

La réponse est incontestablement oui !

-Faut-il et peut-on réduire l’âge de départ légal à la retraite ?

La réponse est incontestablement non !

La France serait-elle le seul pays en Europe où, en travaillant moins, on peut partir à la retraite plus tôt ? Seuls les mouvements démagogiques le prétendent.

 

En Allemagne, en Italie, l’âge de départ à la retraite est à plus 66 ans. L’Espagne socialiste de Sanchez vient de passer l’âge de la retraite à 67 ans et demi..

 

C’est le système de retraite par répartition qui veut cela : les actifs paient pour les retraités. Plus il ya de retraités et plus la charge à porter pour les actifs est lourde.

En 1945, lorsqu’a été mis en place le système, l’espérance de vie des personnes était de 65 ans et l’age de départ à la retraite de 65 ans également. Aujourd’hui, l’espérance de vie des hommes est de plus de 82 ans, et celle des femmes de plus de 86 ans. La charge à supporter par les actifs est beaucoup trop lourde.

Comme on ne peut pas baisser les retraites et qu’on ne peut pas augmenter la charge financière pour les salariés et les entreprises, la seule solution c’est l’allongement de la durée du travail.

Les Français doivent comprendre que la retraite à 60 ans et la durée du temps de travail à 35 heures par semaine a eu comme conséquence une augmentation des cotisations des salariés et des entreprises, et donc, mathématiquement, une baisse du pouvoir d’achat.

D’ailleurs les socialistes eux-mêmes qui avaient présenté la retraite à 60 ans comme une avancée sociale, qui avaient combattu la réforme du passage à 62 ans sous Nicholas Sarkozy, se sont bien gardés de toucher au 62 ans sous François Hollande. Pire, la réforme Touraine a augmenté en plus le nombre d’annuités nécessaires pour toucher une retraite à taux plein.

Ce qui est certain, c’est que dans le système de retraite par répartition, on ne peut faire que des réformes paramétriques qui ont pour but de rechercher un équilibre financier en faisant bouger des lignes, parmi lesquelles l’âge de départ à la retraite. Ce paramètre a le double avantage d’augmenter le nombre de cotisants et de diminuer le nombre de retraités bénéficiaires. C’est pour cela qu’il est privilégié.

 

Ce système pourra-t-il continuer à tenir ? La réponse est NON !

 

On peut le remplacer par un système de retraite par points, beaucoup plus juste pour le calcul de la retraite puisque tous les points ont la même valeur, mais ne règle pas le problème du financement, si on reste dans la répartition.

On peut passer à un système de capitalisation qui règle les problèmes à condition que les fonds de pension ainsi constitués investissent dans des valeurs sures.

On peut faire un mixte, retraite minimum payée par la fiscalité, puis liberté de constitution de la retraite complémentaire par la capitalisation.

D’autres choix sont possibles.

Mais tous nécessitent de bien poser les problèmes et que les français écartent les mouvements démagogiques !”.

 

Claude Barate