Tribune Libre/ Henri Ramoneda : “Les vanités hantent le Capitole”
par adminLuc le Jan 18, 2025 • 16 h 33 min Aucun commentaireSelon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir, écrivait Jean de La Fontaine…
Dans l’affaire Stormy Daniels, Donald Trump avait été déclaré coupable d’avoir voulu acheter le silence d’une actrice de films pornographiques. Au cœur de cette affaire judiciaire, le 30 mai 2024 à New-York, le jury populaire l’avait déclaré coupable de trente-quatre faits de falsifications de documents comptables. Cependant, en raison de l’immunité présidentielle dont il se prévalait, aucune peine ou sanction n’a été retenue à son encontre.
De l’amour à la frivolité des plaisirs mondains, il n’y a qu’un pas, dirons certains. Selon une expression apparue au XVIIe siècle : « Il n’y a pas de quoi exciter un chat ». Dans ce cas précis, il eût été préférable pour Donald Trump d’éviter les aventures en terre féline.
« Dans beaucoup de domaines, je m’identifie plus comme démocrate », déclarait ainsi Donald Trump en 2004 à CNN, chaîne de télévision américaine.
À cette époque, il militait pour le droit à l’avortement en tant que démocrate. Cette prise de position avait été estimée aux antipodes des valeurs morales des évangélistes américains et cela lui avait valu de nombreuses critiques, jusqu’à remettre en question ses nombreuses contributions financières au parti démocrate.
Néanmoins, au cours de cet entretien accordé à CNN, il avait indiqué qu’il avait donné plus d’argent aux candidats démocrates qu’aux candidats républicains, car il se sentait plus proche des valeurs démocrates. Dans ce cas de figure, la charité peut être interprétée de manière très large.
Être ou paraître
Depuis 1987, Donald Trump a changé cinq fois d’affiliation politique selon le bureau des élections de la ville de New York (New York City Board of Elections). Après quelques hésitations, Donald Trump était entre 2001 et 2009 passé sous la bannière démocrate avant de revenir au rouge républicain.
Ses opinions politiques ont varié au cours du temps et de ses intérêts personnels. Ne l’oublions pas, il est une personnalité new-yorkaise du monde des affaires. Et le monde des affaires est ce qu’il est, éminemment pragmatique et dénué de préjugés moraux.
Business is business : les affaires continuent quelles qu’en soient les conséquences.
Derrière le rideau de la démocratie américaine, il existe un lien direct entre les dons de campagne et les traitements de faveur. Enfin, plus les donations sont élevées et dirigées vers les élus, plus les soutiens aux entreprises donatrices dénotent des signes de favoritisme.
Les récents changements de pied des magnats de la Silicon Valley en sont une illustration. Prêts à renier le peu de principes qu’ils affichaient jusqu’alors, ils rejoignent sans aucun état d’âme le camp du vainqueur.
N’est-ce pas Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du Washington Post, qui a multiplié les gestes en faveur du nouveau président élu ? Meta et Amazon ont versé chacun plus de 1 million de dollars (970 000 euros) pour financer la cérémonie d’investiture présidentielle (…).
À une semaine de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump profite des incendies à Los Angeles pour mettre en cause les élus démocrates de Californie. De fait, c’est l’hôpital qui se moque de la charité.
Durant son mandat présidentiel de 2016 à 2020, Donald Trump n’a strictement rien fait pour défendre la gestion de l’eau, la sauvegarde des espaces naturels, l’équilibre des zones humides, la gestion des risques naturels. Son rôle politique s’est résumé, pour l’essentiel, au soutien des grandes compagnies pétrolières et gazières.
Bien des raisons expliquent le regain d’intérêt des États-Unis pour le Groenland. Cet immense territoire est recouvert à 81% de glace. Le dérèglement climatique est plus évident là -bas qu’ailleurs sur la planète.
Les exploitations minières, pétrolières et gazières à outrance dans le Groenland pourraient mettre en danger l’équilibre environnemental du globe et surtout de la méditerranée. Et les retombées financières pour les populations autochtones seraient finalement dérisoires.
Les États-Unis sont en train de bousculer, de métamorphoser l’Ancien monde avec les défis qui l’accompagnent : climatique, alimentaire, accès aux soins, addictions diverses, auto-soumission au monde numérique, mais aussi réduction des inégalités, vieillissement démographique…
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche symbolise, pour l’Union européenne, l’échec d’un système européen en trompe-l’œil.
Henri Ramoneda