La contestation des habitants du quartier du Racou soulève plusieurs questions essentielles sur la relation entre les citoyens et leurs élus. Si la décision du maire d’Argelès-sur-Mer, Antoine Parra, de fermer le chenal suscite une forte émotion parmi les habitants, il convient de se demander si cette situation n’est pas le reflet d’une gestion locale qui manque de concertation et de compréhension des attentes des résidents. Et aussi on peut se demander « Quelle est la compétence des élus à siéger dans ce conseil municipal ? »

 

 

Le Racou, avec son histoire et son identité, est un lieu précieux aux yeux des “Racouniens”, et la fermeture du chenal, en particulier, semble avoir été perçue comme une atteinte à un patrimoine local que beaucoup considèrent comme un symbole de leur quotidien. Si l’on se place du point de vue des autorités, cette décision découle peut-être de préoccupations environnementales, de sécurité ou d’aménagement du territoire. Cependant, il est important de se rappeler qu’une telle décision devrait être précédée d’un dialogue transparent et d’une écoute active des préoccupations des habitants.

L’expression de mécontentement par le biais de slogans et de manifestations, bien que spectaculaire, témoigne d’une frustration qui semble naître du sentiment que les voix des citoyens argelésiens et argelésiennes ne sont pas suffisamment prises en compte. Au-delà des actions qui pourraient se multiplier dans les jours à venir, l’essentiel réside dans la capacité à rétablir un véritable dialogue entre les autorités municipales et les habitants, afin de trouver des solutions acceptables pour toutes les parties.

Ainsi, plutôt que de s’enfermer dans une logique de confrontation, il serait souhaitable que la municipalité prenne le temps de réévaluer les décisions prises et cherche, avec les habitants, un compromis qui respecte à la fois les impératifs de gestion et les attentes locales. Une approche plus inclusive et participative pourrait non seulement apaiser les tensions actuelles, mais aussi renforcer la confiance entre élus et citoyens, dans l’intérêt du bien-être commun.

 

 

1/ L’importance du patrimoine local

 

Les habitants du Racou ne protestent pas seulement contre une décision administrative, mais contre ce qu’ils perçoivent comme un risque de dénaturer un lieu chargé de significations culturelles et historiques.

Ce chenal, qui fait partie de leur quotidien, symbolise leur lien avec l’histoire locale et leur mode de vie. La fermeture de ce passage pourrait être vécue comme une tentative de “gentrification” ou une décision qui ne prend pas en compte la singularité et l’identité locale.

Il est crucial que la municipalité tienne compte de cette dimension historique et culturelle dans ses décisions d’aménagement.

 

2/ La nécessité de la concertation locale

 

Les décisions prises par la mairie devraient toujours être accompagnées d’une consultation préalable des habitants.

Trop souvent, les décisions sont prises dans une logique top-down, c’est-à-dire du haut vers le bas, sans véritable échange. Or, en démocratie locale, il est impératif de prendre en compte les réalités du terrain et les besoins exprimés par ceux qui vivent au quotidien dans ces espaces.

Un référendum ou une consultation publique aurait pu permettre de mesurer l’ampleur de l’opposition et d’offrir une plateforme pour les solutions alternatives.

 

 

3/ Les enjeux de sécurité et la prétendue perte de quelques mètres carrés de sable pour les adeptes de la passivité*

 

Il est possible que la fermeture du chenal soit motivée par des raisons d’intervention des secours. Cependant, quelque soit le prétexte, Monsieur le maire ne peut pas ignorer les préoccupations légitimes des citoyens et le plaisir des activités nautiques de ces citoyens. Au contraire, la municipalité pourrait proposer des mesures qui respectent à la fois les besoins de pratiquer les loisirs sur la mer et les aspirations des résidents, telles que des aménagements permettant de concilier préservation de l’environnement et maintien des usages locaux.

L’alternative aurait pu être d’aménager une zone de stockage sécurisée et suivre l’exemple de la zone sud de la Franqui, il y a toute une zone sur laquelle des embarcations légères et des petits bateaux pour les pêcheurs sont stockés. La mairie de Leucate (Aude) a noué un partenariat avec une association d’usagers qui gère le site, des containers permettent aux pratiquants de laisser leur matériel.

 

4/ Les conséquences sur le tourisme local

 

Le Racou est une zone qui attire un certain nombre de touristes chaque année, notamment grâce à son atmosphère unique et son patrimoine naturel. La fermeture d’un site emblématique comme le chenal pourrait avoir des répercussions économiques négatives sur la commune.

L’impact sur le tourisme, l’économie locale et les commerces de proximité devrait être soigneusement évalué. Si la municipalité ne prend pas en compte ces conséquences, cela pourrait se traduire par une perte de dynamisme pour le quartier.

 

5/ L’importance de la transparence

 

Enfin, un des points importants soulevés par ce conflit est celui de la transparence.

Il est essentiel que la municipalité communique clairement sur les raisons de ses décisions, les études qui les sous-tendent et les alternatives envisagées.

L’opacité engendre méfiance et division. Une gestion transparente permettrait de restaurer la confiance et d’éviter que des décisions administratives ne soient perçues comme imposées arbitrairement.

 

Hubert Levaufre, vice-président OTI PyMed (office de tourisme intercommunal Pyrénées-Méditerranée regroupe les sept bureaux d’information du territoire : Cerbère, Elne, Laroque-des-Albères, Port-Vendres, Saint-André, Saint-Génis-des-Fontaines et Sorède), vice-président, APLPO, l’association des professionnels de loisirs des Pyrénées-Orientales. Dirigeant de La Ferme de Découverte Saint-André et Saint-Pierre Lafeuille (département du Lot – 46)

 

 *En juillet 2024, lors d’un Conseil municipal, le maire de la commune pointait du doigt le manque de sécurité : « pour les baigneurs à qui un enfant échappe et qui va directement dans le chenal, ce sont les maîtres-nageurs qui doivent intervenir. » Le chenal partagé entre les usagers de la mer et le zodiac ralentirait l’intervention des secouristes. L’élu pointe aussi du doigt la longueur du chenal, « 50 mètres », une zone interdite aux baigneurs et réservée aux voiles légères. « L’idée de la mairie est de redonner ces mètres carrés-là de sable et d’eau au public »

Hubert Levaufre, vice-président OTI PyMed (office de tourisme intercommunal Pyrénées-Méditerranée regroupe les 7 bureaux d’information du territoire : Cerbère, Elne, Laroque-des-Albères, Port-Vendres, Saint-André, Saint-Genis-des-Fontaines et Sorède), vice-président, APLPO, l’association des professionnels de loisirs des Pyrénées-Orientales

Dirigeant de La Ferme de Découverte Saint-André et Saint-Pierre Lafeuille (département du Lot – 46)