*Pierre Euzet, scientifique de formation, est né en 1975 à Perpignan. C’est sur le tard, à ses heures perdues, qu’il décide de coucher sur le papier de nombreuses intrigues que son imagination élabore sans relâche. Passionnément influence par le 7e art, il attache une importance toute particulière à la construction scénaristique de l’histoire et à ses multiples rebondissements. Si “L’ombre du Ratel” est son premier roman, il ne s’agit pas de sa première expérience littéraire. En 2019, il remporte le Prix du Récit Fantasy…

 

 

-Nous pensions tous l’été terminé. Son lot de réjouissances et ses odeurs de fête derrière nous. Eh bien non. Les gilets jaunes ont décidé de jouer les prolongations d’un été indien qui se voudra torride ! Avec pour renverser la table, un seul mot d’ordre (d’une constructivité affligeante, avouons-le) : « Bloquons tout ! ». Ou comment faire une révolution en ne faisant…rien. Seul programme en vue, merguez et chipo aux saveurs de pneus braisés et cubi de rouge en cascade

 

Ce mouvement, initié comme souvent par les mouvements d’ultragauche, et largement orchestré par le gouvernement russe depuis des mois, n’a d’autre but que de rappeler aux Français à quel point ils souffrent au quotidien. Car ils sont ainsi les Français, entre deux abonnements Netflix et Canal Plus, ou après avoir longuement hésité sur la couleur de la coque de leur prochain Iphone, la lente et dure agonie qui les ronge au quotidien, les rattrape pour leur rappeler à quel point il est douloureux d’être français. Pathétique, quand on sait que depuis des mois un Gazaoui a plus facilement accès à un obus qu’à une bouteille d’eau.

Voilà donc la misère à nouveau dans la rue. Non pas la misère pécuniaire comme on voudrait nous le faire croire, mais la misère sociale tout d’abord. Quel autre pays que le nôtre se glorifierait d’afficher au grand jour, sous les objectifs goguenards des caméras du monde entier, l’indigente existence de ses habitants. La fierté jusque dans l’échec. La superbe jusque dans la débâcle. Légion d’hommes et de femmes déboussolés, manipulés, sans le moindre repère, pantins d’une révolution bourgeoise et incapables d’appréhender le monde qui les entoure. Mêlant droits et devoirs. N’ayant pour seule lecture que le bandeau défilant en contrebas de CNews qui nous assigne sans relâche à comparaître au tribunal des innocents condamnés à souffrir le martyre. Soyons opprimés puisqu’on nous exhorte à l’être. Ils sont le symbole et la perte, d’un système éducatif et scolaire qui les a perdus il y a déjà trop longtemps.

Mais plus que tout, la misère intellectuelle, dans sa version la plus consternante, avec pour seuls modèles des Sandrine Rousseau ou des Mathilde Panot, débitant plus d’âneries à la minute que de bombes tombant sur Kiev, en quête du fameux instant de célébrité d’Andy Warhol. Comment s’obstiner à donner le micro à ces anonymes, cohortes d’imbéciles, autoproclamés fins limiers des questions économiques et géopolitiques, pourtant réduits à des raisonnements de café du commerce. Car qui peut imaginer, une seule seconde, que bloquer un pays, ses banques, ses commerces, bref son économie, va apporter quoi que ce soit, si ce n’est prolonger de quelques jours la période estivale, dans un joyeux désordre dont personne n’a en réalité à se réjouir si ce n’est les leaders d’opposition.

Assez des geignardises. Marre des assistés, des incultes et des décérébrés qui obscurcissent l’horizon national et qui nuisent avant tout à qui ? Aux vrais nécessiteux, trop nombreux, mais trop discrets, sans doute plus occupés à survivre qu’à courir le bitume et les plateaux de télévision, et qui, François Bayrou ou pas, ne travailleront pas le lundi de Pentecôte quoi qu’il advienne.

Ne serait-il pas alors temps d’inverser la tendance et d’appeler ceux qui en ressentent le besoin de clamer haut et fort que, pour eux, au bas mot, tout va bien. Sans provocation. Sans fanfaronnade. Mais sans fard ni honte pour autant. Les raisons en sont multiples, certes. Question de chance peut-être. De travail sans aucun doute. De choix, assurément !

 

Pierre Euzet