Argelès-sur-Mer attire chaque année près de 700 000 visiteurs, soit quatorze fois sa population en saison. Forte de ses campings, hôtels et résidences de vacances, la cité balnéaire génère environ trois cents millions d’euros de retombées économiques*. Un succès indéniable, mais dont les effets collatéraux se font de plus en plus sentir
Car le « surtourisme » est désormais une réalité. Les embouteillages à répétition, les nuisances sonores, la pression sur l’eau et l’assainissement, la saturation médicale ou encore la flambée des loyers frappent de plein fouet les habitants. Les locations saisonnières grignotent le parc locatif traditionnel, privant nombre de familles modestes de solutions de logement. La qualité de vie locale s’en trouve fragilisée.
Certes, une poignée de familles d’entrepreneurs – hôteliers, restaurateurs, commerçants – tirent un bénéfice direct et entretiennent avec les élus un partenariat ancien. Mais la population, elle, supporte le coût du surdimensionnement des réseaux, de la sécurité, du nettoyage et de la fiscalité locale, sans que les retombées compensent toujours ces désagréments.
La question qui se pose est simple : quel avenir voulons-nous pour Argelès ? Continuer à miser sur le « tout tourisme » au risque d’aggraver les tensions, ou inventer un nouveau modèle plus équilibré ?
L’heure est sans doute venue de repenser le développement en associant davantage les habitants, en régulant les locations saisonnières, en favorisant les circuits courts et l’agriculture locale, en inscrivant la ville dans une stratégie durable face au changement climatique et à la pénurie d’eau.
Écrire ce nouveau chapitre, c’est choisir un tourisme plus vert, raisonné et partagé. Argelès-sur-Mer en a les moyens et le moment n’a jamais été aussi propice.
Christian Munos – habitant d’Argelès-sur-Mer
*NDLR. Ce chiffre est à relativiser car il n’englobe pas les locations “à la petite semaine” (Airbnb…), ainsi que la restauration (260 commerces dits “de bouche” dans la station balnéaire en été), les parkings payants, le CA de la grande distribution (l’hypermarché InterMarché réalise le plus important CA annuel de l’enseigne au niveau national), etc.-etc.