Jean-Louis Perrier, Christian Gauze, Patrick Riera et Christophe Gauze, les quatre dépositaires du brevet de cèpes en culture autour de l’une de leur parcelle !
L’histoire de ce projet un peu fou a commencé à l’automne 2022 alors que la saison des champignons battait son plein dans toutes les régions de France…
Quatre acharnés et amateurs de la cueillette de cèpes, habitants de Collioure, étaient frustrés de ne pas pouvoir trouver leurs champignons préférés (Boletus comestibles) dans leurs coins habituels de cueillette à la suite d’une sécheresse importante.
Une frustration qui est allée jusqu’à faire germer chez ces quatre amis, l’idée incongrue de faire pousser des cèpes de culture au même titre que se cultivent déjà les champignons de Paris, les pleurotes ou les shiitakés (champignons noirs chinois ) ou encore les morilles.
Sur les conseils d’un spécialiste de la truffe et des champignons en culture, ils décidèrent de se rendre à Teruel, petite ville au centre-est de l’Espagne, spécialisée dans la culture de la truffe.
Suivant les conseils d’un des responsable d’une truffière espagnole, ils décidèrent d’appliquer un processus technique identique, biologique et naturel pour développer leur idée de culture des cèpes à tête noire alias “tête de nègre”.
Si la truffe a besoin de beaucoup d’eau et atteint son épanouissement durant les mois d’hiver, le cèpe, lui , subit différemment les aléas de la météo et du biotope.
Grâce à un ami, ingénieur météorologiste, ils ont pu croiser les données des dix dernières années de la météo de Collioure et de son proche environnement, avec les meilleures années de pousses de cèpes (pluie, chaleur, froid, sècheresse) afin de les appliquer dans des parcelles discrètes de chênes autour de Collioure.
Alors que nos quatre chercheurs étaient tenus au secret le plus absolu pour leur préparation, nous ne sommes, et cela se comprend, pas autorisés à dévoiler la technique utilisée.
Mais on peut déjà parler, sans tout dévoiler, comme pour la truffe, de “pièges à cèpes” (poche de gaze contenant des brisures de cèpes, de l’humus et autres substances naturelles ) afin de déclencher une mycorhization efficace.
Afin de pouvoir faire différents tests , nos chercheurs ont préparé des parcelles dans la plus grande discrétion dans des endroits peu accessibles pour les préserver des animaux ( sangliers et autres amateurs de mycoses ) et de randonneurs qui ne comprendraient pas la présence de petites serres isolées en pleine montagne.
Si les premiers mois furent désastreux, c’est au début du mois de mars que nos expérimentateurs ont eu la surprise de voir apparaitre sur l’une des parcelles, les premières pousses de cèpes, d’un format identique à des petits bouchons de champagne.
La première récolte de quatre kilos de cèpes de culture leur a permis de les faire gouter ( sans prévenir de leurs origines) à des restaurateurs qui trouvèrent un coté agréable et ferme pour ces “bouchons” spécialement utilisables dans les carpaccio ou risotto.
Si certaines parcelles n’ont pas donné de récoltes pour le moment, d’autres parcelles ont continué à produire à raison d’une fois tous les quinze jours, ce qui permis à nos inventeurs néophytes de solliciter les responsables d’organismes compétents (INRA), des mycologues avertis, des agro-chimistes et autres ingénieurs agronomes afin de pouvoir imaginer un développement à plus grande échelle.
Il semble qu’une production de 1kg de cèpes au mètre carré suffise pour être rentable, et nos chercheurs en herbe en sont déjà à plus de deux kilos par parcelle.
Si l’idée et le processus ont été tenu secrets jusqu’à présent, la signature la semaine dernière avec deux structures de l’agro-alimentaires françaises, de l’inra et en présence des principaux responsables des achats de Super et Hypermarchés français et étrangers (officialisant une collaboration commerciale) laisse à penser que d’une idée de base quelque peu loufoque, nos quatre amis se retrouvent maintenant les créateurs d’un brevet de culture et d’une licence qu’ils se sont empressé de protéger.
Si ils sont restés discrets sur les montants des accords financiers, ils nous ont toutefois glissé qu’ils imaginaient en regard des perspectives du marché et du potentiel de récoltes, pouvoir embaucher d’ici la fin de l’année une vingtaine de personnes afin de développer leur activité à priori très lucrative en investissant dans l’achat d’un batiment pour le conditionnement des produits.
En attendant les grosses récoltes du printemps , ils ont sabré le champagne en hommage aux nouveaux petits bouchons qui venaient d’éclore dans une de leur nouvelle parcelle.
Les premiers cèpes devraient arriver dans les gondoles des grands magasins début juin sous l’appellation “la cèperie catalane”.