Cette semaine, à Perpignan, Bernard Fourcade, président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie (CRCI) Languedoc-Roussillon et Jean-Pierre Navarro, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Perpignan et des Pyrénées-Orientales, ont tenu une conférence de presse sur l’état de l’économie régionale dans la période 2011/ 2012.

D’entrée, Bernard Fourcade a planté le décor : “Si le mouvement de reprise économique amorcé fin 2010 a permis au Languedoc-Roussillon d’entamer 2011 sur des perspectives plus optimistes, les difficultés liées à la gestion de la dette souveraine en Europe ont rapidement altéré la fragile confiance des entreprises régionales qui, anticipant une croissance anémique de l’économie nationale, ont adopté une position prudente en matière d’investissement, en net recul, et de recrutement, en repli. Cette situation a entraîné une progression du chômage en région, de façon nettement plus marquée que dans le reste de la France métropolitaine (+8,3% en Languedoc-Roussillon contre +5,6% au niveau national), le taux de chômage trimestriel atteignant 13,1% en fin d’année 2011 (contre 9,4% au niveau national). Cette dégradation du marché du travail a impacté l’ensemble du territoire régional et touché tout particulièrement les bassins d’emplois d’Agde-Pézenas dans l’Hérault (taux de chômage en moyenne annuelle : 15,4%) et d’Alès dans le Gard (14,9%)”.

Si l’on en juge par le discours du président de la CRCI Languedoc-Roussillon : 8 800 emplois salariés ont ainsi été détruits entre avril 2008 et septembre 2011 (-1,8% des effectifs salariaux) dans quasiment tous les domaines – en particulier la construction (-5 600 emplois) et l’industrie (- 4 000 emplois) – à l’exception des services soutenus par le poids de l’économie résidentielle et la croissance démographique (en 2011, les créations d’emplois ont progressé de +1,6% dans les services marchands).

Aujourd’hui, toujours d’après Bernard Fourcade : “La situation devient encore plus préoccupante : en juillet 2012, le nombre de demandeurs d’emploi atteignait dans la région 164 287 (+1,1% de plus qu’un mois plus tôt contre +1,4% en France métropolitaine), soit une croissance totale de +9,7% sur une année glissante; bien plus forte en Languedoc-Roussillon que dans le reste de la France (+8,5%)…”.

Le taux de chômage s’élevait à 13,5% de la population active régionale au premier trimestre 2012, contre 9,6% au niveau national, confortant sa tendance à la progression. Si le nombre de demandeurs d’emploi est le plus important en valeur absolue dans les départements de l’Hérault (70 253) et du Gard (42 771), c’est dans les Pyrénées-Orientales qu’il s’accroit le plus dangereusement : +13,8% entre juillet 2011 et juillet 2012 !

Les hommes sont les plus touchés (+11,2% contre +9,7% au niveau national), en particulier la tranche d’âge des 50 ans et plus (+20,1% contre + 16,6% au niveau national).

Au niveau de l’activité économique régionale, les créations d’entreprises continuent sur une tendance à la baisse, chutant fortement durant le deuxième trimestre 2012 et de manière plus forte qu’au niveau national (-15,3% sur un an contre -5,4% en France métropolitaine), en grande partie suite à la baisse de 25% des créations sous le régime de l’auto-entrepreneur.

LE TOURISME DANS LE VERT… LE BATIMENT DANS LE ROUGE  !

En revanche, le tourisme continue d’afficher “une activité florissante” (le Languedoc-Roussillon demeure la 3ème région touristique de France), avec 40 000 à 70 000 emplois et 7 600 établissements. Grâce à une excellente saison touristique 2011 en terme de fréquentation (+1,4% du chiffre d’affaire du secteur), marquant “la santé exceptionnelle de l’hôtellerie de plein-air” (au 1er rang national avec +5,4% de nuitées et +5,7% de chiffre d’affaire) et de la restauration (+1,4% du chiffre d’affaire).

Seule l’hôtellerie traditionnelle a connu des résultats mitigés se soldant par une baisse du chiffre d’affaire de 0,3% en 2011.

Le secteur de la construction (bâtiment), moteur de l’économie régionale (7,6% des emplois), particulièrement affecté par la crise (plus de 5 600 emplois détruits entre avril 2008 et septembre 2011, soit une chute de 9,2% des effectifs salariés contre -4,3% au niveau national), éprouve en revanche des difficultés à retrouver son équilibre.

Si la progression des mises en chantier de logements (+19%) et la consommation de béton prêt à l’emploi (+9,7%) en 2011 attestent d’une certaine reprise de l’activité, les prévisions à court terme demeurent passimistes compte tenu de la faiblesse des marges bénéficiaires et d’une concurrence toujours plus vive.

DES RAISONS D’ESPERER…

Bernard Fourcade et Jean-Pierre Navarro, lors de cette conférence de presse, n’ont pas manqué, en conclusion, de souligner les atouts qui donnent à notre région une certaine capacité à rebondir…

“Hormis son fort potentiel en matière de recherche (+ de 6 500 chercheurs répartis dans 9 centres de recherche et plus de 200 laboratoires), le Languedoc-Roussillon se classe au 4ème rang au plan national des régions si l’on considère la part des effectifs R&D dans l’emploi salarié régional et la part des dépenses de R&D dans le PIB régional (proportions en hausse continue depuis plusieurs années)”

– “Au niveau de la formation, le taux de réussite des bacheliers est supérieur à la moyenne nationale (86,2% en Languedoc-Roussillon contre 85,6% en moyenne), ainsi que le taux d’inscription des bacheliers dans l’enseignement supérieur qui s’affirme comme l’un des plus élevés du territoire national (77,3% contre 74,9% en moyenne nationale”

– “Le nombre des étudiants a augmenté de 1,9% dans l’enseignement supérieur entre 2010 et 2011”.

…FACE A DES PREVISIONS POURTANT DESESPEREMENT MOROSES

En synthèse, on peut dire que si “le redressement économique s’est confirmé en 2011, le regain de croissance assez modéré en Languedoc-Roussillon n’a pas permis de revitaliser l’activité régionale au niveau d’avant la crise et a conduit à une détérioration accrue du marché du travail régional et à une progression du chômage plus importante en Languedoc-Roussillon qu’au niveau national (…). Pour 2013, malheureusement, les prévisions demeurent moroses. La reprise économique pourrait montrer des signes de faiblesse face aux tensions politiques et économiques croissantes dans la zone euro. En Languedoc-Roussillon, cette situation troublée n’ouvre que de faibles perspectives de reprise aux acteurs économiques, plusieurs secteurs (dont le bâtiment) prévoyant d’ores et déjà une stagnation voire une baisse de l’activité en 2013, donc peu de créations d’emplois à court terme. Face à un certain tassement attendu de la demande, les rythmes de production pourraient encore se ralentir si les perspectives économiques ne s’améliorent pas prochainement”.