“Depuis plus d’un demi-siècle, le Racou, c’était un coin de Méditerranée à part. Un espace de liberté, de rencontre, de transmission. Touristes, Catalans, Racouniens, vacanciers réguliers, vivaient là en harmonie, loin des conflits et du bruit…

 

 

Les enfants passaient de maison en maison, se donnant rendez-vous au spot de voile. Entre les embarcations plus ou moins fatiguées, ils trouvaient un terrain de jeu, un espace d’amitié, un apprentissage de la mer et de la vie. La plage devenait leur scène, et la mer, un théâtre vivant où se jouaient chaque jour de nouvelles aventures. Les anciens y venaient, les yeux pleins de souvenirs, voir les jeunes prendre le large.

Sur cette plage, les barques d’autrefois ont cédé la place aux dériveurs, catamarans légers, planches à voile, funboard …. On naviguait au gré du vent, gratuitement, sans ticket d’entrée ni autorisation. La mer était à tout le monde. Et aucun maire n’avait osé y toucher.

Jusqu’à aujourd’hui.

Un arrêté est tombé, comme un couperet. Le sable est vide, vidé de ses voiles, de ses embarcations aujourd’hui interdites, la mer sous surveillance, la liberté verbalisée.

À la place ? Peut-être verra-t-on un jour un bar lounge les pieds dans le béton, une base nautique sous concession ou un loueur de paddle labellisé tourisme responsable. Ce sera sans doute plus bankable. La mer comme décor, le Racou comme produit.

En 2025, la mairie d’Argelès-sur-Mer a décidé de supprimer ce spot historique, contre l’avis du commissaire-enquêteur, qui en reconnaissait pourtant l’importance patrimoniale. La justification avancée : Sécurité ? Difficultés du Maire à surveiller ses petits enfants jouant entre les embarcations ? Fallait-il pour autant effacer un demi-siècle d’histoire locale ?

Ce n’est pas le dérèglement climatique qui détruit ce lieu. C’est l’homme, et plus précisément, une certaine vision de l’aménagement du littoral : contrôler, rentabiliser, uniformiser. Faire disparaître ce qui échappe au système marchand. Et pendant qu’on invoque la transition écologique, le béton du port, lui, poursuit inexorablement sa progression, grignotant la plage mètre après mètre…

Tout a un prix désormais : aujourd’hui le parking, demain peut-être l’accès à la plage, à la mer, et pourquoi pas au vent. Les taxes explosent, les espaces se ferment.

La liberté, le vent, la mer n’ont pourtant jamais exigé de ticket d’entrée3.

 

Michel Guiu, Association pour la Sauvegarde du Racou (ASR)

*Les associations – ASR, ANE, ADREA -, se disent atterrées par la fermeture du spot de voile du Racou à la suite d’une décision incompréhensible du maire Antoine Parra, fermeture  qu’aucun autre maire n’avait envisagée jusqu’à aujourd’hui.