Cela fait des années que ça dure, que c’est la même chanson, la même rengaine : le marronnier de l’été : dans la seule station balnéaire d’Argelès-sur-Mer ils sont des dizaines à décliner des offres d’emploi de “saisonnier”, malgré eux, malgré leur bonne volonté et l’envie de bosser, parce qu’ils ne trouvent pas à se loger. Depuis tant de temps, que font les pouvoirs publics, la municipalité, les syndicats et les professionnels de la profession pour endiguer ce problème récurrent ? Nada. Ou si peu…
Jusqu’ici, la situation était préoccupante, inquiétante, elle devient désormais catastrophique et c’est presque de la survie commerciale de certains établissements, qui fonctionnent pendant la saison estivale, qu’il s’agit, qui est en jeu. Actuellement, alors que la saison estivale se met en place, de nombreux jeunes, sortis par exemple du lycée hôtelier Christian Bourquin d’Argelès-sur-Mer, des étudiants, des chômeurs, demeurant à Perpignan ou ailleurs dans le département des P-O, qui postulent à un travail saisonnier dans la station munis d’un cévé béton, se voient dans l’obligation surréaliste de ne pas donner suite à leur entretien d’embauche pourtant favorable parce qu’ils n’arrivent pas à se loger in-situ.
Trouver un logement en périphérie, dans les villages environnants de Saint-André, Palau-del-Vidre, etc., s’agissant du bassin d’emploi estival d’Argelès-sur-Mer, pourrait être une solution envisageable, encore faudrait-il que le marché de la location soit plus dynamique en faveur des “saisonniers”… et surtout que les transports en commun maillent correctement le territoire en s’adaptant en la saison estivale. Or ce n’est pas le cas. Loin s’en faut !
Va t’on voir, encore et encore, cet été 2025, des employés saisonniers être dans l’obligation de dormir sur la plage, dans leur voiture, camper dans des jardins, sur des parkings de supérette ou dans le bois des Pins (!), entre une partie de pétanque et une sardane ? Honteux !
Pourtant, des solutions existent, il suffirait de s’en donner la peine, d’en manifester le désir, la volonté. Il y a à Argelès-sur-Mer une cinquantaine de campings, dont le camping municipal Le Roussillonnais, situé plage Nord dans la station. La Municipalité ne pourrait-elle pas consacrer une partie de ce terrain à la mise en place de mobil-home qui seraient réservés aux seuls travailleurs saisonniers ? La gestion de ce site pourrait être assurée (et rentabilisée) par un co-financement du projet avec les employeurs intéressés (restaurateurs notamment) qui constituent la principale source d’embauche pendant la saison estivale.
La Municipalité d’Argelès-sur-Mer se réveille tardivement sur le sujet en annonçant, avec tambours et trompettes, la création au village d’une quinzaine de logements pour saisonniers… quand il en faudrait vingt fois plus. Au minimum. On est donc loin du compte.
Désormais, en plus, force est de constater que le marché de l’immobilier localement se dégrade sérieusement “à l’année”. En effet, nombre de jeunes ménages – souvent avec enfant(s) -, se voient dans l’obligation de quitter leur logement à l’approche de la saison estivale. Ils sont carrément mis à la porte par les propriétaires dès le 1er mai ! Ironie du sort qui en est ici jeté : même les squatteurs ne sont pas logés à la même enseigne…
Ainsi, du 1er mai au 30 septembre, et même s’ils ont un emploi, un CDi, ces jeunes ménages argelésiens doivent se débrouiller pour trouver une location de fortune. Indigne ! Les propriétaires savent que pendant la haute saison estivale ils vont pouvoir gagner en une semaine le revenu mensuel d’une location “à l’année”. Jackpot ! Y’a pas photo.
Il est grand temps, comme cela se fait au Pays Basque ou dans les Savoie, par exemples, que les collectivités locales et territoriales des P-O engagent une réflexion sur le sujet et, surtout, passent aux actes. Car c’est l’économie touristique dans son ensemble, manne financière N°1 du département, qui pourrait être fortement impactée à court terme.
L.M.