Marine Le Pen, présidente du Front National (FN), a fait le plein, hier soir à Bompas, pour son premier meeting dans le département des Pyrénées-Orientales, aux lendemains de ses spectaculaires performances en tête dans les sondages, et dans le cadre de la campagne des élections cantonales des 20 et 27 mars prochains.
L’ancienne patinoire de Bompas dans la banlieue perpignanaise, transformée désormais en salle polyvalente, peut accueillir jusqu’à 700 personnes en “places plus ou moins inconfortables” (c’est-à-dire en position debout). On peut pourtant affirmer qu’hier soir ils étaient plus d’un millier à s’y entasser, les uns contre les autres, les uns sur les autres… et les uns avec les autres ! Aussi.
Il y a eu les phrases choc, “assassines”, assenées par Marine Le Pen tout le long de son discours, mais c’est surtout le Président de la République, Nicolas Sarkozy, ou plutôt ses troupes de l’UMP, qui ont le plus souvent été visées par la présidente du FN lors de cette intervention, martelant notamment : “Je crois que pour l’UMP, c’est le début de la fin”.
Marine Le Pen a fait d’ailleurs plusieurs appels du pied pour inviter l’électorat de l’UMP à quitter le navire et à se rallier au FN. Que ce soit en salle, à Bompas, ou dans les salons feutrés perpignanais, la veille, où elle avait rencontré des journalistes des médias locaux, Marine Le Pen a mis l’accent sur la nécessité d’un tel transfert électoral “pour assurer le succès de plusieurs candidats frontistes au cantonales”, à commencer par son compagnon, l’avocat perpignanais Louis Aliot, qui se présente sur le canton ouvrier du Bas-Vernet (Perpignan IX).
Mais la présidente du FN ne croyait certainement pas si bien dire et si bien faire, hier soir à Bompas, car les rangs de ses supporters étaient truffés de militants et de sympathisants UMP venus là assister en tant que simples spectateurs… ou futurs “grands” électeurs pour le FN ? La question est désormais posée. Et, depuis l’Agglo de Perpignan, elle prend toute sa dimension.
Car hier, au meeting de Marine Le Pen, a y regarder de plus près, il y avait plus de gens qui adhèrent à l’UMP que d’adhérents de ce même parti présents au dernier comité départemental de l’UMP à Baixas ! Inquiétant. Déroutant. Chacun(e) des 7 parlementaires UMP du département des Pyrénées-Orientales – les 4 députés, les 2 sénateurs et par pur hasard une députée européenne domiciliée à Perpignan – avait dépêché un émissaire, ou un assistant, pour sonder l’air du temps.
C’est la même UMP qui pour contrer le grand retour du FN sur la scène politique perpignanaise – les candidats frontistes ont convaincu sur la ville de Perpignan 24 % des électeurs lors des régionales de juin 2010 – n’a rien trouvé de “mieux” que d’opposer à Louis Aliot sur le canton du Bas-Vernet… l’ancien secrétaire départemental FN, Jean-Louis de Noëll, de par ailleurs englué dans des ennuis judiciaires. L’UMP se lance là dans une partie politique dangereuse. A jouer avec le feu…