Hier soir, au centre culturel de Collioure, où se déroulait la traditionnelle cérémonie des vÅ“ux de la municipalité à la population, devant environ 300 personnes, entre bilan de mi-mandat et perspectives, après la projection d’un court-métrage fort instructif, après avoir rendu un bel hommage au travail de son équipe municipale, aux associations de Collioure “Qui sont les vecteurs et les témoins quotidiens de la vitalité de notre village (…)”, après avoir fait un vibrant plaidoyer pour l’échelon communal, le maire Jacques MANYA (LR/ Les Républicains) a annoncé son intention de saisir, dès la semaine prochaine, le procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de Perpignan (TGI), à propos de la gestion communale de son prédécesseur, Michel MOLY (PS), et ce suite aux conclusions du rapport de la Chambre Régionale des Comptes (CRC).

“Nous nous étions engagés à un audit financier indépendant dès notre arrivée. Cela a été fait. Si certaines conseillères municipales ont trouvé que l’audit coûtait cher, nous n’avons pas été déçus du résultat, en apprenant qu’un contentieux fiscal antérieur à notre arrivée, allait impacter les finances communales à hauteur de 450 000€ en 2015. On peut certainement mieux commencer un mandat… Le pire restait cependant à venir”, a confirmé le docteur Jacques MANYA depuis sa tribune des voeux. “Nous avons eu à subir de mars à septembre 2016, un contrôle de la Chambre Régionale des Comptes sur les finances de la commune de 2011 à 2015, soit en ce qui nous concerne, de mars 2014 à décembre 2015. Ce contrôle est certes gratuit mais souvent plus bavard qu’un audit privé…”.

Après la communication d’un rapport confidentiel auquel ont été apportées des explications de la collectivité contrôlée et des élus responsables, un rapport définitif a été transmis et porté à la connaissance du Conseil municipal de Collioure et du public. Cela a été fait le 6 novembre dernier.

La Chambre Régionale des Comptes n’a certes qu’une vocation de contrôle, mais elle a le devoir d’une part de relever un certain nombre d’anomalies de formes, mais aussi de pointer des pratiques qui ne revêtiraient pas les critères de légalité ou de transparence requis.

En d’autres termes, a précisé l’actuel maire Les Républicains de Collioure, “la gestion de la commune de 2014 à 2015, a fait l’objet de prescriptions formelles en quatre points essentiels auxquels nous nous sommes dès à présent mis en mesure de répondre en particulier par le recrutement d’un nouveau Directeur Général des Services que je salue. L’analyse de la gestion communale de 2011 à 2014 a quant à elle, mis en lumière des pratiques irrégulières d’allures systémiques, concernant particulièrement l’emploi d’un agent public et ses conditions de rémunération ainsi que l’existence de certains marchés récurrents de prestation en communication, conclus sans publicité, ni mise en concurrence, malgré l’importance des sommes versées. Ces faits ont été établis par la Chambre Régionale des Comptes elle-même. Dès lors, la loi place les conclusions des juges financiers entre mes mains d’Officier Public. Aujourd’hui en vertu de l’article 40 du Code de Procédure Pénale, et ayant acquis la connaissance de faits délictueux, j’ai l’obligation de transmettre sans délai, ces éléments au Procureur de la République qui jugera alors de l’opportunité des poursuites (…)”.
Ces révélations ont fait l’effet d’une bombe dans une partie du public, notamment dans les rangs restés fidèles à l’ancien maire socialiste de Collioure, Michel MOLY, toujours 1er vice-président du Département, visé par les déclarations de son successeur qui entend bien désormais donner une suite judiciaire à ses paroles.

Il est à noter, et cela n’aura pas échappé aux plumitifs qui alimentent les réseaux sociaux, l’absence remarquée par les Colliourencs des élus de la République, du Département et de la Région, tels : le député d’En Marche! de la circonscription, Sébastien CAZENOVE, retenu au même moment dans son fief des Aspres, Thuir, où étaient également présentés les vÅ“ux à la population ;  le président socialiste de la communauté de communes Albères-Côte Vermeille-Illibéris, Pierre AYLAGAS (qui s’était fait représenter par son… DGS !) ; le sénateur François CALVET (LR) était bloqué à New-York (USA) par la neige ; l’autre sénateur, Jean SOL (LR), pas opérationnel car à peine rentré de l’île de la Réunion…

Etaient quand même présents, aux côtés des élus de Collioure : Jean-Michel SOLé, maire de Banyuls-sur-Mer, Yves BARNIOL, maire d’Elne, Jean-Pierre ROMéRO (dont l’épouse, Michèle, est adjointe à Collioure), maire de Port-Vendres, Huguette PONS, maire de Montesquieu-des-Albères… la sous-préfecture de l’arrondissement de Céret, la Gendarmerie de la Compagnie de Céret, les militaires du CNEC (Centre National d’Entraînement Commando), la RISC (Réserve Intercommunale de Sécurité Civile), le percepteur…

Réaction sans fard d’un élu de la majorité municipale de Collioure : “Au moment où Collioure en Côte Vermeille vient d’être désignée Grand Site d’Occitanie on en viendrait à croire que la notoriété attise le mépris, la jalousie, la bêtise !”. Dans une autre conversation enflammée, c’est Jacques MANYA qui constatait non sans un brin d’amertume “Qu’à Céret les notables locaux n’ont pas hésité à occuper le perchoir !”.

Et pendant ce temps, sur le pont qui enjambe la rivière Le Douy, se jouait un remake de la réplique culte du film de Marcel CARNé, Hôtel du Nord : “Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?”

 

Le docteur Jacques MANYA au pupitre face à environ 300 personnes, hier soir, au centre culturel de Collioure, pour la traditionnelle cérémonie des vÅ“ux du maire à la population. Le moins qu’on puisse écrire, c’est qu’il n’a pas mâché ses mots !