“DERNIERS MOMENTS DE LA VIE D’UN POILU”
“Cette lettre ci-dessous, fut envoyée à ma grand-mère par un poilu qui a vu mon grand-père mourir au front le 23 août 1916.(J’ai envie de dire assassiné.). J’ai retranscrit la lettre avec quelques imprécisions toutefois. Je la garde précieusement pour ne pas oublier” (Joseph Jourda).
–« Le 26 août 1916
Monsieur,
Je vous envoie ses quatres mots pour vous apprendre la mort de mon Brave Adjudant.
Le 23 nous avons monté à l’assaut nous étions armés de bon courage. Voilà part malheur qu’une balle est venue tapper mon brave Adjudant ainsi que mon sergent.
Une fois que nous avons été en batterie j’ai enlever tout ce qu ‘avait mon brave Adjudant sur lui. Je le garde jusqu’à ce que nous irons au repos.
J’ai trouvé que sur lui que 5 francs. Je compte qu’il avait laissé l’argent à notre fourrier. Nous sommes encore en ligne. Vous serez bien aimable de prévenir Madame Marthe Jourda. Pour me demander des renseignements je mets mon adresse au fond de la lettre.
Si Madame vous demande d’ou je suis, je suis de St Estève Pyr. Or.
Voici mon adresse
Monsieur … Gaudérique
Caporal au 342ieme d’infanterie
5eme Compagnie de Mitrailleuses
Secteur postal 140 »
Cette lettre a été envoyée au maire de l’époque. Elle est publiée pratiquement in extenso.
Dans les années 1960, j’avais 8-10 ans, le rédacteur de cette lettre est venu voir mon père. Il lui a expliqué comment était mort son ami. Quelques phrases sont restées dans ma mémoire.
“Nous étions dans la tranchée. Nous attendions l’ordre pour monter à l’assaut. Il m’a dit : cette fois, c’est mon tour.
Il était blanc comme un linge.
Ma réponse a été : si tu ne montes pas, tu sais ce qui t’attends.
Réponse de mon grand-père : oui.
En tant que sous-officier (adjudant), il devait sortir le premier. Une balle traçante est venue fracasser sa tête. Je l’ai recouverte de terre et je suis reparti. Je ne pouvais rien faire d’autres.”
J’ai deux autres lettres dans mes archives.
Une écrite à son fils (mon père) disant tout son amour, quelques jours avant la fin de sa vie. Une seconde de ma grand-mère, écrivant à son mari et s’inquiétant de ne pas avoir la lettre journalière. Il était mort.
Certainement, que mon grand-père a eu peur, lui qui avait été courageux et brave. Sentiment humain s’il en est. Alors, voilà un brave qui aurait été fusillé, parce qu’il avait eu peur au moment de mourir d’une balle en plein front.
Merci Messieurs les Maréchaux !
En ce jour de 11 novembre, célébration de l’armistice de la soit disant “der des der”, ceux qui liront ces mots, comprendront que je puisse dire MERDE à tous les va-t’en guerre d’où qu’ils viennent, pour n’importe quelle cause qu’ils croient défendre.
Joseph Jourda