Dans le débat passionné qui agite le microcosme local à propos de l’augmentation du prix des emplacements pour les commerçants non sédentaires des marchés en plein air qui se tiennent sur le territoire de la commune du Barcarès, force est de constater que, jeudi soir, en séance publique du conseil municipal, le maire Alain Ferrand (UMP) a marqué des points, face à une partie de son Opposition divisée emmenée par Jean-Louis Disaro, leader du Groupe Le citoyen barcarésien, qui n’a pas du comprendre vraiment ce qui lui tombait dessus.

Certes, le sulfureux dossier dont il est ici question ne figurait pas parmi la vingtaine de délibérations inscrites à l’ordre du jour – ou plutôt à l’ordre de la nuit… car commencée à 20h 30 cette séance publique s’est terminée aux alentours de 1 h du matin ! – du conseil municipal. Mais le remuant 1er magistrat du Barcarès, remonté comme une horloge helvète, et estimant sans aucun doute avoir suffisamment rongé son frein depuis qu’il est régulièrement pris à partie par la minorité agissante, n’a pu se priver de la tribune qui lui était offerte par ce Conseil pour, en quelque sorte, régler ses comptes à bon escient. Bref, vous l’aurez compris, Le Citoyen barcarésien s’est fait remonter les bretelles.

– Commentaire surpris dans les rangs du public : “A force de chercher noise à Monsieur le maire, de lui chercher des poux dans la tête via Internet, de jouer à la petite guerre caché derrière des blogs, Le Citoyen barcarésien telle une moule à claques aura mangé des bignets avant la Pentecôte… et surtout passé un mauvais quart d’heure”. Mais, soyez ici rassurés cher(e)s lecteurs-trices, en tout bien tout honneur !

Tout avait pourtant bien commencé. Les délibérations s’enchaînaient les unes après les autres, efficacement, dignement, respectueusement… Et elles étaient toutes votées à l’u-na-ni-mi-té !

Il en fut de même pour le gros morceau de la soirée : le réaménagement de la place de la République, côté village, et de ses Arcades avec ses boutiques et bars-restaurants en enfilade. Les architectes-urbanistes perpignanais porteurs du projet, Yannick Alba et Corinne Nifaut, accompagnés du paysagiste M. Garcia, avaient même été conviés à cette séance publique, afin d’exprimer devant le Conseil municipal, et sous le regard attentionné d’une centaine de Barcarésiens massés dans les rangs du public, les trois hypothèses de leur belle et intéressante ambition pour la requalification du centre du bourg en “coeur de ville – coeur en vies”.

Ecran géant à l’appui, ce trio d’architectes-urbanistes-paysagistes nous a fait rêver en projetant dans notre subconscient de belles images pour assurer un embellissement historique des lieux. Merveilleux ! “Je souhaite, est intervenu Monsieur le maire entre deux illustrations du projet, que la concertation que nous avons entammé pour en arriver là, et que nous poursuivrons à chaque fois que cela sera nécessaire, débouche sur des idées innovantes (…), afin de faire réagir le plus grand nombre d’entre nous sur des problématiques éventuelles soulevées par ce projet ambitieux pour notre cadre de vie de demain et devenu nécessaire aujourd’hui. Je lance un appel à la population afin qu’il y ait une adhésion générale au projet (…)”.

Même l’Opposition, dont Mme Véronique Pastoureau, sans oublier Le Citoyen barcarésien en tête, est apparue sous un nouveau jour à l’énumération des détails du projet, comme “bluffée” par l’ampleur de celui-ci, en tout cas largement séduite.

ALAIN FERRAND, maire : “Où SONT VOS SUPPORTERS M. DISARO ?… A GRASSE ? SUR LA COTE D’AZUR ?… JE NE VOIS PERSONNE A VOS CôTéS !”

A Alain Ferrand qui l’interpellait pour connaître sa position sur ledit projet de réhabilitation et de requalification de la Place de la République, Jean-Louis Disaro a même répondu sans la moindre hésitation dans les paroles effectivement prononcées : “Qui peut dire que c’est mal ? Que ce n’est pas bien ? Que ce n’est pas une bonne initiative ?… Aucun Barcarésien ! Pas même l’Opposition ! Tout le monde ne peut qu’être d’accord avec ce que vous nous présentez. C’est très bien ! Maintenant, il faut voir la suite…”.

“Quelle suite ?!”, l’interpelle à nouveau le maire du Barcarès.

“Ce que les principaux intéressés, les commerçants du site, en pensent… Comment voient-ils ce projet ?”, ajoute Jean-Louis Disaro.

Il est 22h 34 très exactement, Alain Ferrand demande s’il y a d’autres questions, puis passe au vote. Unanimité ! Emballé, c’est (vite) pesé. Presque réglé comme du papier à musique. Les architectes-urbanistes-paysagistes font leurs valises. Dans leur sillage, on devine que l’Assemblée, côté élus comme côté public, a été conquise par le projet.

Le 1er magistrat ne peut s’empêcher de revenir à la charge : “J’aime vous voir comme ça M. Disaro : Je vous sens détendu, souriant… Zen ! Ce n’est pas souvent que j’ai l’honneur et le plaisir de vous voir comme ça (…). Presque je vous découvre comme ça ! Car vous m’avez plutôt habitué à me harceler, à essayer de monter la population contre moi… Vous perdez votre temps ! Arrêtez de détériorer en permanence l’image de la station, pour un oui ou pour un nom. Reposez-vous un peu, prenez des vacances… Positivez un peu ! Plutôt, le dimanche matin, sur le marché, que d’aller faire signer des pétitions – j’ai vu d’ailleurs qu’on y trouvait sur vos pétitions beaucoup de gens d’ailleurs, vous allez les chercher jusqu’à Grasse près de Nice, mais très peu de Barcarésiens – allez-y sur le marché pour distribuer les “flyers” de nos animations. Vous seriez plus utile à faire la promotion du Barcarès plutôt que d’en détériorer l’image en permanence. Sinon, le dimanche, si vous ne pouvez pas rester tranquille et si vous avez vraiment besoin de bouger, de sortir, aller à la messe… On peut faire plein de choses le dimanche (…). Soyez constructif, pour une fois (…)”.

Plus loin, Alain Ferrand reprochera à Jean-Louis Disaro “de mener une fronde irresponsable… Alors que vous nous annonciez sur vos blogs que ce soir le conseil municipal serait envahi par des centaines de commerçants en colère, que ça allait être la révolution, la curie, le blocus… Je ne vois personne autour de vous ! Vous êtes bien seul (…). Pas un supporter pour vous supporter M. Disaro ! Où sont-ils, M. Disaro, tous ces gens qui soi-disant vous soutiennent ? A Grasse ? A Nice ?…”.

A partir de là, Le Citoyen barcarésien va reprendre ses distances et retrouver sa liberté d’expression. Il refusera de voter “pour” à quatre reprises, notamment lorsque le maire sollicitera du Conseil municipal “la protection fonctionnelle” en tant que 1er magistrat : “depuis plusieurs mois, le maire a fait l’objet de nombreuses imputations et insinuations qui constituent autant d’imputations et d’insinuations constitutives du délit de diffamation publique et du délit d’injures à l’endroit d’un citoyen investi d’un mandat public, publiées sur différents sites. Monsieur le maire a donc engagé une instance pénale et déposé une plainte avec constitution de partie civile à l’encontre de toutes personnes, que l’enquête permettra d’identifier, ayant participé donc à la commission de l’infraction du chef de diffamation publique envers un citoyen chargé d’un mandat public (…)”.

Comme cela se pratique dans toutes les collectivités locales, il était donc demandé aux membres du Conseil municipal que la commune prenne en charge les frais engagés par le 1er magistrat pour sa défense juridique. Le Citoyen barcarésien a refusé. La délibération a quand même été adoptée à la majorité.

Enfin, la passe d’armes la plus explosive de la soirée entre élus de la Majorité municipale et ceux de l’Opposition, a concerné la délibération pour “lancer la procédure d’expropriation sur une parcelle située à l’Estagnot”.

Mme Sabine Muller (Le Citoyen barcarésien) a annoncé la couleur d’entrée en disant qu’elle voterait contre : “Il s’agit là d’un acharnement injustifié contre une personne, M. Justamond en l’occurrence… Nous avons déjà perdu à six reprises contre lui devant les tribunaux… Que cherchez-vous Monsieur le maire ? Que la commune du Barcarès perde une septième fois ?… Nous voterons contre !”.

La réaction du maire du Barcarès ne s’est pas fait attendre : “Répétez Madame plus haut et plus fort ce que vous venez de dire, car je veux que demain tout Le Barcarès, et en particulier les nombreux habitants du secteur de l’Estagnot qui sont directement concernés, je veux que tout le monde sache Madame que vous défendez l’intérêt d’un particulier, d’un privé, contre l’intérêt général, contre la collectivité ! (…). Je ne harcèle personne (…), je défends simplement et justement le droit de passage d’habitants qui en ont assez d’être pris en otages au quotidien, et depuis des années !, par un individu fermé à tout dialogue et qui refuse de voir la réalité en face (…). Aujourd’hui, Mme Muller, sachez que cette position de la terre brûlée pose un véritable problème de sécurité, car même les secours, les sapeurs-pompiers en l’occurrence, ne peuvent accéder aisément au site. C’est cele que je défends, ça s’appelle l’intérêt général (…)”.

Frédéric Aloy, 2ème adjoint, délégué à l’Urbanisme et à l’Aménagement du Territoire, a relevé “l’incohérence de cette décision” du Groupe Le Citoyen barcarésien. “Vous manquez vraiment de logique !”, a-t-il reproché à Mme Sabine Muller. “Vous venez de voter la précédente délibération concernant l’acquisition de l’assiette des voiries de la ZAC de l’Estagnot… et vous rejetez dans la minute qui suit une délibération d’expropriation qui s’inscrit dans la suite logique de cette précédente délibération ??? C’est totalement illogique !!! Admettez-le”.