– “Le débat en cours pour décider du nom de la nouvelle région peut comporter le risque de vouloir opposer Occitans et Catalans. En ce sens nous observons un premier groupe de réactions qui tendent à stigmatiser la mobilisation des Catalans ;  tout d’abord en laissant penser qu’elle est l’œuvre majoritaire des Catalans du sud (qualifiés d’Espagnols) et non pas des Catalans habitant le département des Pyrénées-Orientales ou toute autre région qui devrait être française, comme si le destin des Catalans de ce département était, soit d’émmigrer vers la France, soit d’y demeurer à jamais, comme une sorte de ghetto. D’autres considèrent que ces Catalans ne sont qu’une minorité qui ne saurait imposer sa loi à la majorité.
Ces arguments sont à tout le moins malheureux. En fait, il existe une réelle mobilisation des Catalans du nord (les Français), pour voir reconnaître leur spécificité dans la nouvelle région, alors que peu de languedociens se sentent sans doute concernés par le choix du nom de la région, puuisque, qu’elle se dise Languedoc ou Occitanie, elle reconnaîtra leur identité.
Au passage certains profitent du débat pour égratigner la Catalogne du Sud, en voie de conquérir son indépendance politique, (dans la paix et par un processus démocratique exemplaire salué partout en Europe mais ignoré en France), en faisant valoir que la spécificité du val d’Aran n’est pas reconnue par la Catalogne. Si effectivement le Principat de Catalogne n’a pas adjoint le nom d’Aran à sa dénomination officielle, les languedociens et les occitans, pour peu qu’ils fassent l’effort de s’informer ne peuvent ignorer certains faits particulièrement importants pour la reconnaissance, politique et linguistique de ce val occitan. Le seul endroit où le fait occitan, culturel et politique, est reconnu officiellement c’est en Catalogne. Dans cette Catalogne du sud qui semble effrayer certains, la spécificité occitane de la Vall d’Aran, de sa langue mais aussi de son droit à l’autodétermination sont reconnus. Et cela alors que les aranais ne représentent qu’une minorité sur le plan démographique en Catalogne sud. Le parlement catalan, où siège une élue aranaise, qui s’y exprime en toute officialité et normalité en occitan, a approuvé une loi sur la protection de l’Aranais et les droits politiques d’autodétermination du Val, qui est bloquée depuis 2011 par le gouvernement espagnol.
Cette loi n’est qu’une de la trentaine de lois catalanes que l’état espagnol bloque, en utilisant les tribunaux, pour tenter d’empêcher la construction d’une nouvelle république catalane.
La Catalogne et l’Occitanie, ont une histoire, une culture et (presque) une langue commune, qui font que de tous temps il a existé une profonde communion entre ces deux peuples, qui a failli se concrétiser par la création d’un Etat Occitano-Catalan unissant les maisons de Barcelone et de Toulouse, mais c’était il y a bien longtemps. Depuis les migrations n’ont cessé dans les deux sens ; la dernière a été celle de l’arrivée des républicains catalans à Toulouse, qui les a accueillis dans leur exil du franquisme. Il n’est pas vain de rappeler ici que le grand-père maternel de l’actuel Président de la Generalitat de Catalogne, est mort à l’exil, dans le triste camp de Noé. Il y a entre la Catalogne et l’Occitanie plus d’affinités et de points communs que de discordances, dans leur passé, mais aussi dans leur présent et surtout dans leur futur.
Barcelone et Toulouse sont des villes tournées résolument vers l’avenir, les nouvelles techniques, l’instauration de mesures favorisant un développement durable, un système social juste. Et cela est possible, dans une Europe qui ne sera plus celle des états qui négocient en secret des accords avec les USA, mais dans une Europe des peuples, ou le mot démocratie recouvrera un sens qu’il a aujourd’hui perdu. Et ce qui permet de caractériser une démocratie, c’est le respect des minorités, quelles qu’elles soient.
Alors oui, Occitanie-Pays Catalan a du sens, celui de la démocratie, celui du futur, et nous saurons catalans, du nord et du sud, languedociens et occitans, le construire ensemble tournés résolument vers la construction de l’Europe des peuples”.Esquerra Republicana de Catalunya