(Communiqué)

 

Neiges catalanes : la neige d’aujourd’hui n’est pas celle de demain

 

 

-“Enneigement correct, fréquentation record : pour un temps, les inquiétudes sur le devenir de « l’or blanc » ne sont plus de saison. Pas question de gâcher la fête, surtout après la saison blanche de l’année dernière.

Et pourtant. Il faut avoir le courage de le dire : derrière la carte postale et les bons chiffres du jour, l’économie hivernale de nos territoires de montagne est en sursis. L’extrême douceur des températures constatées en Cerdagne et en Capcir ces dernières semaines devrait nous alerter. Il ne s’agit pas d’un épisode exceptionnel supplémentaire. Il s’agit du dérèglement climatique à l’œuvre. Et de sa logique implacable. L’augmentation des températures moyennes est deux fois plus rapide en altitude qu’en plaine. Elle induit des frais d’enneigement artificiel en hausse. Malgré cela, le nombre de journées skiables s’amenuise. Avec, à la fin, une rentabilité des stations bientôt introuvable.

Avons-nous vingt, trente ans devant nous ? Moins d’une dizaine d’années ? Pour qui se soucie réellement des conséquences humaines, et sociales, et économiques, et écologiques, de la fin des sports d’hiver tels que nous les aurons connus, la vérité doit être dite : nous allons droit vers la sortie de piste.

Rebaptiser les stations de ski « stations de montagne » est bien joli. Répéter en boucle la nécessité de penser « quatre saisons » est bien beau. Mais lorsque chaque bourgade sera dotée de sa luge d’été et de son complexe balnéo, aura-t-on avancé ? La course à l’équipement et à l’artificialisation de la montagne doit cesser. La montagne n’est pas une ressource à exploiter mais à préserver. La question n’est plus d’adapter la montagne aux pratiquants mais d’adapter les pratiques à la montagne – la montagne telle qu’elle est, telle qu’elle évolue.

Les investissements aujourd’hui programmés retardent d’autant plus le financement de décisions structurelles qui puissent préparer le proche avenir. Les stations catalanes génèrent chaque année un chiffre d’affaire de l’ordre de 25 millions d’euros. Il faut anticiper une situation où cette manne va se voir divisée par trois, quatre, ou cinq. Comment remboursera-t-on, alors, les fonds engloutis pour sauver, momentanément, les vacances des quelques 10% de Français ayant les moyens de se payer des forfaits ?

Aux antipodes de la fuite en avant aménagiste en cours, nous autres écologistes appelons à préparer le jour d’après.

Les financements publics doivent être fléchés exclusivement sur des investissements durables (zéro euros pour les canons à neige, rénovation des téléportés si et seulement si un usage estival est prévu). Les projets urbains doivent anticiper l’objectif de « zéro artificialisation nette » (et donc ne concerner que la rénovation ou réhabilitation de bâtis existants). L’argent public doit financer en priorité la reconversion professionnelle des travailleurs locaux, les possibilités d’accès à la montagne via des circulations douces, la renaturation des sites, l’accès de tous les publics, précaires y compris, à des séjours touristiques en montagne hors tout-ski”.

 

David Berrué, porte-parole EELV – Pyrénées catalanes