De gauche à droite, dans l’hémicycle du Département, ce lundi 12 février, les conseillers départementaux de droite : Robert VILA, maire de Saint-Estève, Armande BARRèRE, conseillère départementale de la Côte Radieuse, Isabelle DE NOËLL-MARCHESAN, adjointe au maire de Perpignan, et Romain GRAU., député de la 1ère circonscription des P-O.

 

Madame la Présidente, chers collègues, Mesdames, Messieurs,

Je ne pouvais pas manquer de prendre la parole après votre présentation des orientations budgétaires pour l’année 2018 pour notre collectivité départementale tant les mots employés sont d’une grande violence : fourberie, démagogie… et n’ont d’égal que les incohérences que vous dénoncez.

Je reprendrai depuis le début de votre raisonnement. D’abord le corset qui serait prétendument imposé par l’Etat. Comme nous le savons tous ici, l’argent qui est utilisé par la collectivité que vous dirigez est l’argent des contribuables. Il est normal que nous soyons tous vigilants à son emploi. Or que s’est-il passé pendant des années avec les collectivités publiques et la dépense publique : il s’est agi de l’augmenter sans cesse, de financer cette augmentation permanente par de l’endettement et, ensuite, d’augmenter les impôts. La France est donc devenue championne du monde de la dépense publique avec plus de 56% du PIB, la championne de la dette avec un endettement des collectivités publiques allant jusqu’à quasi 100% de notre PIB, soit plus de 2000 Milliards, et enfin la championne de la fiscalité avec des impôts pesant pour plus de 45% du PIB sur les entreprises et les particuliers. Cette situation a rendu notre économie léthargique par la trop grande fiscalisation des acteurs.
De manière plus inquiétante, le volume immense de dettes laissé par, notamment, les Gouvernements que vous avez soutenu, est devenu une bombe à retardement dès que l’augmentation des taux d’intérêts va arriver.
Il nous faut donc maintenant adopter la stratégie opposée pour redresser nos finances publiques et notre économie : contrôler la dépense publique pour pouvoir baisser le déficit et maîtriser la dette, et, ainsi, baisser durablement la pression fiscale pesant sur l’économie française afin de la rendre plus attractive et plus créatrice d’emplois.
Dans le même temps, nous sommes persuadés que la centralisation n’est pas une bonne stratégie. Nous sommes des girondins partisans de la libre administration des collectivités territoriales.

Le gouvernement a donc mis en place une stratégie de pacte permettant tout à la fois de contrôler la dépense publique tout en laissant les marges de manœuvres nécessaires à l’exercice des compétences dévolues, aux collectivités territoriales.
C’est la raison d’être de cette proposition de limitation de la croissance des dépenses de fonctionnement à 1,2% hors inflation. Je vous rappelle qu’il ne s’agit pas de baisse des dépenses publiques imposée unilatéralement par l’Etat.

Je vous rappelle aussi que les gouvernements qui ont dirigé la France de 2012 à 2107 ont, pour leur part, contraint les CT à réduire la dépense puisqu’ils ont décidé de baisser les dotations de plus de 11 milliards d’euros en moins de 5 ans. Si je prends un exemple local, cette politique conduite par les gouvernements que vous souteniez mordicus a entraîné une baisse de plus de 20M. d’Euro des budgets de fonctionnement de la mairie de Perpignan. Et à cette occasion, nous ne vous avons jamais entendu évoquer un quelconque corset ni protesté par des cris d’orfraie comme vous le faîte aujourd’hui.
Le Gouvernement actuel n’adopte pas la même stratégie malthusienne que les gouvernements socialistes et préfère miser sur la contractualisation et l’effort commun de toutes les collectivités publiques pour limiter la croissance et non réduire les dépenses de fonctionnement. C’est que nous sommes en effet persuadés que derrière la dépense publique, il y a des services publics qu’il convient aussi de préserver et d’améliorer. Plus précisément, nous ne sommes pas dans la tartufferie consistant à adopter un discours et lorsque nous sommes aux manettes faire l’exact contraire de ce que nous prônons dans nos discours. C’est donc là aussi l’inverse de ce que vous faites.

Venons-en maintenant au Conseil départemental des Pyrénées-Orientales en particulier. J’ai lu avec attention vos documents ainsi que l’article qui vous était consacré dans l’Indépendant samedi dernier. J’y ai lu beaucoup d’autosatisfaction et la volonté de rejeter la responsabilité des problèmes sur d’autres. Je crains que cette stratégie ne fasse un flop.
Je vous rappelle que le Gouvernement que je soutiens dirige notre pays depuis moins d’un an. Il est très difficile de dire que ce Gouvernement n’a pas encore fait en 6 mois ce que les gouvernements précédents que vous souteniez ont mis 5 ans à ne pas faire. Votre majorité départementale, en revanche, dirige le département depuis près de vingt ans. C’est dire si vous êtes responsables de la situation de notre département : 15% de chômage, beaucoup de pauvreté, absence de stratégie économique, dépenses de communication démesurées …

Il est encore temps de changer de stratégie, et comme notre groupe a le sens de l’intérêt général chevillé au corps, nous vous faisons quelques propositions afin de redresser la barre au plus vite.

Tout d’abord, pour faire face au soi-disant corset que vous prétendez que l’Etat va vous appliquer, il y a une piste que vous devriez exploiter très vite, c’est une piste d’économies de dépenses de fonctionnement que vous pouvez effectuer sans douleur pour les Catalans qui n’en seront que soulagés de ne pas voire autant de gabegies. Les dépenses de communication qui sont toujours aussi excessives et que vous éclatez entre plusieurs budgets, ces dépenses ne créent aucune valeur et ne sont que de la poudre aux yeux.

Ensuite, sur le plan économique, au lieu de se satisfaire sans cesse de l’existant, nous pouvons espérer que vous adoptiez enfin une stratégie pour le développement du tourisme dans notre département et ce afin d’améliorer les recettes tirées de ce qui constitue une des principales activités économiques de ce territoire. Cette stratégie ne peut être pertinente que si elle est le fruit de discussions sérieuses et étroites avec les entrepreneurs de ce secteur. Elle ne peut être pertinente que si elle évite les dépenses sans recherche de résultat concret comme l’avait noté la CRC il y a deux ans dans son rapport sur le CDT  (Comité Départemental de Tourisme) qui pointait du doigt des déplacements en Chine ou à Barcelone inclus dans les frais de communication, mais sans retour.
De même, le déploiement du Très haut débit ne devrait-il pas être repensé à l’aune des avancées que nous pouvons attendre de l’engagement des opérateurs sous la contrainte du gouvernement de résorber toutes les zones blanches de 4G d’ici 2020 nous permettant d’obtenir le Haut débit partout dans le département. Je vous rappelle que seulement 12 millions d’euros sont prévus au budget de cette année pour le plan local THD et qu’il reste encore à investir 98,6 millions d’euros d’ici 2022 pour dérouler ce plan, soit 33 millions d’euros par an. Comme, nous vous l’avons dit depuis le début de ce plan, nous soutenons ces efforts d’équipement de notre département. Mais nous sommes aussi attentifs à ce que ne soit que poudre aux yeux ou dépenses excessives.

Pour conclure, il est bon que nous limitions la hausse des dépenses de fonctionnement et c’est là un vrai clivage entre vous et nous. Il serait bon que nous mettions en place des stratégies concertées avec les professionnels de développement des principaux pans de notre économie pour que le département redémarre. Pour être plus explicite, je pense que nous nous devons de trouver les ressorts ici du rebond et ne pas nous réfugier dans des discours déresponsabilisant”.

Si le département va mal c’est de votre faute pas celle du Gouvernement. Bref, n’allons pas chercher des responsables à nos maux ailleurs qu’ici.