Samedi dernier, à Prades, avait lieu l’inauguration de la “Maison de l’Orry”, située sur la route de Clara, un établissement spécialisé qui hébergera 42 personnes handicapées et qui permet de les accueillir désormais dans un bâtiment donc flambant neuf tout en leur proposant de nombreuses activités.
C’est une opération de grande ampleur, tant au niveau économique et social qu’au niveau architectural, puisqu’elle a nécessité un investissement de 7 millions d’euros, pour presque 3 000 m2 de surface bâtie sur environ un hectare de terrain.
Dans son discours, remarquable du début à la fin, Mme Rose de Montella, présidente de l’association “Joseph Sauvy”, a salué la présence de tous les acteurs et partenaires qui ont permis l’aboutissement de ce projet hors du commun, elle s’est félicitée de cette si belle et si indispensable réalisation pour tous : “… Il était temps que toute la “famille” de la MAS soit rassemblée en un même lieu car les équipes et les voitures commençaient à fatiguer (…). Le projet aurait eu du mal à aboutir sans l’intervention énergique de M. Castex (maire UMP de Prades et conseiller régional) et son appui technique (…). Il me semble important de souligner que nous avons souhaité inscrire le projet immobilier dans le cadre de la politique d’économie d’énergie et de développement durable. C’est dans cette optique que nous avons opté pour l’installation d’un chauffage géothermique. Cette nouvelle technique a nécessité un grand nombre de forages et a engendré un coût d’environ 300 000 euros. Cet investissement conséquent n’a pu être réalisé que grâce à l’appui déterminant du Conseil régional, pour 28 %, de l’Etat au travers de l’ADEME, pour 23 %, et du Conseil général au travers des “Terres Romanes”, pour 19 %. C’est donc grâce à l’ensemble de ces partenaires que nous pouvons avoir un chauffage conforme aux ambitions de l’Etat et des collectivités territoriales (…). Je remercie tout le monde car nous avons pu mesurer votre attachement et votre soutien à cette action solidaire au service des territoires (…). Comme dirait Woody Allen : “Je m’intéresse beaucoup à l’avenir, car c’est là que j’ai l’intention de passer le reste de mes jours”…
Heureusement que dans ce discours, Mme Rose de Montella a, en quelque sorte, remis les pendules à l’heure, avec force et détails. Et surtout avec tact.
Car, en effet, cette cérémonie inaugurale avait plutôt mal commencé, tellement les puissances invitantes avaient fait preuve de maladresses, volontairement ou involontairement en cette période pré-électorale des “cantonales” – rappelons que le canton de Prades fait partie des 16 cantons des P-O renouvelables – en oubliant sur le carton d’invitation (ainsi que sur la traditionnelle plaque de marbre) de citer l’ensemble des partenaires ayant pleinement contribué à la réalisation et au succès de cette “Maison de l’Orri”.
– “C’était tellement flagrant, tellement gros, que j’avais l’impression d’assister à une réunion de l’UMP, car eux ils y étaient tous, sur le carton, aux côtés de Monsieur le Préfet ; le maire Jean Castex, le député François Calvet, le sénateur Paul Blanc”, n’a pas manqué de relever Mme Ségolène Neuville, conseillère générale, qui représentait à cette manifestation l’Assemblée départementale ainsi que le président de la Région, Christian Bourquin.
Mme Ségolène Neuville était particulièrement remontée parce que, entre autre, sur le fameux “bristol”, ne figuraient ni le Conseil général des P-O ni la Région Languedoc-Roussillon, “alors que nous avons financé toute l’installation de géothermie pour le chauffage et la climatisation, comme l’a si justement souligné dans son intervention Mme Rose de Montella. La Région a mis sur la table 100 000 euros, le Conseil général de son côté a apporté 70 000 euros ! Alors, je sais bien que face à l’enveloppe de l’Etat, 7 millions d’euros, cela peut paraître dérisoire, mais c’est une question de principe. D’autant que l’investissement que nous avons fait dans ce projet va en plus permettre à la Maison de l’Orri de réaliser une économie annuelle d’environ 15 000 euros au niveau du chauffage. D’autant, en plus, que nous avons rejoint l’Etat dans une compétence qui ne nous concerne pas traditionnellement. Alors, pour une rare fois que deux collectivités territoriales, la Région et le Conseil général, subventionnent l’Etat, je crois que cela méritait d’être dit ou, pour le moins, signalé. Comme nous avions participé au financement, même si ce n’est pas grand chose, c’était logique que cela soit mentionné sur le carton d’invitation… Or, nous étions là en présence d’une invitation à la gloire de l’UMP. J’ai trouvé cela mesquin. D’autant, encore, qu’il est juste de rappeler que c’est l’ancienne municipalité de Prades, celle de M. Jean-François Denis, qui a offert le terrain pour ce projet, et que c’est M. Pierre Estève qui s’y est également et totalement investi pour le porter à son terme. Là est aussi la réalité (…)”.
L’intervention de Mme Ségolène Neuville a forcément jeté un froid dans une partie de l’assistance, certains, une poignée, la huant – “Je voulais dit que ça ressemblait à un meeting de l’UMP !” – d’autres au contraire la félicitant “pour cette courageuse sortie”… “J’ai bien vu que quelques uns, parmi les officiels, se sentaient un peu responsables de cette situation, ils ne regardaient que leurs chaussures…”.
Le docteur Paul Blanc, sénateur UMP, ancien maire de Prades (1989-1995), a pris la parole pour dire “Que le lieu n’était pas à la polémique (…)”, le Préfet Jean-François Delage semblait déstabilisé… Mais ces réactions n’ont pas pour autant démotivé Mme Ségolène Neuville qui a solidement campé sur ses positions jusqu’à la fin des discours. Et à une des architectes qui s’approchait d’elle pour lui dire qu’elle n’y avait pas été avec le dos de la cuillère, Mme Ségolène Neuville lui a carrément répondu : “Dites plutôt que vous vous en sortez bien, car à ma place M. Christian Bourquin aurait été encore plus virulent. Ce qui a été fait aujourd’hui ne relève pas de la conception que chacun doit avoir de la République”.