Ukraine : il ne faut pas rêver !
À l’issue du Conseil européen des jeudi 23 et vendredi 24 juin 2022 à Bruxelles, les États membres, par l’intermédiaire de leurs chefs d’État et de gouvernements, viennent d’accorder le statut de candidat à l’Ukraine.
Or, l’Ukraine n’est pas en mesure de remplir les standards de l’Union européenne en matière d’État de droit, de lutte contre la corruption, et de protection des droits des minorités.
Et ce n’est pas demain la veille que cela puisse se produire. D’ailleurs, ses dirigeants n’ont jamais respecté les accords de Minsk signés le 6 septembre 2014 et puis le 11 février 2015.
Depuis 2014, ses dirigeants ont soutenu et financé les néonazis du régiment AZOV dans leurs exactions perpétrées particulièrement dans le Donbass. Pire encore, l’État ukrainien se refusait de verser les pensions et les prestations sociales dans le Donbass.
En réalité, les droits de l’Homme, l’égalité des droits entre les populations régionales ainsi que la dignité humaine n’ont jamais été au centre des décisions politiques de Kiev au cours des huit dernières années.
En octobre 2017, le gouvernement ukrainien avait déclaré vouloir faire de l’ukrainien la principale langue d’apprentissage dès le CM2. D’abord, avant cela, Il avait déjà interdit la diffusion des films russes ainsi que les prestations des artistes en provenance de la Russie.
Dans certaines régions de l’Ukraine, il est interdit de parler en langue russe. En cas d’infraction, les contrevenants peuvent écoper d’une amende avoisinant 200 euros. Que dire de cette initiative qui s’avère contraire à la Constitution ukrainienne et à la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires en vigueur depuis 1992 ?
Curieusement, le président Emmanuel Macron avait suggéré en mai 2022 la création d’une Communauté politique européenne, permettant d’intégrer à la construction européenne des pays qui ne font pas partie de l’Union européenne. Il affirma que « cela permettrait de créer une sorte d’antichambre avant l’adhésion, pour marquer déjà une proximité plus forte. Cela pouvait se faire par des accords d’association ».
Mais voilà : un tel accord d’association existe bel et bien depuis le 1er septembre 2017 entre l’Ukraine et l’Union européenne…
En outre, cet accord de libre-échange approfondi et complet existait à titre provisoire depuis le 1er novembre 2014 !
Qu’on se le dise :
-Au cours des dernières années 17 000 étudiants ukrainiens ont eu la capacité de participer au projet Erasmus.
-Depuis 2014, l’Union européenne et les institutions financières européennes ont mobilisé une enveloppe sans précédent de plus de 17 milliards d’euros sous forme de prêts et de dons en faveur de l’Ukraine.
-Et pour aider l’Ukraine à faire face aux conséquences socio-économiques de la pandémie COVID-19, l’Union européenne a fourni une enveloppe de 1,2 milliard d’euros d’assistance financière, en plus d’un ensemble de mesures d’aide d’un montant de 190 millions d’euros…
Bien que le rythme les dépenses s’accélèrent follement au titre du soutien à l’Ukraine, l’inflation devrait s’accroître vertigineusement dans l’ensemble de l’Union européenne.
Il convient surtout de ne pas oublier qu’en 2008, le gouvernement grec avait décidé de fermer les banques pendant une semaine !
En 2012, François Fillon, alors Premier Ministre, n’avait t-il pas déclaré : « Je suis à la tête d’un État en faillite » ?
Et dire que l’Europe c’est la paix et la prospérité ! C’est si joliment dit.
Rappelons-nous de la mise en garde lancée à l’Assemblée nationale par feu Philippe Seguin lors de son discours le 5 mai 1992 : « Mais voilà qu’on nous assure que Maastricht serait la condition de la paix et de la prospérité, ce qui signifie par là même que son échec équivaudrait à la régression et, j’imagine, à la guerre ».
Nous y voilà donc !
Henri Ramoneda