A LA RECHERCHE DU SENS PERDU
Libre pensée de Christophe Euzet*

 

-Il n’aura échappé à personne que l’actualité internationale a de forts relents de testostérone. Pendant ce temps, au pays d’Astérix, on joue à grand bruit la symphonie des architectes du déclin. Pourtant, pour faire face aux danger à venir, il vaudrait mieux se retousser les manches et serrer les coudes. Si vis pacem…

Testosterone

Les chefs de la salle de gym sont au nombre de trois. Ils veulent annexer Taïwan et la mer de Chine, la l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, le Canada, le Groënland ou le canal de Panama.

Ils ont pris leurs marques sur la scène internationale et veulent tous trois en découdre avec la faiblesse du monde qui les entoure en bandant leurs muscles au maximum. La démocratie les indispose. Les visionnaires du profit sont à leurs côtés. Outre-Atlantique, ce sont treize milliardaires qui dirigent désormais l’administration qui prend place (ils ont leurs homologues dans l’Empire du milieu et au pays des Tsars).

Tous n’ont de l’Homme et de ses questionnements qu’une vision condescendante : ceux qui réclament quelque chose sont ceux qui ont perdu la bataille naturelle de la loi du plus fort. A leur service se trame, en douce, un Piège en « like » majeur : devenus les rois adulés des plateformes qui accueillent les réseaux sociaux, ils ont entrepris la démolition industrielle de la vieille Europe qui, de procrastination en autoflagellation, a fini par croire ce qu’ils lui disent d’elle : « X, Tiktok et Instagram l’ont tuer ».

Architectes du déclin

Le club des plieurs d’échine est allé, en rangs serrés, ployer le genou devant sa Majesté le Gourou ressuscité du pays de l’Oncle Sam. Populistes en devenir, grenouilles se rêvant aussi grosses que le boeuf, ils ne savent pas que la meilleure des marques d’estime que l’on puisse témoigner à un ami est de lui dire ses désaccords. Ils n’en n’ont cure et se verraient, de retour bien chez eux, en roitelets omnipotents, assis sur les ruines de leur ascension.

Pendant ce temps, au village d’Astérix, on se dispute : « Ils sont frais mes poissons, ils sont frais ! ». On s’échine sur le dernier trimestre à travailler, sur les stratégies de blocage et de déblocage des institutions : on parle révolution, assemblée constituante, avènement d’une démocratie populaire. Dans le domaine Zombilitique, d’aucuns entendent même des voix qui leur intiment l’ordre sacré de repartir à la conquête du pouvoir. Retour vers le futur du passé.

Si Vis Pacem

La période est difficile et le bateau tangue. On connaît pourtant bien l’adage : les doigts séparés ne feront jamais un poing et il serait temps de songer, au lieu de l’isolement suicidaire que nous suggère le gang des gros bras, de s’unir à vingt-sept pour faire face au danger qui nous guette.

Oui, car nous sommes une terre de convoitise, divisée et non gardée. Pas seulement par des hordes de migrants, mais aussi par le club des bodybuildés. Or, comme on le sait trop bien, les belles paroles n’arrêtent pas les flèches. Les isolationnistes et les déclinistes patentés, comme les parlementaires hors-sol qui oeuvrent pour un grand soir révolutionnaire, n’ont pas du tout pris la mesure du problème qui nous fait face et ils mentent au pays en le conduisant à sa ruine.

Il n’est plus l’heure de compter les nuages. Il nous faut d’urgence reprendre connaissance, débrancher un peu les réseaux sociaux et nous retrousser les manches en nous serrant les coudes. Quand on veut vraiment trouver la paix…

 

*Christophe Euzet, Maître de Conférences en droit public