Alors que nous commémorons en ce mercredi 26 août 2015 le 1er anniversaire de la mort de celui qui fut l’Emmanuel Brousse du XXIème siècle, et que le peuple socialiste se réunit ce soir à Força Réal, nous pouvons nous interroger sur ce qui reste de son héritage.

Christian Bourquin était de ces hommes qui ne laissent jamais indifférent, par sa personnalité tout d’abord, par l’énergie qu’il déployait ensuite, par amour de la chose publique et surtout par amour de son Département, du Pays Catalan !

Maire de Millas, Conseiller général, député, président du Conseil général des Pyrénées-Orientales, président de Région Languedoc-Roussillon et sénateur des P-O, il a su au travers de ses divers mandats politiques marquer les Pyrénées-Orientales de son empreinte.

Du lac des Bouillouses à Paulilles, du Canigou aux Fenouillèdes, il n’y a nul endroit qui n’ait été arpenté, étudié, aménagé par Christian Bourquin.

Sur le plan politique, il faut lui attribuer la plus belle victoire de la gauche : celle de mars 1998 ! Personne n’y songeait, lui y croyait : la prise de l’Hôtel du Département, face au docteur René Marquès, alors sénateur centriste des P-O et maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque.

Dix-sept ans plus tard, la citadelle semble imprenable. Malicieux couturier, il a su profiter du redécoupage pour faire rester le département dans le giron du PS et de ses alliés communistes et radicaux.

Cadeau venu à point nommé au mois de mars 2015, alors que certains faisaient déjà leurs cartons à l’Hôtel du Département et que d’autres compagnons de route du Président Bourquin, dont le nom ne restera pas gravé dans le marbre, préféraient ne pas descendre dans l’arène.

C’est aussi l’homme du renouveau au sein de la fédération catalane du Parti Socialiste. Il a su réveiller les militants et les sympathisants pour les faire adhérer à son rêve de renouer avec le « Midi rouge ». C’est presque chose faite en 2012 : 3 députés sur 4 et un poste de sénateur qu’il est allé décrocher en septembre 2011. Seule ombre au tableau : la ville de Perpignan qui a toujours résisté aux assauts du fougueux millassois.

Ce fut également le père des « Bourquinettes »… et c’est peut-être de ce côté-là que nous devrions chercher un héritage.

Alors que certaines restent plus ou moins anonymes, deux se sont clairement démarquées.

–  Ségolène Neuville, conseillère départementale (et désormais 1er secrétaire de la Fédération catalane du PS – elle a succédé à Jacques Cresta), dont l’ascension politique semble la plus fulgurante : depuis plus d’un an elle occupe le poste de secrétaire d’Etat en charge des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion dans le Gouvernement Valls.

–  Hermeline Malherbe, présidente du Conseil Départemental et sénatrice des P-O, qui doit tout à son mentor. On se souvient que sa phrase “Quand un plat se présente, il ne faut pas le laisser passer”, [interview au journal L’Indépendant le 20 septembre 2014. NDLR] a fait grincer les dents des « vieux grognards » de Christian Bourquin.

Mais il en fallait plus que ça pour empêcher la boulimique de Saint-Assiscle de se faire réélire confortablement à la tête de l’Assemblée Départementale.

Pourtant il n’y a pas d’héritage à chercher ici ou là. Bien que l’on se réclame officiellement de Christian Bourquin, on en a ni l’étoffe ni le talent, pas plus d’ailleurs que les capacités !

On ne peut réduire son action à celle d’un prince bâtisseur en donnant son nom, à quelques jours d’intervalle, au collège de Millas et au lycée d’Argelès-sur-Mer.

Non, Christian Bourquin était plus que cela, plus que ce rôle réducteur de politicien, de fin tacticien et stratège dans lequel on veut parfois l’enfermer, l’isoler. Un an jour pour jour après sa disparition, nul ne peut se réclamer l’héritier politique de Christian Bourquin car il appartient désormais à l’ensemble de la population du Pays Catalan, de notre département et de notre région, pour lesquels il a tout sacrifié, tout donné.

Comme le confiait à un plumitif, récemment, un élu de l’Assemblée Départementale en terrasse du Grand-Café de La Paix à Perpignan : “Il n’y a pas d’héritiers du Bourquinisme, seulement des orphelins qui doivent faire face à des rapaces”.

B.S.

Ce mercredi 26 août 2015, un espace dédié à Christian Bourquin sera ouvert au public à l’Hôtel du Département, qui Sadi-Carnot à Perpignan. La Présidente Malherbe et les conseillers départementaux s’y rendront dès 9h 30 pour saluer sa mémoire.