Comme cela avait été proposé par l’association « Villa Stagelo », ce jeudi 15 novembre à 18 h, à l’espace Mandela, nous avons eu le plaisir d’aller à la rencontre de Michel CADé, historien et homme de cinéma, et d’André TORREILLES, artiste aux multiples talents, venus donner lecture de poèmes appropriés.

Une odeur de charnier semblait flotter en ce jeudi soir dès l’entrée dans la salle. Était-ce la perspective de l’énoncé de milliers de morts dans les batailles au travers du monde ou autre chose ? Nous ne le saurons pas. Nous optons cependant pour la première hypothèse.

La guerre dans le monde, en Europe et en France

La conférence devait débuter par la lecture d’un poème d’Albert BAUSIL, lu avec une voix empreinte d’émotion, par André Torreilles. Intitulé « Nos morts », cet écrit du poète est à la mémoire de ses amis catalans qui ne devaient pas revenir.
C’était au tour de Michel Cadé de montrer les circonstances de l’entrée en guerre. Si nous avons l’habitude de ne voir le conflit que sur le sol national, il devait montrer que d’évidence, cette guerre avait commencé depuis le début du siècle dans les Balkans. Pourtant, l’économie se portait bien et les peuples favorables à la paix, semblaient être majoritaires. À tel point, qu’une monnaie unique existait déjà, entre plusieurs États. En fait, personne ne voulait de la guerre. Elle a pourtant eu lieu. L’Histoire nous a appris que des “va-t-en guerre” continuent d’exister, mais cela est une autre histoire. D’où la nécessité de toujours continuer à être vigilants. De continuer à transmettre la mémoire de ce conflit qui n’a apporté, comme tous les autres d’ailleurs, que la désolation, misère et pleurs.
Pour nos poilus, qui sont partis la fleur au fusil, la guerre ne devait durer que quelques mois. Il s’agissait de reprendre l’Alsace et la Lorraine et nos soldats se voyaient défiler dans les rues de Berlin très rapidement. Nous savons que le conflit a été tout autre. Meurtrier dès le début, les deux tiers des soldats d’Estagel morts au front, devaient tomber les premiers mois. Les nationalismes pouvaient ressurgir. Le sang de toute cette jeunesse sacrifiée, allait abreuver la terre comme à Verdun ou, pour gagner 12 km, 400 000 êtres humains sont tombés sous la mitraille, les obus.

Notre département

Michel Cadé, devait dans sa conférence, apporter une note particulière sur la guerre dans notre département. À ces dires d’historiens, des troubles ont eu cours dans les Pyrénées-Orientales. Les deux régiments en présence, au commencement de la guerre, étaient composés pour l’essentiel de Catalans. Avec l’avancé du conflit, il en a été tout autrement. Cela n’a pas empêché les habitants du département, de continuer à suivre l’évolution du conflit au travers de ces deux régiments.
Par ailleurs, des lettres de soldats, montrent que les écrits essayaient d’épargner les parents, les familles, de l’atrocité du conflit.
D’après l’historien, pour notre département, l’unanimité pour la guerre était moins générale qu’ailleurs et un mouvement pacifiste a vu le jour. L’explication en serait en partie, parce que la population était d’avantage au contact de la guerre par l’intermédiaire des hôpitaux ou de nombreux militaires étaient soignés et restaient en convalescence.
En effet, les rapports entre soldats et autochtones devaient se multiplier. Ainsi, à Perpignan, la vie continue d’une manière quasi-normale, avec des animations constantes. Les salles de cinéma, qui pouvaient accueillir jusqu’à 4 000 personnes, ne désemplissaient pas. Perpignan s’amuse comme jamais d’après le conférencier.
La signature de l’armistice devait se réaliser pendant la foire de la Saint-Martin.
Les poilus qui reviennent, découvrent un monde changé.
Pour clôturer la conférence, André devait donner lecture d’un poème d’ARAGON, « Tu n’en reviendra pas ». Rappelons que cet immense poète a connu les deux conflits. Celui de la « der des der » et de 1940.
Nous avons plaisir à dire, que les deux hôtes de l’association « Villa Stagelo », Michel et André, se sont complétés à merveille. Nous pensons que leur duo est à retenir pour d’autres initiatives, mais nous l’espérons, pour des choses plus gaies, plus légères. Dans tous les cas, c’est bien ce que nous espérons.

 

 

Joseph JOURDA.