La profession, le métier, de journaliste, serait-il en voie de disparition… ou tout simplement sur la voie du déclin ?

Il y a une quinzaine de jours, une affaire d’Etat – on peut le dire ainsi : deux journalistes français étaient éclaboussés par un scandale pour avoir tenté de faire chanter le roi du Maroc, Mohammed VI. Pendant quarante huit heures, les deux journalistes ont tenté de se placer en victimes, soutenus par le corporatisme d’un secteur médiatique en errance,  mais leurs différentes et abracadabrantesques versions des faits n’ont pas fait long feu. Les deux journalistes ont été mis en examen (inculpés comme on a le courage de le dire encore en Suisse !) “pour chantage et extorsion de fonds”… Et le France (re)découvrait qu’il existe aussi des “ripoux” chez les journalistes comme chez les flics, les avocats, les hommes politiques bien sûr, etc.-etc. Une quinzaine de jours plus loin, “l’affaire” est étouffée, en attendant le prochain épisode.

Il y a quelques jours, c’est une journaliste hongroise qui se fait remarquer. Et avec elle, bien sûr, la profession. Elle est filmée à la frontière entre la Serbie et la Hongrie en train de faire plusieurs croche-pieds à des migrants… Elle porte un foulard comme pour mieux se cacher, se masquer, dans l’accomplissement de ses actes insupportables. A moins que ce ne soit pour se protéger des gaz lacrymogènes de la Police hongroise, ou des odeurs pestilentielles des migrants ? C’est honteux. C’est inqualifiable. Elle présentera plus tard des excuses dans une lettre publiée jeudi dernier (10 septembre 2015) dans le quotidien hongrois, Magyar Nemzet  : “j’ai eu peur (…). J’ai juste pensé que j’étais attaquée et que je devais me protéger”, se justifie l’encore journaliste qui se dit “vraiment désolée” et refuse d’être prise pour une “raciste sans cÅ“ur qui frappe des enfants (…). C’est dur de prendre de bonnes décisions dans un moment de panique”. Mais comment peut-on avoir peur d’un père de famille qui passe à côté de vous (et pas sur vous comme en témoigne la vidéo) avec un enfant dans les bras ? Décidément, les journalistes manquent de contenu quand il s’agit d’expliquer les faits… Une enquête criminelle a été ouverte dans le cadre de cette affaire, à la demande de deux partis politiques d’opposition hongrois. Précisons que la journaliste visée ici était (car elle a été virée) employée par la chaîne de télévision N1TV, proche dit-on du parti d’extrême droite Jobbik.

Hier, c’est le député Patrick Devedjian (LR/ Les Républicains), qui lors d’une conférence de presse aurait ironisé ainsi concernant la situation de réfugiés syriens et irakiens en provenance d’Allemagne : “Les Allemands nous ont pris nos Juifs, ils nous rendent des Arabes”. Propos tenus incroyables, d’une extrême gravité, qui, ailleurs, dans nombre de démocraties occidentales auraient été immédiatement sanctionnés par le Parlement… et les journalistes, nous y revoilà ! Eh bien non, juste un entrefilet, par exemple, en page 6 du quotidien national français le plus diffusé, Le Figaro, seulement pour étouffer la polémique car visiblement il s’agissait d’une “boutade humoristique certes déplacée”… “C’est une maladresse, ça n’est pas d’une grande intelligence, je l’admets”, a plaidé Patrick Devedjian. Sauf que Patrick Devedjian n’est pas Guy Bedos. Sauf que Patrick Devedjian n’est pas Anne Roumanoff… On imagine le ramdam et le raffut médiatiques qu’auraient provoqué de tels propos (inadmissibles et nauséabonds) sortis de la bouche de Jean-Marie Le Pen. Les propos auraient dégouliné à la Une de tous les journaux !

Alors oui, la profession, le métier, de journaliste a un vrai problème. Jour après jour, scandale après scandale, le poids des journalistes dans le sens de l’information fond comme neige au soleil. Assisterait-on à la faillite d’une profession qui a oublié – ou qui ne le veut pas ? – de se remettre en question, en cause… Car dans les trois exemples cités ci-dessus, c’est aux internautes qu’il faut rendre hommage pour leur “travail” et leur courage ! “Travail” (entre parenthèses) parce que effectué sans carte de presse. Même le festival international du photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’image, qui s’achève n’a pas cru bon de programmer une telle question, ne serait-ce que pour ouvrir, lancer le débat…

J-M M.