A trois semaines du week-end de Pâques qui marque traditionnellement le lancement de la saison estivale, dans la plupart des stations balnéaires du littoral roussillonnais, l’heure est très grave : nombre d’établissements du secteur touristique – hôtels, restaurants, bars… – manquent cruellement de bras. D’ores et déjà certains envisagent de retarder leur ouverture, de s’imposer une fermeture hebdomadaire en haute saison estivale, etc.
–“Très sincèrement, je ne sais pas comment nous allons faire pour ouvrir à Pâques, s’inquiète un restaurateur argelésien. Pour la première fois, à ce-jour, et malgré diverses actions jusque sur les réseaux sociaux pour mettre en lumière nos offres d’emploi, nous n’avons reçu aucune demande, aucun CéVé…”.
Un autre, toujours sur la côte catalane, déplore qu’au niveau des décideurs, “Qu’il s’agisse de nos élus, des services de l’Etat ou des syndicats professionnels de l’Hôtellerie… rien ou presque n’a été rééllement entrepris pour, par exemple, nous aider dans l’hébergement des travailleurs saisonniers, comme cela existe dans certaines municipalités dans les Alpes, sur la Côte d’Azur ou en Corse, par exemples”.
Car, toujours selon cet acteur du tourisme dans les P-O, “le principal handicap à l’attractivité de nos métiers saisonniers, c’est l’absence de possibilité de loger nos personnels. Dans nos stations balnéaires, les propriétaires préfèrent louer au mois, voire à la petite semaine, ça leur rapporte plus. Ajoutez-y le phénomène Airbnb… J’ai des confrères qui payent leur personnel largement au-dessus de la moyenne, jusqu’à 2 500€ pour un plongeur, mais cela n’est pas incitatif, cela reste insuffisant au regard du loyer qu’un employé devrait débourser pour arriver à se loger chez nous en été. Même s’il vit à Perpignan, à la fermeture du restaurant ou du bar il n’aura aucune possibilité de rentrer chez lui s’il n’a pas son propre moyen de locomotion. Passés 20H pour les bus, ou 22H pour les TER, il n’y a plus rien. N.A.D.A.”.
Cela fait des années, trois décennies plus précisément, que le problème subsiste, s’amplifie, au point de devenir aujourd’hui sur le sol roussillonnais une verrue socio-économique qui perturbe le fonctionnement de l’activité touristique.
Depuis trois décennies, chacun, parmi nos décideurs, y va de sa mesurette : ici, une journée avec le Pôle Emploi et la MLJ66 pour le recrutement, mais qui hélas au final bien souvent n’a aucun débouché sur le terrain une fois le rideau baissé ; là , une mairie qui nomme un(e) référent(e), mais qui à l’arrivée ne sert malheureusement strictement à rien ; ailleurs, le coup de gueule mendiant des syndicats professionnels pour taper sur les autorités, lesquelles continuent dans bien des cas de faire la sourde oreille ; etc.-etc.
Mais, concrètement, qu’en est-il réellement ? Tout ce “petit monde” ne pourrait-il pas se réunir en conclave, à plusieurs reprises, hors saison, pour enfin mener une véritable réflexion et ne plus attendre le dernier moment pour mettre les pieds dans le plat ?
Cela fait des saisons, des années, que l’on voit, à Argelès-sur-Mer et à Collioure, notamment, aux mois de juin-juillet-août, des travailleurs saisonniers dormir dans leur voiture, sur la plage, dans un jardin, jusque dans des toilettes publiques !… sans que cela n’interpelle personne ?
Désormais, il y a urgence. C’est l’ensemble de la “filière touristique” qui est concernée, menacée.
L.M.