Tribune Libre/ Claude Barate* : commentaires d’après 1er tour (des élections législatives)
par adminLuc le Juil 1, 2024 • 19 h 15 min Aucun commentaire*Par Claude Barate universitaire, député honoraire
-“Ce premier tour des législatives m’amène à faire quelques remarques.
Impressions de campagne du 1er tour.
La démagogie a battu son plein. Face au vrai problème du pouvoir d’achat, la gauche a voulu nous faire croire qu’avec elle, la retraite reviendrait à 60 ans, que la durée du travail passerait à 32 heures, pendant que le SMIC serait élevé à 1 600 € et les salaires augmentés. Le choc en perte de pouvoir d’achat, de la retraite à 60 ans et de la semaine de 35 heures, n’a pas suffi ! C’est la carotte qu’on met devant l’âne pour le faire avancer.
J’ai déjà dit que ce qui bloque les salaires, c’est le cout prohibitif des charges sociales qui pèsent sur les salaires. Pour augmenter les salaires, il faut changer la nature du système de financement de la sécurité sociale, en faisant peser sur la consommation et non pas sur le travail, la recherche de ressources. Je ne reviendrai pas sur le sujet. Mais je dis aux électeurs : ne vous laissez pas tromper par des promesses en trompe l’œil.
Par ailleurs, la plupart des leaders de la gauche, confondent la préférence nationale avec du racisme. Cela est curieux de la part de gens éduqués. Le racisme se rattache à un comportement sur les races, et non pas sur la citoyenneté.
Ainsi, on peut dire qu’était raciste la politique d’apartheid qui régnait à l’époque en Afrique du Sud, réservant un développement différent des communautés noires et blanches. Était raciste également la situation aux USA, jusqu’au milieu du siècle dernier qui réservait aux seuls blancs, l’accès à des services ou des équipements.
Mais la préférence nationale est d’une autre nature. On peut être pour ou contre. Cela ne concerne pas les races, mais la citoyenneté.
Je ne suis pas trop étonné de cette erreur venant de personnes qui ont déjà démontré sur le sujet un manque de raisonnement logique.
C’est ainsi que les mêmes demandent que le mot de race soit supprimé de la constitution, au prétexte que les races n’existeraient pas. Ce faisant, ils commettent une erreur factuelle, car si toute l’humanité est sortie de la même souche d’homo sapiens, en fonction des territoires occupés, les hommes se sont modifiés au cours des millénaires, faisant apparaitre des races.
Surtout, ils commettent une erreur de raisonnement, car s’il n’y a plus de races, comment commettre un acte raciste, mot auxquels ils paraissent si attachés.
Ma deuxième remarque portera sur les résultats du premier tour.
Lors des dernières élections européennes le total des listes de gauche : PS + Place Publique (13,80%), LFI (9,87%), Ecologistes (5,47%), Parti Communiste (2,37%) et Mouvement anticapitaliste (1%) est monté à 32,51 %. Le Rassemblement National a obtenu 31,47 % des suffrages ; la majorité présidentielle 14,56% ; les républicains 7,24% et le parti reconquête 5,46 %.
Force est de constater que le résultat de ce premier tour donne des résultats différents, que la mobilisation importante des français a légitimé.
Si la majorité présidentielle sortante, sous l’action de Gabriel Attal, redresse son score des européennes, il apparait clairement que par son acte irréfléchi de dissolution, Emmanuel Macron a dissous sa propre majorité.
Le Rassemblement National, avec près de 34% augmente son score des européennes : la volonté d’en terminer avec le macronisme, l’électorat apporté par Reconquête et Eric Ciotti ?
Quant à la gauche qui n’atteint que 27,99, on voit bien qu’elle perd en étant rassemblée sous la bannière du Nouveau Front Populaire, 4,52%% de son score des européennes. Ce qui montre que le calcul de l’union si difficile des gauches n’a pas pour but de gagner l’élection mais de permettre aux candidats de gauche d’être présents au 2e tour.
L’essentiel, le 7 juillet prochain, c’est d’avoir une majorité de gouvernement. Après l’errance Macron, la France ne peut pas subir, une longue période d’immobilisme.
Ma dernière remarque portera sur le sort des Républicains.
Une des rares choses réussies par Emmanuel Macron aura été de réduire à presque rien le mouvement gaulliste. Celui-ci se divise aujourd’hui en trois camps, celui du rapprochement avec la majorité présidentielle, celui du canal historique et celui du rapprochement avec le RN.
Encore faut-il en limiter son « mérite ». Le travail de destruction avait commencé bien avant, du temps de Jacques Chirac sous l’influence mortifère d’Alain Juppé et de Dominique de Villepin.
L’acte de début de la fin, c’est la création de l’UMP qui a entrainé la suppression du RPR. D’une politique gaullienne tournée vers le peuple, on est passé à une politique centriste des pseudo-élites, avec comme conséquence un mouvement des électeurs vers un RN qui a eu l’intelligence de prendre la succession en recentrant son image et ses propos.
Le parti est peut-être mort, mais les idées fortes dégagées par le général de Gaulle restent : Placer l’homme au cœur de toute politique, donner aux français des raisons d’être fiers de la France, penser toujours à la grandeur de la France, qui est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas.
Pour l’avenir de nos idées, je préfère avoir présent à l’esprit cette citation d’Ernest Renan « Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé » mars 1882.
*Par Claude Barate universitaire, député honoraire