*Pour une défense européenne.
Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.

 

 

A la suite de mon dernier article paru dans ces lignes sur « Trump : une chance pour l’Europe », quelques lecteurs m’ont demandé que j’en précise la dernière phrase « L’OTAN est morte, Vive l’ODE (Organisation de la Défense Européenne). »

 

Concernant la mort de l’OTAN, le constat est facile à faire. Donald Trump l’a déclaré en estimant que l’Europe avait été construite pour être un embêtement pour l’Amérique et il refuse désormais de supporter le poids de sa protection.

Certes, il faut relativiser ces propos, Monsieur Trump n’étant pas connu pour être un intellectuel mesuré et un spécialiste de l’histoire contemporaine. Mais la volonté de repli des USA existe déjà depuis longtemps dans certains milieux politiques américains, qu’ils soient républicains ou démocrates.

Mais Donald Trump ignore visiblement que l’Europe a été voulue par les américains et mise sous la coupe et la direction américaine depuis sa création. Jean Monnet en a été un des artisans actifs.

Il est vrai que depuis la 2éme guerre mondiale la défense de l’Europe est assurée par les USA qui pour nous défendre dépensent des sommes considérables, compensées en partie par des achats européens de matériels militaires américains.

Mais il est logique que les USA veuillent dépenser moins pour l’Europe et plus vers le Pacifique et l’Asie, désormais centre de leurs préoccupations.

Que ce soit clair je ne souhaite pas sortir de l’OTAN, mais il faut être prêts si l’Amérique décide de le faire, ce qui est apparemment le cas.

C’est pour cela qu’il faut construire une défense européenne puisqu’on ne peut plus s’appuyer sur un partenaire crédible.

Ce n’est pas un problème de moyens, mais de volonté. Certes la Russie dispose d’un armement nucléaire puissant et elle est très agressive.

Mais en matière d’armée conventionnelle, elle est un nain pour l’Europe : nombre de militaires, forces aériennes, artillerie, blindés etc.

L’Europe a une puissance miliaire équivalente à celle des USA.

De plus la population de l’Europe, est écrasante par rapport à celle de la Russie, qui a un PIB comparable à celui de pays sous développé.

 

Reste à savoir comment organiser cette défense pour lui donner toute sa puissance ?

 

● Certainement pas en essayant de devenir une compétence nouvelle de L’UE, comme le voudrait Ursula Von Der Leyen …

Il n’est pas question d’en faire une compétence que les traités n’ont pas voulu et de faire passer la défense européenne sous la coupe d’une technocratie qui a privilégié le commerce international à la consolidation d’une identité européenne.

Ensuite parce que des pays de l’UE comme la Hongrie ou la Slovaquie, sont plus tournés vers la Russie que vers l’Europe, au moment même où d’autres pays comme la Grande Bretagne, la Norvège, l’Islande veulent intégrer cette organisation de défense européenne.

Et que même d’autres pays encore comme la Turquie, le Canada ou autres paraissent vouloir participer.

L’organisation de défense doit être indépendante !

● Un autre problème se pose, celui de la protection nucléaire.
Faut-il partager les forces nucléaires françaises et britanniques avec les autres pays de l’organisation ? La réponse est non.

Force est de constater que les USA n’ont pas partagé la décision d’utiliser l’arme tout en apportant la protection aux pays de l’OTAN. Pourquoi, la France et le Royaume Uni n’en feraient-ils pas de même ? Cela permettrait également de ne plus être obligés d’acheter américain au profit d‘une industrie militaire européenne.

● Dernier point. Faut-il une structure étatique intégrée pour organiser cette défense ? La réponse est non. L’histoire récente nous montre que le général Eisenhower a pu gagner la bataille de Normandie avec une bonne coordination, comme l’organisation de l’OTAN a démontré la même chose.

Alors qu’on arrête nous agacer avec la nécessité d’une Europe fédérale comme remède à tous nos maux. Au moins l’Europe des nations permettrait de donner à cette dernière, avec une identité, la force d’exister face à des adversaires qui n’existent que par leur agressivité.
Car comme disait le général de Gaulle « il ne faut jamais reculer devant un adversaire agressif, cela le rend encore plus agressif. »

 

Par Claude Barate, universitaire, député honoraire.