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Panne d’électricité en Espagne et au Portugal : les coulisses du réseau électrique européen
(Article de RFI/ Radio France Internationale)
RFI.- Si les causes de la panne d’électricité massive qui a frappé l’Espagne et le Portugal lundi 28 avril ne sont pas encore connues, le gestionnaire du réseau portugais évoque « un phénomène atmosphérique rare ». Alors qu’en France, une partie du sud-ouest du pays a également été touchée, l’événement n’a rien d’étonnant compte tenu de la très forte interconnexion du réseau électrique européen.
De la péninsule ibérique jusqu’aux pays baltes, toutes les centrales électriques doivent tourner à la même vitesse pour produire une fréquence uniforme dans tout le réseau européen. Cette fréquence de 50 hertz est la pierre angulaire de ce fonctionnement très fin.
Si la production dépasse la consommation, la fréquence augmente ; si la consommation dépasse la production, la fréquence baisse. Un déséquilibre trop important peut, lui, entraîner des coupures automatiques dans les centrales. C’est ce qu’il s’est passé en Espagne et au Portugal, hier lundi 28 avril.
« Cette contrainte des 50 hertz est vraiment “dimensionnante” dans tous les processus. En gros, c’est un peu comme si vous étiez sur un fil de crête : un peu trop de demande et vous tombez à côté, un peu trop de demande et vous tombez de l’autre. […] Et si vous tombez, celui de derrière tombe, puis c’est toute la cordée », explique Sylvain Cognet Dauphin, analyste électricité chez S&P.
« Effet dominos »
Directeur général de Voltalis, Mathieu Bineau pointe de son côté des difficultés inhérentes au fonctionnement même du réseau européen : « Comme tous les systèmes sont interconnectés entre eux, si vous avez un problème à un endroit – une ligne en difficulté qui doit être arrêtée, un incident climatique, etc. –, l’énergie qui est produite doit passer ailleurs. Mais si le reste des tuyaux est trop petit, on sature le système, ça se déverse ailleurs, le système se retrouve saturé, et vous avez alors un effet dominos. C’est sans doute ce qu’il s’est passé au niveau de la péninsule ibérique ».
« Les pays sont solidaires entre eux, ce qui nous rend service puisque cela permet, dans les deux sens, de s’entraider face aux pics de consommation ou de production, chaque pays ne les ayant pas aux mêmes moments. Tout le monde est, à tour de rôle, exportateur et importateur », poursuit Mathieu Bineau. Mais « la difficulté de l’Espagne, c’est que comme il s’agit d’une péninsule, il n’y a pas beaucoup de lignes qui la relient au reste de l’Europe, et elle est donc moins protégée face à ce genre d’aléas que l’Europe continentale », ajoute-t-il.
Ce black-out n’est pas une première en Europe. En novembre 2006, un incident en Allemagne avait abouti en quelques secondes à ce que quinze millions d’Européens soient privés de courant. Hors du réseau européen interconnecté, le Royaume-Uni a également connu une importante coupure en août 2019. Un orage sur un parc éolien en mer avait fait disjoncter le réseau, incapable de compenser immédiatement cette chute de la production.
(Source : RFI)