Le côté du Tech autorisé abrite une plage bondée…

…alors que la rive droite du Tech, dont la voie d’accès vient d’être limitée par arrêté préfectoral, est toujours restée dans son écrin sauvage. Encore une décision incompréhensible.

 

Par arrêté préfectoral en date du 15 juin 2025 (et valable jusqu’au 15 octobre inclus), le préfet des Pyrénées-Orientales a décrété la fermeture de la piste qui traverse la réserve naturelle nationale du Mas Larrieu (rive droite du fleuve Le Tech), considérant “les risques d’incendie” ; considérant “la très forte fréquentation des lieux durant la saison estivale” ; considérant “la nécessité de limiter la circulation des véhicules sur la piste, afin de prévenir des départs de feu et garantir la sécurité des populations et des habitats naturels à forts enjeux écologiques durant la saisonb écologique”… Les usagers historiques su site, premiers amoureux de la nature “dans un corps et un esprit sains” selon la formule consacrée, ne décolèrent pas

 

Si il y a, sous le soleil du Roussillon, des personnes qui ont toujours eu à coeur de protéger et respecter la plage de l’embouchure du Tech, située à cheval sur le territoire des communes d’Argelès-sur-Mer et d’Elne, ce sont bien les habitués qui fréquentent les lieux depuis plusieurs décennies, renouvellement intergénérationnel compris.

Argelésiens, Illibériens, Cyprianais, habitants de la côte vermeille, et même Perpignanais, de tous temps (pas que en haute saison estivale) ont toujours apprécié ce havre de paix, où l’on peut imaginer respirer librement, la bouche ouverte pour bayer/bâiller aux corneilles, presque ravi de gober un moucheron, en rêvassant dans l’air du temps. De tels lieux, de nos jours, installés dans nos vacances ou nos week-ends, l’éclat d’une bronzette, sont si rares… qu’ils en deviennent forcément précieux. Il y fait beau tous les jours et même la nuit pour profiter des étoiles.

C’est ce “paradis blanc” (à cause du sable ne cherchez pas ailleurs), ce “spot balnéaire” unique, incomparable ailleurs sur le littoral des P-O, qui rejoint désormais la longue liste des restrictions, des interdits qui savonnent l’ambiance estivale en pays catalan.

Certes, pour argumenter sa décision, son couperet, le préfet Thierry Bonnier s’appuie sur “la recrudescence des départs de feu ces dernières années sur la réserve naturelle” (dont 7 en 2024), ainsi que sur des travaux au coeur de la réserve naturelle nationale “qui n’ont pas pu être entrepris alors qu’ils sont autorisés”, mais qui n’ont pas pu être entrepris avant la saison estivale 2025.

Mais ces explications, affichées in situ (et recouvertes de graffitis hostiles), sont loin d’être acceptées, comprises, par les usagers qui ne sont absolument pas convaincus : “De qui se moque-t-on ? On nous prend pour des perdreaux de l’année !”, s’enflamme un groupe d’Argelésiens habitués depuis des lustres à venir prendre un grand bol d’air dans ce site d’exception, la réserve naturelle nationale du Mas Larrieu, en osmose totale avec les lieux, à l’écart de la surpopulation estivale.

Photos à l’appui, le groupe démontre que si la plage côté camping L’Equinoxe est belle et bien surpeuplée, de l’autre côté, rive-droite du Tech, il n’en est rien : “seulement trois parasols ! Alors, que cherche-t-on à nous faire croire, à nous imposer, où est le lézard ?”, s’inquiètent ces usagers du site.

Et ils ont peut-être une tentative d’explication : “l’interdiction tout simplement d’accéder à un espace public… pour mieux le privatiser à l’avenir ? L’arrêté préfectoral dont il est ici question s’inquiète d’une hausse de fréquentation en période estivale, qui serait incontrôlée et incontrôlable… Hors, depuis quelques années, la mairie d’Argelès ne cesse de faire elle-même la promotion du site, de ses plages, de ladite réserve naturelle, jusqu’à y organiser – aujourd’hui encore – des visites groupées via son Office de tourisme. Ce qui induit donc, forcément, un changement de la population, à la fois en quantité et en qualité ; moins respectueux de la nature et de la beauté des lieux. Tout cela n’a aucun sens. En conclusion, il y a véritablement de quoi être inquiet, car in fine on se demande encore ce que la mairie d’Argelès nous réserve dans ses cartons, avec la très amicale complicité des services de l’Etat : création d’un nouveau parking payant à proximité, puisque la piste du Mas Larrieu est maintenant interdite à tout véhicule motorisé (même électrique)* ? Une idée qui ferait suit à d’autres mesures municipales coercitives telles que la fermeture incompréhensible du chenal du Racou, la transformation du parking de La Marende ???”.

Plus surprenant encore, l’arrêté préfectoral dont il est ici question, encore et encore, visant à la protection du site du Mas Larrieu “particulièrement sensible aux risques d’incendie en période estivale”, n’envisage pourtant pas le démantèlement de l’aire des gens du vogage, hyper-surpeuplée en ce moment, et surtout notablement exposée à tout événement naturel… Que faut-il, que doit-on, en déduire ? Langue au gecko du Mas Larrieu.

 

L.M.

*Le site reste accessible à pied et à vélo.