Chaque matin, des milliers de nos concitoyens se lèvent, sans avoir conscience qu’ils sont la clé silencieuse du maintien à domicile. Discrets jusqu’en être parfois invisibles, et pourtant ils s’épuisent. Ce 6 octobre leur est consacré, nous parlons là des aidants
Ce rôle n’est pas choisi, il est naturel car un proche a besoins[1] d’eux, il n’est pas revendiqué, et pourtant il est essentiel. Ils sont juste là , aux côtés d’un parent ou d’un enfant, malade ou dépendant. Ils réalisent plusieurs fois par jour des gestes simples aux plus complexes, naturellement, spontanément, et peu à peu, s’en même s’en rendre compte, combien d’eux s’épuisent ?
A l’ASSAD d’Argelès, ce constat, nous le faisons chaque jour, et nous venons là pointer du doigt ce que chacun fait quotidiennement en réalité. Combien en effet parmi nous remettent à plus tard une tâche, une activité, un moment de loisirs, parce qu’on doit s’occuper de soi-même ?
Et bien parmi nous, des amis, des voisins, des collègues, ce n’est pas d’eux-mêmes dont ils s’occupent, mais d’un autre que la maladie, la dépendance, la souffrance, le handicap, oblige à une réponse immédiate. « Le soi-même » passe après, bien après.
Nous intervenons chaque jour dans le cadre strictement défini d’un plan d’aide. Il est financé par le bénéficiaire lui-même, une caisse de retraite, une mutuelle ou la solidarité nationale. Il est calibré, limité en fréquences et durées de passage, et ainsi quelques heures dans la semaine, nous intervenons auprès d’une personne dépendante.
Discrètement parfois, mais aussi se manifestant avec insistance parce qu’ils aimeraient plus et mieux, un proche est là , il supporte physiquement et psychologiquement cette fonction de « pont » entre la personne en perte d’autonomie, et l’aidant professionnel. Il est là pour la continuité des soins, il participe aux tâches, aux repas, aux toilettes, il s’occupe des rendez-vous chez les soignants, gère les transports pour s’y rendre. Sans eux, le plan d’aide ne serait pas pleinement efficient, et reconnaissons-le, parfois impossible pour le maintien à domicile tant il connait la personne aidée dans son intimité, des habitudes, ses fragilités.
Quelques chiffres doivent alerter, ces chiffrent révèlent ce passage du « Ne vous inquiétez pas, je suis là  ! », vers le poids du joug quotidien « vous inquiétez-vous que je sois las ? ».
Selon une enquête du ministère de la santé[2], et un article [3]publié fin 2022, c’est 9.3 millions de personnes qui se déclaraient aidant en 2021, et parmi eux 8.8 millions d’adultes, soit un demi-million de mineurs. 56% déclaraient des difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale[4]. Mais en 2024, le magazine Destination Santé révélait une enquête[5] où 1 aidant sur 3 ne s’identifiait pas comme tel.
Ces chiffres il y en a d’autres, plein d’autres, et dernière ces pourcentages et ces échantillons, ces nombres alignés, combien de jours de fatigue, de culpabilité, de sacrifices invisibles, d’abandons personnels ? Lorsqu’aider devient chaque jour s’épuiser un peu plus, il nous faut faire attention à ces signes de l’aidant. Les colères que parfois ils nous expriment, les détresses qu’ils taisent, et tous ces signes qui traduisent bien souvent une culpabilité de ne pas en faire assez.
Et nous aussi, face à cela, que faire de plus ce 6 octobre que quelques lignes qui incitent les aidant à aller s’informer sur les dispositifs d’aides qui leurs sont consacrés, souligner cette forme d’engagement quotidien, lourd et invisible, mais ô combien solidaire.
Frédéric Vandamme, Directeur – ASSAD Argelès-sur-Mer
https://aidant.gouv.fr/agir-pour-les-aidants
www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr
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[1] Le pluriel à besoins n’est pas une erreur mais un terme choisi tant les besoins et attentes sont nombreuses
[2] Dress, Etudes et Résultats n°1255 paru le 02/02/2023
[3] « Agir pour les Aidants » : Site aidant.gouv.fr publié le 16 décembre 2022
[4] Fondation Mederic Alzheimer 4ème baromètre publiée en 2023 par Kantar Public
[5] Destination santé 26 septembre 2024 Hélène Joubert/