Charles Campigna, conseiller municipal d’opposition de la Ville d’Argelès-sur-Mer, nous a adressé une copie du courrier qu’il vient d’envoyer à Antoine Parra, maire d’Argelès-sur-Mer et président de la communauté de communes Albères – Côte Vermeille – Illibéris (CC-ACVI) :
-“Vous me faites Honte, les Martyrs et Déportés morts pour notre Liberté, vous regardent.
Monsieur Le Maire,
Monsieur l’adjoint au maire, délégué aux associations patriotiques,
Vous m’avez invité à la cérémonie du 1er novembre pour déposer une gerbe au monument aux morts, à la mémoire de nos anciens combattants tombés en Afrique du Nord, ainsi qu’au mémorial des Martyrs de la Résistance et de la Déportation. En mai 1945 près de 100 Argelésiens rentrent à la maison, après cinq ans de captivité en Allemagne, au son des cloches de notre campanar.Â
Permettez-moi de vous poser cette question simple : comment pouvez-vous, vous et votre Majorité municipale, rendre hommage aux Résistants et Déportés, tout en refusant de débaptiser une rue de notre village portant le nom d’Alfons Mià s, un collaborateur antisémite, un homme qui a livré aux nazis, des juifs, des résistants, des femmes et des hommes fuyant la barbarie ?
Alfons Mià s est le symbole d’une trahison. En refusant de débaptiser cette rue, vous entretenez une confusion morale inacceptable. Le nom d’une rue n’est pas neutre, il reflète les valeurs que nous transmettons à nos enfants. Garder celui d’un collaborateur, c’est blesser la mémoire des martyrs, c’est banaliser aujourd’hui l’inacceptable et demain quoi ?
Nous venons d’accompagner au Panthéon Robert Badinter, l’un des plus grands serviteurs de la République. Son combat, tout au long de sa vie, fut précisément de s’opposer à la barbarie, à la haine, à la vengeance, et de rappeler sans relâche que la justice et la dignité humaine ne se négocient pas. Comment, au moment même où la Nation honore cet homme, pouvons-nous ici, à Argelès-sur-Mer, continuer d’afficher le nom d’un antisémite sur nos murs ?
L’hommage que vous proposez aux Martyrs de la Résistance et de la Déportation est une cérémonie. Celui que je réclame est un acte de vérité et de courage : débaptiser la rue Alfons Mià s. Car le véritable respect envers les résistants n’est pas de déposer une gerbe devant leur monument, mais d’effacer des symboles publics qui glorifient leurs bourreaux.
Pour ma part, je ne participerai pas à une commémoration qui trahit profondément mes convictions. J’irai, avec des amis, qui partagent avec moi les mêmes valeurs, déposer une fleur au mémorial des Martyrs de la Résistance et de la Déportation, en silence, mais avec la certitude d’honorer la mémoire de tous les Martyrs et Déportés.
Résister, aujourd’hui encore, c’est refuser l’oubli. Résister, c’est refuser qu’un nom de rue salisse ce que la République a de plus sacré : Résister, c’est garder en mémoire ceux qui se sont levés contre la barbarie, au nom de la liberté et de la France. Résister, c’est dire la vérité, même quand cela dérange”.
Charles Campigna
Conseiller municipal d’Argelès-sur-Mer
*Je propose que la “Rue Alfons Mià s” soit débaptisée et qu’elle porte le nom “Rue des prisonniers de guerre 39/45”.