*Pour un nouveau système de retraites
par Claude Barate, universitaire, député honoraire

 

 

Le lecteur de cet article, ne sera pas étonné de voir confirmer mon opposition à « la suspension de la réforme des retraites ». J’espère bien que le Sénat effacera cette folie de l’Assemblée Nationale due à la démagogie du Parti socialiste

 

C’est bien de dire à des Français trop crédules, que la suspension des retraites est une avancée sociale qui permettra à quelques milliers de personnes de partir à la retraite quelques mois plus tôt. Ce serait encore mieux si le parti socialiste indiquait que cette pseudo avancée sociale va être financée par une baisse du pouvoir d’achat de tous les autres qui vont devoir payer l’ardoise d’une manière ou d’une autre.

La gratuité n’est jamais gratuite : il y a toujours quelqu’un qui doit payer !

Le Parti socialiste est un habitué des actions démagogiques.

Il a présenté la réforme des retraites à 60 ans, celle des 35 heures, comme de grandes avancées sociales, mais il a oublié de dire que ces « avancées sociales » avaient un prix qui se traduirait en baisse du pouvoir d’achat des autres salariés.

Qu’à cela ne tienne, le parti socialiste est toujours du côté des salariés, puisqu’après avoir organisé la baisse de leur pouvoir d’achat, il va manifester pour soi-disant le défendre : des pompiers pyromanes !

Pauvre peuple de France trop crédule qui adore les causes dont il déteste les effets !

Pour autant, le système de retraite actuel est à bout de souffle.

Il avait un sens lorsqu’il a été mis en place au lendemain de la Seconde guerre mondiale par Amboise Croizat, le ministre communiste du Général de Gaulle. Il y avait, à l’époque, 4 cotisants pour 1 bénéficiaire. L’âge de départ de départ à la retraite avait été fixé à 65 ans alors que l’espérance de vie moyenne était de 65 ans.

Aujourd’hui, avec une espérance de vie de plus de 80 ans, le système n’est plus tenable. Nous sommes à 1,6 cotisant pour 1 bénéficiaire. La charge pour les salariés et les entreprises n’est plus supportable et il ne faut avoir aucun sens moral pour accepter que le déficit structurel se règle par l’emprunt qui consiste à reporter sur nos enfants le remboursement de nos dépenses de fonctionnement.

Dans le système actuel dit de répartition, ce sont les actifs qui paient pour les retraités.

Pour corriger les erreurs de la retraite à 60 ans, plusieurs paramètres pouvaient être changés pour équilibrer le système :

– augmenter les cotisations salariales et patronales, mais c’est diminuer le pouvoir d’achat des salariés et la compétitivité des entreprises face à la concurrence étrangère.

– baisser le niveau des retraites, mais c’est baisser le pouvoir d’achat de ceux qui ont travaillé toute leur vie.

– Augmenter le nombre des trimestres nécessaires pour prendre la retraite. Ce qui équivaut à retarder le départ à la retraite, si on veut avoir une retraite à taux plein. C’est la réforme du gouvernement Hollande dit réforme Touraine qui rallonge l’âge de départ à la retraite, en le cachant. Il n’était pas possible pour un gouvernement socialiste de reconnaître que la réforme Mitterrand à 60 ans avait été une erreur majeure.

– allonger l’âge de départ légal. Ce sont les diverses réformes qui ont été faites par les autres gouvernement depuis la démagogie du départ à 60 ans, la dernière en date étant celle du Président Macron.

Toutes ces réformes sont dites paramétriques, parce qu’elles ne font que changer des paramètres.

Si on continue sur ces bases on ne pourra que suivre les autres pays européens, avec des départs en moyenne à 67 ans et plus. Le système n’est pas tenable, il faut en changer.

Je réitère ma proposition d’un système qui pour le calcul des droits acquis s’appuie sur l’attribution de points tout au long de la vie en fonction des cotisations. Ce système, qui ne plaira peut-être pas aux régimes spéciaux et aux fonctionnaires, a le mérite d’être parfaitement égalitaire.

Mais pour les ressources financières on ne peut plus rester dans le système de répartition sauf à abaisser le pouvoir d’achat des uns ou des autres.

Je propose donc d’équilibrer les ressources sur trois bases :

– la retraite par répartition qui, allégée, pourra continuer à maintenir la solidarité sociale entre les jeunes et ….. les moins jeunes.

– La retraite par capitalisation qui permettra à chacun de cotiser, avec un avantage fiscal ou une aide de l’état, pour sa propre retraite.

– La mise en place d’une TVA sociale, qui permettra de corriger les erreurs du système actuel qui fait reposer sur le seul travail la charge du financement de la politique sociale. Ce système a comme conséquence de peser sur le pouvoir d’achat des français et d’élever le coût du made in France, alors que les produits d’importation n’ont aucune de ces charges.

La part de TVA ainsi récoltée viendrait alléger les charges salariales et augmenter ainsi le pouvoir d’achat sur les produits.

Dernière remarque, on dit que ce problème doit être réglé à l’occasion de la prochaine élection présidentielle. Je n’en crois rien tellement je crains la capacité du peuple à écouter les « trompettes » d’une démagogie portée avec allégresse par des formations politiques sans scrupule.
A ce choix démocratique, je préfère une négociation sérieuse entre forces sociales, avec une seule obligation, celle d’un équilibre des comptes sans recours immoral à l’emprunt !

 

Claude Barate, universitaire, député honoraire