(Vu sur la Toile)

 

 

Durée, âge, rémunération… Ce qu’il faut savoir sur le service national annoncé par Emmanuel Macron
(Article de Nicolas Barotte • Rédaction du journal Le Figaro)

 

Le Figaro.- Dès l’année prochaine, les jeunes adultes pourront faire, s’ils le souhaitent, leur « service national ». C’est le nom choisi pour le nouveau service militaire dont le président de la République, Emmanuel Macron, a révélé les contours jeudi à Varces, près de Grenoble. « Nous ne pouvons pas revenir au temps de la conscription », a déclaré le chef de l’État en écartant l’idée d’un service obligatoire et universel, comme ce fut le cas jusqu’à la « suspension » décidée par Jacques Chirac en 1996.

Le nouveau service sera volontaire. « Nous avons besoin de mobilisation, mobilisation de la nation pour se défendre, pas contre tel ou tel ennemi, mais pour se tenir prête et être respectée », a-t-il complété. « Face à l’accélération des crises et le durcissement des menaces », le nouveau service national devra permettre de « renforcer le pacte entre notre nation et notre armée », de « renforcer la capacité de résistance » du pays et de « consolider la formation » de la jeunesse, a insisté le président. Le nouveau service national, qui prend acte de l’échec du SNU, s’inscrit dans la logique de préparation du pays à l’hypothèse d’un choc majeur.

En 2026, 3 000 jeunes pourront faire leur service. Tous ceux qui sont intéressés pourront se faire connaître dès janvier. « C’est une estimation réaliste compte tenu des capacités d’accueil » des armées, explique-t-on.

À l’horizon 2030, les armées espèrent toucher 10 000 jeunes par an puis 42 500 à partir de 2035. Avec les autres dispositifs déjà existants, comme le service militaire volontaire (SMV) et le service militaire adapté (SMA), un total de 50 000 jeunes pourra être encadré par les armées. Ces deux dispositifs conserveront leurs spécificités : valoriser l’insertion professionnelle et s’adresser aux outre-mer. « En cas de crise, le Parlement pourra faire appel au-delà des volontaires et de ceux qui ont été repérés. Et le service deviendrait obligatoire », a prévenu le chef de l’État en envisageant le scénario noir. Il n’est pas d’actualité. « Dans ce monde incertain où la force prime sur le droit, notre nation n’a droit ni à la peur ni à la panique, ni à l’impréparation, ni à la division », a exhorté Emmanuel Macron.

 

 

Un service exclusivement militaire

 

Le service national concernera d’abord les jeunes garçons et filles de 18 ou 19 ans. Ils représenteront 80 % du contingent. Mais il sera possible de s’engager jusqu’à 25 ans sur des profils plus spécifiques, qu’il s’agisse de personnes ayant une compétence linguistique, cyber ou de logistique qui pourrait intéresser les armées. Si le service sera bien volontaire, les armées pourront sélectionner les candidats suivant leurs besoins.

Une cartographie « fine » a été menée, explique une source informée. Les jeunes, après avoir fait leurs classes pendant un mois, pourront être déployés uniquement sur le territoire national, métropole ou outre-mer. Ils n’iront « ni à l’étranger, ni en opération extérieure, ni sur le flanc est », insiste-t-on à l’Élysée pour éviter tout malentendu. Mais ils pourront être sollicités pour des missions de sécurisation, les patrouilles de Sentinelle, l’assistance aux populations ou l’appui aux armées. « L’objectif que nous poursuivons est un objectif militaire », a-t-il insisté.

La nature de l’engagement est sans ambiguïté : « Le service national est de nature exclusivement militaire, les jeunes auront un statut militaire, et il sera piloté par le ministère des Armées », explique-t-on à l’Élysée. L’erreur du SNU, à mi-chemin entre les armées et l’Éducation nationale, ne sera pas réitérée. La période de service national sera prise en compte pour des reports de vœux dans le cadre de Parcoursup, la solde perçue ne sera pas prise en compte dans le calcul d’attribution des bourses. Les jurys d’affectation seront priés de valoriser l’engagement. Les jeunes, qui seront logés et nourris pendant dix mois, toucheront une solde de 800 euros par mois. Ils porteront l’uniforme.

« Un modèle hybride d’armée va apparaître qui correspond aux menaces devant nous », a expliqué Emmanuel Macron. Avec ce nouveau dispositif, les armées vont progressivement diversifier leur organisation : entre les militaires d’active professionnels et les réservistes, elles pourront compter sur une ressource de volontaires. Et après leur service, ces jeunes intégreront automatiquement la réserve de niveau 2, c’est-à-dire qu’ils seront redevables, comme tous les anciens militaires, de cinq jours par an pendant cinq ans. Ceux qui le souhaitent pourront aussi rejoindre la réserve de niveau 1, celle ouverte aux civils qui consacrent jusqu’à 60 jours par an aux armées. Le ministère s’est fixé comme ambition de doubler cette réserve pour atteindre 80 000 personnes. L’engagement militaire sera facilité. Grâce au nouveau service national, l’armée espère alimenter un flux.

 

 

Journée de mobilisation

 

Le chef de l’État avait choisi la 27e brigade d’infanterie de montagne car c’est aussi là que s’est tenue l’une des nouvelles « journée de défense et de citoyenneté ». La JDC s’adresse aux jeunes mineurs et son « diplôme » est indispensable pour passer le bac. Elle a été transformée pour gagner en militarité. D’ailleurs, elle va aussi changer de nom pour devenir une « journée de mobilisation ». Elle sera généralisée à partir de l’année prochaine. Les jeunes filles et les jeunes garçons y découvriront les valeurs militaires, notamment à l’occasion d’une « cérémonie des couleurs ». Ils seront initiés au tir laser sportif et pratiqueront un jeu de stratégie, pour les éveiller aux questions géopolitiques. Ils garderont surtout un contact avec les armées au travers d’une application sur leur portable, appelée « Défense+ ».

Une loi devra être adoptée pour respecter la protection des données personnelles. Les armées accueillent avec impatience ce nouvel outil qui leur offrira un lien direct, si besoin, avec la jeunesse. Grâce à cette application, ceux qui voudront faire leur service national pourront le faire savoir.

Reste inévitablement la question du financement. Entre 2026 et 2030, le coût du service national est estimé à 2,3 milliards d’euros avec un effort d’investissement prévu principalement en 2027.

Même si le budget 2026 n’était pas voté dans les temps, les armées pourraient accueillir les premiers volontaires, dit-on pour rassurer. Mais cette nouvelle mission des armées devra s’inscrire dans les enveloppes financières déjà annoncées. En juillet dernier, le chef de l’État avait annoncé deux efforts supplémentaires en 2026 et 2027 de 3,5 milliards d’euros et 3 milliards d’euros, qui devaient s’ajouter aux marches prévues de 3 milliards d’euros de la loi de programmation militaire. Le détail de ces surmarches n’avait pas été précisé. Les armées espéraient pouvoir investir dans leur réarmement (des munitions par exemple) ou accélérer des programmes.

(Source : journal Le Figaro)