-“À la suite d’un article paru dans les colonnes du journal « L’indépendant » hier, jeudi 11 décembre 2025,  présentant une vision tronquée du rôle du Mémorial, j’ai souhaité exercer mon droit de réponse. Celui-ci m’a été refusé. Face à ce déni de débat, je rends public ce texte. Ma démission récente de la Commission Mémoire — déposée officiellement par courrier en date du 10 septembre 2024 — témoigne du malaise profond que suscite la marginalisation persistante de la mémoire harkie au sein de cette institution

 

Dans l’article incriminé, Monsieur Amrane affirme que la mémoire harkie occuperait une place importante au Mémorial.

Ces déclarations auraient mérité contradiction et mise en contexte — ce que j’ai tenté de faire par un droit de réponse (refusé par la rédaction du journal L’Indépendant).

Il suffit pourtant d’observer les faits les plus simples pour constater l’écart entre ses propos et la réalité du terrain. Pour ce résidant de la commune de Grasse (dans les Alpes-Maritimes) une mise « au parfum » aurait été judicieuse.

La place accordée à la mémoire harkie dans la programmation, dans les choix éditoriaux, dans les expositions et même dans la médiation demeure extrêmement limitée.

La mémoire harkie est évoquée, oui.

Elle est intégrée ponctuellement, oui.

Mais elle n’est jamais placée au cœur du récit, jamais traitée comme un axe structurant, jamais portée avec l’ampleur historique et mémorielle qu’elle mérite.

La présidente de Région Occitanie* et la présidente du Département66** se félicitent régulièrement de « leur engagement » en faveur de la mémoire harkie.

Pourtant, la programmation effective du Mémorial — dont chacun peut juger — en dit long sur les priorités réelles.

 Les événements spécifiquement dédiés aux harkis sont peu nombreux, souvent isolés, rarement mis en lumière.

 Aucune grande exposition annuelle structurante ne leur a été consacrée pour 2024 2025.

 Les thématiques harkies apparaissent en marge, perdues entre des programmations bien plus mises en avant.

 Les choix éditoriaux et budgétaires traduisent une hiérarchie mémorielle claire : la mémoire harkie n’est pas une priorité politique.

Cette situation ne relève pas d’une simple maladresse : c’est un arbitrage, un choix de gouvernance.

Les discours officiels affirment l’importance de cette mémoire ; les actes en démontrent la
fragilité.

Ma démission de la Commission Mémoire : un signal d’alerte

Face à ces contradictions, j’ai pris la décision de déposer officiellement ma démission de la
Commission Mémoire.

Cette décision ne résulte ni d’un désaccord personnel ni d’un conflit interne, mais d’un constat lucide.

Je refuse de cautionner :

ï‚· une institution qui se satisfait de gestes symboliques,

 une politique mémorielle sélective,

 l’utilisation de la mémoire harkie comme simple parure lors des discours officiels,

 l’absence de véritables engagements structurels en faveur de notre histoire.

Ma démission est un acte politique, un refus clair d’entretenir l’illusion que tout va bien alors que la communauté harkie demeure, encore une fois, à la marge.

La lettre complète sera jointe en annexe pour transparence.

Le journal local qui a publié les propos de M. Amrane m’a refusé tout droit de réponse.

Ce refus est révélateur : lorsqu’il s’agit de mémoire harkie, trop de voix préfèrent parler à notre place, plutôt que nous laisser parler pour nous-mêmes.

On nous demande la discrétion.

On nous invite à la patience.

On nous accorde quelques lignes à condition qu’elles ne dérangent personne.

Mais la mémoire n’avance pas lorsqu’on bâillonne ceux qui la portent.

Refuser le débat, c’est refuser la vérité.

Il ne s’agit pas de polémiquer, mais de dire les choses clairement :

 La mémoire harkie n’occupe pas la place qui lui revient au Mémorial.

 Les institutions locales ne traduisent pas leurs déclarations dans les faits.

 Les acteurs associatifs qui alertent sont ignorés ou réduits au silence.

Si l’on veut réellement honorer l’histoire des harkis, cela exige autre chose que des mots : cela exige du courage politique, de la cohérence et de la volonté.

C’est pour cette raison que j’ai démissionné.

C’est pour cette raison que je prends la parole.

Et c’est pour cette raison que je continuerai à défendre cette mémoire, même lorsque certains
préfèrent qu’elle reste invisible”.

 

Djelloul Mimouni
Président de l’association « Harkis Citoyens Français »

Lettre de démission mémorial

*Carole Delga, PS, présidente de la Région Occitanie

**Hermeline Malherbe, PS, présidente du Conseil Départemental des P-O