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Fermetures administratives immédiates, affichage public des sanctions et discours assumé sur la “stigmatisation” : sous l’impulsion du préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, et avec le soutien de la mairie, la lutte contre le narcotrafic s’affiche désormais dans l’espace public, en écho au durcissement annoncé au niveau national par l’exécutif.
(Cyril Durand – Rédaction Hérault Tribune)

 

Hérault Tribune.- À Montpellier, la lutte contre les commerces soupçonnés de servir au blanchiment de l’argent des trafics de stupéfiants franchit un nouveau cap. Ce mardi 16 décembre, la préfecture de l’Hérault a procédé à la fermeture administrative immédiate d’un commerce du centre-ville, assortie d’un affichage visible sur sa devanture indiquant les motifs de la sanction. Une méthode assumée par le préfet François-Xavier Lauch, qui entend désormais “stigmatiser” les commerces délinquants et rendre ces fermetures visibles de tous.

 

 

Des “instruments” du trafic de stups

 

Aux côtés des policiers de la Direction interdépartementale de la police nationale (DIPN), le préfet a détaillé cette nouvelle stratégie à la presse devant le commerce concerné, fermé pour deux mois à la suite d’un contrôle ayant mis en évidence du travail dissimulé. “Ces commerces ne font pas que ne pas respecter la réglementation. Ce sont des instruments du blanchiment de l’argent des stupéfiants et du tabac illégal“, a-t-il affirmé, justifiant un durcissement des méthodes.

Concrètement, chaque fermeture administrative sera désormais accompagnée de l’apposition d’une grande affiche autocollante sur la vitrine ou le rideau métallique. Trois modèles sont prévus, selon la nature des infractions constatées : non-respect de la réglementation, vente illicite de tabac ou trafic de stupéfiants. “Je veux que nos concitoyens sachent pourquoi un commerce est fermé. Avant, les arrêtés disparaissaient, arrachés ou effacés. Là, le message est clair : l’État agit”, insiste le préfet.

 

 

172 commerces fermés dans l’Hérault en moins d’un an

 

Derrière l’affichage, un objectif central : couper l’un des leviers du narcotrafic. “C’est sans doute l’un des moyens les plus faciles pour blanchir de l’argent. On investit dans un fonds de commerce, on fait croire à une activité, on met du liquide dans la caisse. Et on fausse toute l’économie locale”, résume François-Xavier Lauch. Selon le bilan présenté, 172 commerces ont été fermés administrativement dans l’Hérault depuis le début de l’année, soit 40 % de plus qu’en 2024. À Montpellier, 83 fermetures ont déjà été prononcées.

Cette offensive locale fait écho au durcissement affiché au niveau national. En déplacement à Marseille, le président de la République Emmanuel Macron a en effet annoncé, ce mardi 16 décembre, le relèvement à 500 euros de l’amende forfaitaire délictuelle pour usage de stupéfiants, contre 200 euros actuellement, estimant qu’“il faut taper au portefeuille” et que “ça n’est pas festif de se droguer”, selon Le Monde. Une mesure assumée par l’exécutif comme un levier supplémentaire de lutte contre l’économie de la drogue, en complément de la loi narcotrafic et du renforcement des outils administratifs confiés aux préfets.

Cette annonce présidentielle vient conforter une ligne régalienne revendiquée par l’État et appliquée avec détermination dans l’Hérault par le préfet : frapper à la fois la demande, autrement dit les consommateurs, les circuits financiers et les points d’ancrage visibles du narcotrafic dans l’espace urbain : les points de deal. “Ces chaises posées dans l’espace public”, symbole du trafic qui “ruinent la vie des riverains”, estime François-Xavier Lauch.

 

 

83 fermetures à Montpellier, “record de France”

 

La matinée avait déjà été marquée par une opération similaire dans le quartier des Cévennes, rue de Las Sorbes, où plusieurs commerces ont été détruits ou neutralisés. Présent sur place, le maire de Montpellier Michaël Delafosse a salué “une réponse concrète et efficace” face aux commerces de façade. “Depuis le début de mon mandat, nous avons pris des arrêtés, notamment contre la vente de protoxyde d’azote et sur les horaires de fermeture. Les services municipaux transmettent les dossiers à la préfecture, et aujourd’hui le préfet est très proactif sur les fermetures administratives”, a-t-il confié à Hérault Tribune à cette occasion, évoquant “un travail conjoint qui porte ses fruits”.

Le maire a également rappelé les batailles juridiques menées par la Ville pour encadrer ces activités. “On m’a beaucoup moqué lorsque nous avons pris certains arrêtés, mais aujourd’hui, cela donne un cadre qui permet de relever des infractions et d’agir”, a-t-il insisté, allant jusqu’à évoquer “un record de France” en matière de fermetures administratives.

 

 

“Nous ne nous arrêterons pas là”

 

Pour le préfet de l’Hérault, cette politique s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre le narcotrafic, renforcée par les outils offerts par la loi. “Nous ne nous arrêterons pas là. Nous travaillons avec les finances publiques pour contrôler les comptabilités, identifier les véritables propriétaires et fermer, y compris sur suspicion de blanchiment”, a-t-il prévenu. Une lutte “sans relâche”, appelée à se poursuivre au-delà de son départ imminent du département, et qui, selon lui, répond à une attente forte des commerçants et des riverains.

(Source :  journal Hérault Tribune)

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